Rechercher
Rechercher

À La Une - syrie

Après les déclarations de Kerry, Assad attend des "actes"

Négocier avec le président syrien serait "un cadeau scandaleux" à l'EI, avertit Fabius.

"Nous écoutons toujours les déclarations. Nous devons attendre les actes et à ce moment-là on décidera", a déclaré lundi le président syrien, Bachar el-Assad, dans des déclarations à une chaîne iranienne. AFP PHOTO/ HO/ SANA

Le président syrien Bachar el-Assad a appelé lundi les Etats-Unis à joindre les actes à la parole tandis que des opposants s'offusquaient après les propos de John Kerry affirmant que Washington devait négocier avec le régime.

Les propos de M. Kerry ont été rapidement nuancés par une porte-parole du département d'Etat, qui a démenti tout changement de la position américaine et précisé qu'il n'y avait "pas d'avenir pour un dictateur brutal comme Assad en Syrie".

Alliées des Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne se sont empressées de se démarquer des propos de M. Kerry. Le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a averti que toute solution qui "remettrait en selle Bachar el-Assad serait un cadeau absolument scandaleux, gigantesque aux terroristes de Daech", acronyme désignant le groupe jihadiste Etat islamique. Londres a affirmé que le président syrien n'avait "pas sa place" dans l'avenir du pays, tandis que la Turquie jugeait "inutile" de négocier avec un régime qui a "tué 200 000 personnes".

Mais à Damas, la presse a interprété ces déclarations comme un revirement de la politique américaine, même si M. Assad a souligné qu'il fallait attendre pour voir s'ils allaient être suivis d'une action concrète.
"Nous écoutons toujours les déclarations. Nous devons attendre les actes et à ce moment-là on décidera", a affirmé M. Assad à une chaîne iranienne, selon des propos reproduits par l'agence officielle Sana.

Depuis le début de la révolte en mars 2011, le pouvoir syrien a accusé les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, ainsi que les pays du Golfe et la Turquie de soutenir et de financer le "terrorisme" en Syrie, en référence à la rébellion.


(Lire aussi : Joumblatt à « L'OLJ » : Les Américains sont de grands menteurs)

 

"Au final, il faudra négocier"
Lundi, M. Assad a réaffirmé que tout changement de politique impliquait la fin de ce soutien. "Tout changement international qui intervient à ce niveau serait une chose positive s'il est sincère et effectif", a-t-il dit.

"Au final, il faudra négocier. Nous avons toujours été pour les négociations dans le cadre du processus (de paix) de Genève 1", avait déclaré M. Kerry dans une interview diffusée sur la chaîne de télévision CBS dimanche
Le document de Genève, rédigé à l'été 2012 entre les grandes puissances, -notamment les Etats-Unis et la Russie, qui soutient Damas- a appelé à un gouvernement de transition ayant les pleins pouvoirs, sans évoquer clairement le sort de M. Assad.

Le régime a toujours catégoriquement refusé tout départ d'Assad, alors que pour l'opposition affirme qu'il n'a aucun rôle à jouer dans l'avenir du pays.
Dans son interview, M. Kerry n'a pas évoqué l'avenir du président mais a parlé de pressions pour l'amener à la table des négociations. Washington travaille à "relancer" les efforts visant à trouver une solution politique, a-t-il précisé.

"Légitimité" reconnue
La presse syrienne n'a pas caché sa satisfaction. "C'est une nouvelle reconnaissance de la légitimité du président Assad, de son rôle clé, de sa popularité et par conséquent de la nécessité de négocier avec lui", selon le quotidien privé al-Watan proche du pouvoir. "L'administration américaine a enfin reconnu qu'elle ne pouvait pas faire partir le président Assad par la force militaire".

Le journal a estimé en outre que les propos de M. Kerry ouvraient "une nouvelle étape dans les négociations politiques", évoquant la possibilité qu'un "émissaire américain" se rende "à Moscou le 6 avril pour participer aux efforts russes visant à trouver une solution.

Les propos de M. Kerry interviennent après ceux du directeur de la CIA John Brennan, selon qui les Etats-Unis craignaient un effondrement des institutions en Syrie qui laisserait le champ libre aux extrémistes islamistes.

"Tueur d'enfants"
La consternation prédominait lundi du côté de l'opposition et des militants anti-régime.
La coalition de l'opposition en exil a rappelé que "la chute du régime et de tous les responsables des crimes commis contre le peuple syrien" restait son "principal objectif".

Pour Samir Nashar, un membre de cette coalition, il s'agit d'"un test" et M. Kerry a tenu volontairement des propos ambigus afin de laisser la porte ouverte à l'implication d'Assad dans toute solution politique".
"Depuis le début, les Américains ont lâché la révolution", a réagi via internet Abou Adel, un militant de Jobar, quartier rebelle de l'est de Damas pilonné quotidiennement par l'aviation du régime. "Mais nous n'accepterons pas qu'Assad reste au pouvoir après les dizaines de milliers de martyrs".

Sur Twitter, certains ont qualifié les propos de "bombe", accusant M. Kerry de proposer un dialogue avec un "tueur d'enfants". "Qui est Kerry pour décider de l'avenir du peuple syrien?", s'exclame un autre internaute syrien.

 

Lire aussi dans notre dossier spécial : Quatre ans après le soulèvement en Syrie
Le terrain syrien décrypté

Face à Assad et à l'EI, la diplomatie y va par cinq chemins

Derbas : Il est temps d'en finir avec les données fournies par l'UNHCR

L'« escale » des artistes d'outre-Masnaa dans Beyrouth « l'accueillante »

Une semaine, un thème : #2 Les révolutions de mars

Le président syrien Bachar el-Assad a appelé lundi les Etats-Unis à joindre les actes à la parole tandis que des opposants s'offusquaient après les propos de John Kerry affirmant que Washington devait négocier avec le régime.Les propos de M. Kerry ont été rapidement nuancés par une porte-parole du département d'Etat, qui a démenti tout changement de la position américaine...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut