Les forces irakiennes sont reparties jeudi à l'assaut de Tikrit pour déloger les jihadistes du groupe État islamique (EI), fortes du soutien aérien fraîchement apporté par la coalition internationale menée par les États-Unis.
Washington a mené depuis mercredi un total de 17 raids aériens sur cette ville située à 160 km au nord de Bagdad, et la France en a effectué un, selon les commandements militaires des deux pays, qui, comme la soixantaine de nations engagées dans la coalition antijihadistes, n'étaient pas encore intervenus à Tikrit.
Les États-Unis ont longtemps exprimé leurs réticences à intervenir, en raison notamment du soutien actif de l'Iran aux milices chiites engagées dans la bataille. Mais la donne a changé mercredi lorsque le Premier ministre irakien Haider al-Abadi a réclamé des frappes.
Fortes de ce soutien aérien, les forces irakiennes ont relancé jeudi leur offensive terrestre, suspendue la semaine dernière en raison des nombreux engins explosifs disséminés par les jihadistes retranchés dans la ville. Mais la bataille au sol engagée le 2 mars et présentée comme la plus massive depuis que l'EI s'est emparé de vastes pans de territoire en Irak en juin 2014, se fera désormais sans les milices chiites, a affirmé le général Lloyd Austin, commandant des forces américaines au Moyen-Orient (Centcom).
Ces dernières, à qui Téhéran a notamment fourni de l'artillerie et des conseillers, "se sont retirées" de la zone de Tikrit et la bataille est maintenant menée par environ 4 000 membres des forces spéciales et de la police irakienne, a précisé le général Austin.
Il était cependant impossible dans l'immédiat de confirmer si ce retrait était effectif sur le terrain.
"Le gouvernement irakien devait être en charge de l'opération" pour que la coalition intervienne, c'était une "pré-condition", a expliqué le général lors d'une audition au Sénat.
Ces propos faisaient écho à ceux d'un responsable américain ayant indiqué plus tôt que le président Barack Obama avait conditionné les frappes américaines à un rôle plus important des forces gouvernementales à Tikrit.
Le chef du Centcom a par ailleurs dénoncé la "mauvaise approche" adoptée jusqu'alors à Tikrit et affirmé que la nouvelle configuration des combats permettrait d'"aller de l'avant".
(Lire aussi : Le général iranien, Ghassem Souleimani, intervient en Irak "dès qu'on a besoin de lui")
30 000 civils assiégés
Après une lente progression au sol dans les premières semaines, "l'opération commence réellement maintenant", a estimé un responsable de la Défense américaine, interrogé par l'AFP.
L'offensive a repris "depuis le front sud à Awja", a détaillé un commandant militaire de la province de Salaheddine, dont Tikrit est la capitale. Les forces irakiennes attaquent également depuis les fronts ouest et nord et ont réparé un pont détruit par l'EI pour stopper leur avancée depuis l'est, a-t-il ajouté.
Enfin, Bagdad a déployé ses avions Sukhoï pour bombarder Tikrit jeudi, selon le ministre de la Défense Khaled al-Obaidi.
Bagdad avait notamment justifié la suspension de son offensive par la présence de nombreux civils pris au piège. Leur nombre exact est impossible à définir, mais un porte-parole du Croissant rouge affirmait la semaine dernière que "pas plus de 30 000 civils, probablement un peu moins" se trouvaient toujours dans Tikrit.
Le général américain James Terry, qui dirige le commandement américain menant les frappes (CJTF), a ainsi assuré que les raids entamés mercredi "sont destinés à détruire les bastions de l'EI avec précision, sauvant ainsi des vies irakiennes innocentes, tout en minimisant les dommages collatéraux aux infrastructures".
L'entrée en jeu des États-Unis dans la bataille et le retrait des miliciens chiites soutenus par l'Iran interviennent au moment où les deux pays mènent en Suisse des négociations ardues sur le programme nucléaire controversé de Téhéran.
L'importance des milices chiites regroupées pour la plupart parmi les "Unités de mobilisation populaire", et celle du général iranien Ghassem Souleimani, considéré par certains Irakiens comme le cerveau de l'opération à Tikrit, était perçue d'un mauvais œil par Washington.
La prise de Tikrit, fief de l'ancien dictateur Saddam Hussein, représenterait un revers important pour l'EI, qui sévit également en Syrie voisine, car il s'agit d'une des villes les plus peuplées que le groupe extrémiste sunnite contrôle en Irak.
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commentaires (4)
BIZARRE ! LES AMÉRICAINS À LA RESCOUSSE DES PERC(S)ÉS...
LA LIBRE EXPRESSION
13 h 24, le 28 mars 2015