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Liban

Le photojournalisme au service de l’humanitaire

Le photographe Abbas Salman devant l’une de ses photos : « Je suis à la fois heureux de voir mes photos ici, mais aussi triste de me rappeler ces atrocités. »

Sous l'œil de six photographes libanais, l'aide humanitaire, assurée par la Croix-Rouge libanaise lors de la guerre civile au Liban, est mise à l'honneur dans une exposition intitulée « Echoes : the voices behind the pictures ».
Le 13 avril 1975 marque le début de la guerre civile au Liban. Quatre décennies plus tard, les échos de la guerre résonnent toujours. « Il faut un certain temps pour prendre une photo. Et moins de temps encore pour qu'une balle prenne une vie » : ce sont les mots de Abbas Salman, photographe, pour évoquer les ravages de la guerre. Comme lui, cinq autres photojournalistes du pays racontent leurs impressions sur les terrains de guerre qu'ils ont connus lors d'une exposition organisée par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et la Croix-Rouge libanaise (CRL).
« Echoes : The voices behind the pictures » revient sur les faits marquants vécus par les équipes de la CRL et présente plusieurs témoignages des victimes de la guerre. « Les photographies, captures de l'humanité, sont un triste écho du passé », déclare Fabrizio Carboni, chef de délégation au CICR. Sous les photos, ni date ni lieu ne sont indiqués. Seuls figurent les impressions et les ressentis des photographes, du personnel médical, des anciens détenus et des familles des victimes. Iyad Mounzer, directeur de communication de la CRL, souligne lui aussi l'importance des photographies : « Ce sont des souvenirs du terrain qui montrent l'aspect humanitaire de la guerre et ses difficultés. »

 

(Lire aussi : La guerre dans l'œil de six photographes libanais)

 

Les photojournalistes, témoins du passé
L'exposition audiovisuelle, entremêlée de photos d'archives, plonge le visiteur dans l'univers de six photographes libanais : Abbas Salman, Jamal Saidi, Patrick Baz, Aline Manoukian, Marwan Tahtah et Hussein Baydoun. « Les photographes sont les premiers à être sur les lignes de front, avec les équipes humanitaires », fait remarquer Soaade Messoudi, coordinatrice du CICR.
« En prenant ces photos, j'avais à l'esprit de documenter une période bien précise. Je voulais transmettre ce que je ressentais à ce moment-là. Mais je souhaitais surtout que les gens puissent, à leur tour, sentir quelque chose », explique Marwan Tahtah. Sur l'une de ses photos, un gamin fume le narguilé sur un pont. Il observe l'explosion d'une voiture au loin. « Cette photo montre toute l'absurdité de la guerre », confie-t-il.
Abbas Salman, qui a notamment couvert l'invasion israélienne en 1982, partage également son sentiment : « Je suis à la fois heureux de voir mes photos ici, mais aussi triste de me rappeler ces atrocités. »
Ces photographies, bien plus que de simples images, racontent des histoires. Les légendes décrivent l'état d'esprit des photographes au moment de la prise de vue et témoignent de la dureté de certaines scènes. À travers ces clichés, les photojournalistes saluent le travail remarquable des volontaires de la Croix-Rouge libanaise.
Hussein Baydoun, 28 ans, n'a pas photographié la guerre civile, mais il a couvert les tensions en 2008 à Beyrouth. Pourtant, ses photos montrant des destructions évoquent toujours la même souffrance : « À travers mes photos, je veux faire passer le message que la guerre n'apporte rien à personne, elle ne fait que détruire les sociétés. Les photos permettent d'apprendre du passé. »

 

La cause humanitaire
Neutralité, impartialité et indépendance sont les valeurs de la Croix-Rouge. « Mais ce ne sont pas seulement des slogans, ce sont des outils qui font souvent la différence entre la vie et la mort », affirme Fabrizio Carboni. Il ajoute : « Notre premier objectif est de fournir une assistance à ceux qui en ont besoin, peu importe leur couleur de peau ou leur opinion politique, nous ne faisons aucune distinction. »
Durant le vernissage, Tarek Wheibi, porte-parole du CICR, rappelle l'importance du combat actuel du comité au Liban : faire la lumière sur le sort des personnes portées disparues durant la guerre. « On n'a pu commencer le travail avec les familles des disparus qu'en 2012. Retrouver la trace de ces personnes est un long processus. C'est comme une investigation, on est à la recherche du moindre détail », explique-t-il.
« La satisfaction professionnelle est mêlée à la frustration ; tu témoignes de destruction humaine et de catastrophes, mais tu te sens inutile, incapable de faire quelque chose », peut-on lire sous une photo de Patrick Baz. Pendant cette semaine de commémoration des 40 ans de la guerre civile, l'exposition « Echoes : the voices behind the pictures » montre pourtant bien la capacité des photojournalistes à immortaliser certains faits pour qu'ils ne soient jamais oubliés.


L'exposition a lieu à la Villa Paradiso, à Gemmayzé, jusqu'au 26 avril.

 

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