La "guerre ouverte" et la "rupture" au Front national entre Marine Le Pen et son père, après ses récents propos dans Rivarol et sur les ondes, font les gorges chaudes de la presse française de ce jeudi.
Mercredi, Jean-Marie Le Pen, 86 ans, président d'honneur du Front national (FN, extrême droite) et député européen, a été interdit d'élections par sa fille pour qui le vieux tribun est désormais engagé "dans une véritable spirale entre stratégie de la terre brûlée et suicide politique". Une rupture largement commentée dans la presse française.
"Front national : la rupture", titre Le Figaro en une. "Rupture au FN. A qui père gagne", ironise Libération. "Front national : guerre ouverte entre Marine Le Pen et son père", affirme Le Monde, tandis que La Croix y voit : "la guerre des deux FN".
"A ceux qui en doutaient, le Front national peut +offrir+ le même spectacle que les autres partis : celui de la division", affirme Yves Thréard dans Le Figaro. "Avec un sens de la mise en scène encore plus grandiloquent puisqu'il oppose ici une fille à son père", mais selon lui, "le diable se cache désormais ailleurs au FN".
Pour Laurent Joffrin de Libération, "la filiation n'est pas seulement biologique" entre Marine Le Pen et son père. Si pour l'éditorialiste de gauche, "l'antisémitisme est récusé" au FN, celui-ci continue cependant de "fonder sa politique sur l'éternel préjugé xénophobe".
"La politique de la terre brûlée pratiquée par Jean-Marie Le Pen ressemble donc à une révolte devant une captation d'héritage", constate François Ernenwein dans La Croix. Et si "la dédiabolisation (est) en voie d'achèvement" selon Rémi Godeau dans L'Opinion, Marine Le Pen peut "désormais poursuivre un objectif tout aussi percutant : la diabolisation du futur".
"Le Pen se rêvait en héros guerrier. Il finit comme un vieillard balzacien, renié par son enfant avide de capter l'héritage", reconnaît Raymond Couraud (L'Alsace).
Pour Denis Daumin (La Nouvelle République), "désormais, il y a lui et le front" alors Jean-Marie Le Pen "vomit tout son saoul, une bonne dernière fois avant l'échafaud".
'Psychodrame'
Dans le Midi Libre, Jean-Michel Servant fait référence à la Rome antique où en "voulant laver l'honneur bafoué du Front national, les conspirateurs sont venus, tour à tour, poignarder le pater familias". Avant de rappeler que dans ce "psychodrame", il manque un "acteur important", à savoir Marion Maréchal-Le Pen. Une "petite fille chérie" qui devra faire un choix difficile : "sauver le grand-père ou se soumettre à la tante", selon, lui.
Plusieurs commentateurs pensent que dans le contexte politique actuel, la présidente du FN peut aujourd'hui s'affranchir du poids de son fondateur. "Après avoir mis la main sur son parti et son programme sans rien y renier, la colombe n'a plus besoin du crapaud, bien au contraire", écrit Matthieu Verrier dans la Voix du Nord. Et "tout se passe", souligne Patrick Planchenault dans France-Antilles, "comme si le fondateur du Front national cherchait à démolir à coups d'outrances absconses, la stratégie de dédiabolisation du mouvement menée par sa fille, Marine".
Avant d'ajouter que cette dernière n'a "d'autre alternative que de le décharger de son histoire, particulièrement pesante, liée à l'extrême droite". "Dusse-t-elle pour cela tuer le père !" clame-t-il.
Philippe Reinhard voit lui un point "positif" dans cette querelle dans la mesure où cette rupture "coûtera probablement très cher" à Marine Le Pen et "freinera (...) une progression qui semblait inexorable".
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20 h 46, le 09 avril 2015