Signe des temps : c'est à la table du leader du courant du Futur, Saad Hariri, à la Maison du Centre, que le chef du Courant patriotique libre, le général Michel Aoun, a fêté hier soir ses 80 ans, entouré de son gendre, le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, et de Ghattas Khoury, conseiller de M. Hariri. Finie, donc, l'ère de « l'acquittement impossible », l'ouvrage publié par le CPL pour stigmatiser les « erreurs impardonnables » et la « dilapidation des fonds publics » sous les gouvernements haririens. C'est que – realpolitik oblige – l'échéance présidentielle pèse de tout son poids sur les rencontres et concertations entre « frères ennemis ».
Les retrouvailles entre M. Hariri et le général Aoun, à l'occasion du dîner en comité restreint offert en l'honneur de ce dernier, ont revêtu vraisemblablement un caractère social, à l'occasion du retour (momentané ?) du leader du courant du Futur à Beyrouth. Mais une telle rencontre n'a pu passer sous silence, du moins dans les grandes lignes et les généralités, les dossiers brûlants de l'actualité locale, à savoir la présidentielle et le double dialogue Forces libanaises-CPL et Futur-Hezbollah.
Le climat est donc à la détente, à défaut d'un dialogue réellement sérieux, fondateur et rassembleur. De fait, pour l'heure, aucun déblocage ne paraît poindre à l'horizon, aussi bien au niveau de la présidentielle que sur le plan des sujets qui fâchent, tels que l'implication du Hezbollah dans la guerre en Syrie, aux côtés du régime de Bachar el-Assad, ou même en Irak, sans compter la campagne du parti chiite pro-iranien contre le royaume du Bahreïn. Il reste qu'en dépit de cette stagnation, la sixième séance de « dialogue » (puisqu'il faut l'appeler par son nom...) entre le Futur et le Hezbollah s'est tenue hier soir à Aïn el-Tiné. Étaient présents, le député Samir Jisr, le ministre Nouhad Machnouk et M. Nader Hariri (courant haririen), ainsi que le député Hassan Fadlallah, le ministre Hussein Hajj Hassan et Hussein Khalil (Hezbollah), en sus du ministre Ali Hassan Khalil (mouvement Amal).
Un communiqué succinct publié au terme de cette réunion qualifie le climat de la rencontre de « sérieux », soulignant que les deux parties ont évalué « positivement » le plan de sécurité mis en application dans la Békaa. Le communiqué indique en outre que « la stratégie nationale pour lutter contre le terrorisme » a également été évoquée lors de cette séance de dialogue.
Le dialogue FL-CPL et la présidence
Sur le « front » FL-CPL, le dialogue semble avoir plus de consistance. Une source digne de foi au sein du 14 Mars a indiqué ainsi hier soir à L'Orient-Le Jour que les délégués du CPL et des FL, respectivement le député Ibrahim Kanaan et Melhem Riachi, planchent sérieusement sur une feuille de route appelée à encadrer et régir sur des bases solides les rapports entre les FL et le CPL au cours des prochaines années. Ce document est constitué de 17 clauses, précise la source susmentionnée. Certaines d'entre elles sont encore en suspens et nécessitent un surcroît de discussions.
Un dialogue entre le CPL et les FL en cette période de présidentielle ne peut occulter, à l'évidence, le problème de l'élection d'un président de la République. Pour le général Aoun, il est clair que de telles concertations devraient avoir pour finalité son élection à la présidence de la République. À ce propos, la source du 14 Mars précitée souligne que la coalition souverainiste pourrait envisager un appui à la candidature du chef du CPL à condition que celui-ci demeure à égale distance des factions locales, qu'il se démarque, par voie de conséquence, du Hezbollah, et, surtout, qu'il adopte dans l'exercice de ses fonctions une posture souverainiste. Le général Aoun pourrait sans doute être tenté de jouer cette carte et de satisfaire aux conditions du 14 Mars. Mais toute la question reste de savoir si le Hezbollah autoriserait, le cas échéant, le chef du CPL à s'engager sur une telle voie...
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commentaires (7)
"Le renard perd ses poils, mais pas ses ruses." L'octogénaire Michel Aoun a perdu ses cheveux mais pas son opportunisme qui frôle le léchage de bottes... Que fait-il à la Maison du Centre, flanqué de son "Ibn Battouta" de gendre, après avoir publié un violent pamphlet bourré de fausses accusations et de contre-vérités à l'encontre de Rafic et Saad Hariri ? Il vient pour dire "Ahlan wa sahlan" à ce dernier ! Un reniement de plus.
Un Libanais
15 h 01, le 19 février 2015