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Liban - Rencontre

Riad Salamé : Les fonds de Daech ne passent pas par le Liban

L’ordre des journalistes, hier, en compagnie du gouverneur de la BDL. Photo Ani

Un entretien avec le gouverneur de la Banque centrale Riad Salamé ressemble à une bonne dose de vitamines tant l'homme se veut rassurant au sujet de la stabilité de la livre. Au moment où la tempête souffle tout autour du Liban, Riad Salamé tient, devant une délégation de l'ordre des journalistes menée par Élias Aoun, des propos apaisants. Même si l'économie connaît des ratés et si la vacance à la tête de la République provoque une certaine méfiance à l'égard des institutions libanaises, le secteur bancaire continue à bien se porter et les fonds de Daech ne passent pas par le Liban ni par ses banques.

Riad Salamé commence par préciser qu'il n'y a aucune inquiétude à avoir au sujet de la stabilité de la livre libanaise, même si le Liban devait adopter au plus tôt de nouvelles lois qui renforcent la transparence dans la circulation des fonds. Cela devrait se faire avant 2017, car les États-Unis pressent dans ce sens. Mais le gouverneur de la Banque centrale ajoute que ces lois, si elles sont votées, ne remettent absolument pas en cause le secret bancaire qui reste la base du système bancaire libanais. En même temps, ce secret ne doit pas servir de prétexte pour faire entrer au Liban des fonds suspects.

Riad Salamé explique ensuite les mesures prises par la Banque centrale pour dynamiser l'économie libanaise à travers des mesures incitatives qui visent à injecter des fonds sur le marché sans provoquer une inflation. La Banque centrale compte aussi pousser vers les investissements dans la connaissance qui, avec le secteur pétrolier (si la classe politique parvient à s'entendre sur ce dossier), pourrait être l'avenir de l'économie libanaise. D'ailleurs, la Banque centrale encourage les embauches dans les entreprises naissantes, tout comme elle a mis en place un système d'accélérateur qui permet aux jeunes qui ont un projet viable d'obtenir des fonds.

 

(Lire aussi : Nomination du directoire de la Commission de contrôle des banques)



Interrogé sur les conséquences de la vacance présidentielle sur l'économie libanaise, Riad Salamé précise qu'elle n'a pas d'impact véritable. Toutefois, l'élection d'un président est un facteur encourageant pour les investissements, car elle montre que le Liban respecte ses institutions et ses lois.

Au sujet de la stabilité, Riad Salamé explique que depuis 2005, le Liban a traversé plusieurs secousses sécuritaires sans que son économie s'en ressente. En 2005, il y a eu l'assassinat du Premier ministre Rafic Hariri suivi par de nombreux autres assassinats. En 2006, il y a eu la guerre de 2006. En 2007, il y a eu la guerre de Nahr el-Bared. En 2008, les événements du 7 mai, mais surtout une grave crise économique mondiale, qui n'a pas eu d'impact sur le Liban. Tout cela montre que le Liban reste solide.

Au sujet du financement de Daech, Salamé affirme que les fonds de cette organisation terroriste ne passent pas par le Liban. D'abord, les lois libanaises interdisent toute entrée de fonds illégaux et les banques libanaises ne veulent pas prendre de risques. Selon lui, les États-Unis le savent. De même, la Banque centrale libanaise va participer à la coalition contre le financement de Daech. Elle y sera représentée par le 3e vice-gouverneur Mohammad Baassiri. Au sujet de la vague de fusions des banques, Riad Salamé estime qu'elle est positive, car les nouvelles lois rendent plus difficile le fonctionnement des petites banques. C'est pourquoi la Banque centrale encourage les fusions mais ne les impose pas.

Au sujet de la nouvelle échelle des salaires, Riad Salamé rappelle qu'il a toujours estimé qu'elle devait être adoptée en plusieurs étapes, sinon elle entraînera une hausse des prix.
Selon lui, la Banque centrale n'a aucun rôle dans l'affaire de l'expulsion d'un nombre de Libanais installés aux Émirats, car il s'agit d'une affaire qui se traite d'État à État. Il ajoute toutefois qu'il est important que les Libanais restent dans les pays du Golfe car 60 % des virements qui arrivent au Liban proviennent de ces pays. Il précise encore que la Banque centrale est en contact avec les secteurs bancaires de ces pays.

Au sujet d'un éventuel retrait des fonds chiites des banques libanaises par crainte de mesures visant à les sanctionner, Riad Salamé est catégorique : « Cette rumeur est dénuée de tout fondement, dit-il. Les lois libanaises ne sont pas confessionnelles et le secteur bancaire ne peut pas être utilisé pour un règlement de comptes politique interne. » Il ajoute que les États-Unis ne demandent rien de tel. « Il y a eu à un moment donné un projet de loi américain pour assécher les sources de financement du Hezbollah. Mais il n'a toujours pas été adopté », précise-t-il.

Au sujet des dernières révélations sur la banque al-Madina, Riad Salamé refuse de se prononcer, affirmant que ce dossier est désormais entre les mains de la justice ; il se demande toutefois pourquoi on continue à en parler alors que la banque américaine Lehman Brothers qui avait provoqué une crise économique mondiale en 2008 a été oubliée...

Interrogé sur les réserves d'or du Liban, il précise que le Liban est parmi les 30 premiers pays du monde en matière de réserves d'or. Ces réserves constituent, selon lui, une source de confiance. Même si en réalité, chaque année, l'État libanais a un déficit qui varie entre 3 et 4 milliards, sans parler du coût annuel des réfugiés syriens qui s'élève à un milliard de dollars et que le Liban ne peut pas assumer seul. Des réformes financières sont, selon lui, indispensables pour réduire le déficit public et il ajoute, en guise de conclusion, que « les Libanais doivent arracher tout seuls leurs épines ».

Reste la question de sa candidature à la présidentielle, mais Riad Salamé refuse d'en parler. À la question de savoir s'il ne paie pas en quelque sorte le prix de ses performances en tant que gouverneur de la Banque centrale, puisque tous les acteurs préfèrent qu'il reste à ce poste, il se contente d'un sibyllin : « Je vous laisse en juger vous-même. »

 

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commentaires (3)

LA DÉFINITION DU MOT STABLE C'EST QUOI ? EN 1975 JE QUITTE LE PAYS ET MA LIVRE LIBANAISE VALAIT DEUX LIVRES ET DEMI SYRIEN ET PRESQUE UN DOLLAR AMÉRICAIN. 1 LIVRE LIBANAISE = 2.5 LIVRE SYRIEN = 1 $ AMÉRICAIN OU PRESQUE. ÇA VAUT COMBIEN CETTE LIVRE LIBANAISE "STABLE" AUJOURD'HUI ? UNE POUSSIÈRE NON ?

Gebran Eid

11 h 26, le 24 mars 2015

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Commentaires (3)

  • LA DÉFINITION DU MOT STABLE C'EST QUOI ? EN 1975 JE QUITTE LE PAYS ET MA LIVRE LIBANAISE VALAIT DEUX LIVRES ET DEMI SYRIEN ET PRESQUE UN DOLLAR AMÉRICAIN. 1 LIVRE LIBANAISE = 2.5 LIVRE SYRIEN = 1 $ AMÉRICAIN OU PRESQUE. ÇA VAUT COMBIEN CETTE LIVRE LIBANAISE "STABLE" AUJOURD'HUI ? UNE POUSSIÈRE NON ?

    Gebran Eid

    11 h 26, le 24 mars 2015

  • ILS SAVENT BIEN PAR Où ILS PASSENT... ET QUI SONT LES FINANCIERS !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 04, le 24 mars 2015

  • Deux choses : 1-Que deviendrait le Liban sans son secteur bancaire, le seul encore sain ? 2-C'est un devoir des hommes politiques et de la presse de laisser en paix ce gouverneur de la Banque centrale. Il est très bien pour le Liban là où il est.

    Halim Abou Chacra

    06 h 04, le 24 mars 2015

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