Le tourisme rural a de plus en plus d'adeptes. Ce type de tourisme englobe des prestations d'hébergement (gîtes ruraux, chambres d'hôtes...), de restauration (dégustation de produits du terroir...) et des activités (randonnées, activités de pleine nature, etc.). Certaines régions, comme Jezzine, ont réussi à développer une offre de tourisme rural et constaté une hausse de l'activité de 30 % en 2014. Mais ces initiatives restent isolées et le Liban est encore loin d'exploiter son potentiel.
Ce segment représente aujourd'hui moins de 5 % du chiffre d'affaires du secteur, selon le ministre du Tourisme Michel Pharaon. L'objectif est de porter cette part à 20 % d'ici à 5 ans, dans le cadre d'une stratégie quinquennale, présentée hier au Grand Sérail, en présence du Premier ministre et des ministres de l'Environnement, de la Jeunesse et des Sports, de la Culture et de l'Information. Car pour atteindre cet objectif, il faut mobiliser les différents ministères concernés, mais aussi les municipalités, le secteur privé ou les ONG locales et internationales. L'ensemble de ces acteurs sera d'ailleurs représenté au sein du comité chargé de mettre en œuvre la stratégie. « Pour le moment, il n'y a pas vraiment d'enveloppe allouée à ce projet, a expliqué M.Pharaon à L'Orient-Le Jour. On va commencer par collecter les données pour évaluer les besoins, mobiliser les ressources disponibles et coordonner les efforts dans le secteur. »
Pour Kenj Hamadé, consultant et professeur d'agriculture à l'Université libanaise, cette stratégie « traduit la volonté du gouvernement de diversifier l'offre touristique et de réduire la dépendance du secteur au contexte sécuritaire ». De nombreux touristes sont découragés par l'instabilité régionale, notamment les touristes arabes dont le nombre a baissé de 14,6 % en 2014. D'où l'intérêt de cibler les Libanais et la diaspora, en attendant le retour des étrangers.
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Le tourisme rural offre aux Libanais, qui vivent à 87 % en milieu urbain, « l'opportunité d'échapper au stress, au bruit et à la pollution de la ville, de reconnecter avec la nature et de manger des produits sains, à des prix abordables », lit-on dans le document élaboré par le ministère. Les émigrés et les expatriés libanais, eux, sont enclins à redécouvrir les villages et les traditions, tout en soutenant les communautés locales, ajoute-t-il.
« Pour le moment, l'engouement bénéficie uniquement aux restaurateurs car les Libanais passent rarement plus d'une journée à la campagne. Mais si on veut vraiment développer l'économie locale et créer des emplois, il faut développer une offre complète », souligne Kenj Hamadé.
La stratégie prévoit dans un premier temps d'accroître la visibilité des produits existants (maisons d'hôtes, restaurants et activités) puis d'en créer de nouveaux. Michel Pharaon a d'ailleurs promis que cinq nouveaux circuits touristiques seront proposés sur le site du ministère d'ici à cet été.
Autres piliers de la stratégie : l'amélioration de la qualité des services proposés et la modernisation du cadre réglementaire et législatif. Le dernier pilier, et non le moindre, porte sur la protection de l'environnement et la conservation de l'héritage culturel, historique et agricole du pays, sans lesquelles le tourisme rural n'aurait plus de sens.
À cet égard, le ministre du Tourisme a indiqué que tous les monuments et sites de nature à attirer des touristes seront recensés, « mais ensuite il faudra trouver les fonds pour les réhabiliter », a-t-il ajouté.
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C'est surréaliste..! cela Les villages du Akkar , de la Bekaa...ou du sud ...?
16 h 42, le 12 février 2015