En visite à Washington, le ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, s'est notamment réuni avec Lisa Monaco, la conseillère du président Barack Obama pour la Sécurité intérieure et le contre-terrorisme. La porte-parole la Maison-Blanche a notamment déclaré que les discussions ont tourné autour du partenariat entre les États-Unis et le Liban et les préoccupations de la sécurité régionale, dont l'effort international pour venir à bout du groupe État islamique.
Mme Monaco « a loué les performances des Forces de sécurité intérieure et de l'armée libanaise », précisant « qu'elles seules ont la légitimité et la responsabilité de défendre les frontières libanaises ». Elle et le ministre Machnouk sont tombés d'accord sur la nécessité d'un effort international pour venir en aide aux communautés libanaises qui accueillent les réfugiés syriens. Mme Monaco a aussi exprimé l'espoir que le Parlement libanais prenne les mesures nécessaires pour élire un président de la République, selon les termes de la Constitution.
Deux jours auparavant, le ministre Machnouk avait évoqué au think-tank Woodrow Wilson la perspective libanaise pour combattre le terrorisme. Il avait commencé par évoquer la question que tout le monde se pose, à savoir comment vaincre l'EI. Sa réponse : « Outre les attaques aériennes de la coalition internationale, il est nécessaire de priver cette organisation de sa capacité à attirer des partisans. Car elle se nourrit des tragédies, des colères et de l'exclusion des communautés sunnites, spécialement en Irak et en Syrie. Seule une solution politique peut tirer le tapis sous ses pieds et provoquer son implosion. » Et le ministre d'ajouter : « On ne peut pas compter sur un extrémisme sectaire pour lutter contre un autre extrémisme sectaire. Et plus que tout autre pays de la région, le Liban a besoin d'une stratégie globale pour éradiquer la menace terroriste et rester à l'abri des retombées de la violence à ses frontières. Sans compter que le pays a toujours payé le prix des agendas de la région et des ingérences dans ses affaires intérieures. Puis est venu s'ajouter le fardeau du flux de plus d'un million de réfugiés syriens. » « Dans ce contexte, a dit M. Machnouk, nous avons œuvré sans répit pour une stratégie globale en vue de vaincre le terrorisme. Cette stratégie repose sur trois piliers essentiels : l'unité nationale, les forces de sécurité libanaises et la réappropriation de la véritable âme de l'islam. »
La consolidation de l'unité nationale
Depuis l'assassinat en 2005 du Premier ministre Rafic Hariri, le Liban navigue dans des eaux troubles : la guerre d'Israël contre le Hezbollah (2006), la prise de Beyrouth par le parti chiite (2008) et les tensions régionales. « En temps que groupe politique, a-t-il dit, nous demeurons attachés à un Liban libre et souverain, un Liban démocratique malgré les intimidations et les assassinats. Le courant du Futur dont je fais partie a engagé un dialogue avec le Hezbollah (malgré nos divergences) et cela a aidé à sécuriser un environnement stable et à réduire la tension sunnito-chiite. »
L'amélioration professionnelle des forces de sécurité
Confrontées à un ennemi non conventionnel, il est notamment demandé aux forces de sécurité du Liban de prévenir les opérations de l'ennemi, d'où, en particulier, l'amélioration de leurs capacités analytiques. Le Liban a bénéficié dans ce domaine des contributions de pays amis, spécialement de l'Arabie saoudite et des États-Unis. M. Machnouk précise : « Aujourd'hui, le Liban est le cinquième plus grand récipiendaire de l'assistance militaire américaine. Étant donné le défi, nous avons besoin de travailler davantage ensemble pour améliorer notre infrastructure technologique. »
Le courage théologique et « la trinité d'or »
« L'une des principales conditions pour vaincre l'EI est la déconstruction de leur rhétorique culturelle et religieuse. Nous avons besoin d'une révolution théologique qui se réapproprie la véritable âme de l'islam : une religion de paix, de tolérance et de modération. "La trinité d'or", comme je l'appellerais », a poursuivi Nouhad Machnouk. Le ministre a appelé les États-Unis et à la communauté internationale à endosser urgemment cette stratégie pour que l'extrémisme ne triomphe pas.
M. Machnouk et sa délégation ont quitté hier Washington pour Beyrouth après avoir été également les hôtes de l'ambassadeur du Liban, Antoine Chédid, qui avait organisé en leur honneur un dîner regroupant plusieurs responsables américains.
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