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À La Une - ukraine

"Avec les compliments de Poutine ! Qui d'autre aurait pu faire ça ?"

Un bastion des forces de Kiev bombardé à la veille d'un sommet crucial.

Les violences dans l'est de l'Ukraine ont fait 37 morts en 24 heures et se sont propagées mardi à un endroit très symbolique : Kramatorsk, ville de 200 000 habitants reprise par l'armée ukrainienne aux rebelles en juillet. AFP, VOLODYMYR SHUVAYEV

Des bombardements meurtriers ont frappé mardi Kramatorsk, bastion des forces de Kiev dans l'est rebelle de l'Ukraine, à la veille d'un sommet de la dernière chance à Minsk où les dirigeants allemand, français russe et ukrainien doivent négocier un plan de paix.

Quelques heures après cette attaque au lance-roquettes multiples Smertch ayant visé l'état-major de l'armée et provoqué la mort d'au moins quinze civils et militaires, les émissaires du gouvernement ukrainien et des républiques séparatistes prorusses se sont retrouvés pour des discussions à Minsk, en présence de représentants russe et de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), a constaté un journaliste de l'AFP.

Cette rencontre, qui se déroule à huis clos et ne sera pas suivie de déclarations à la presse, devrait permettre d'affiner les positions avant le sommet de mercredi, également prévu dans la capitale bélarusse, entre les présidents russe Vladimir Poutine, ukrainien Petro Porochenko, français François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel. Il tentera de mettre un terme au conflit dans l'est de l'Ukraine, qui a fait plus de 5 300 morts en dix mois.

Au cours d'un entretien téléphonique mardi soir, MM. Porochenko et Barack Obama ont dit espérer des "progrès" au cours de ce sommet, selon la présidence ukrainienne.

 

(Lire aussi : A chacun sa Guerre froide face au conflit en Ukraine)

 

Cible symbolique
Sur le terrain, les violences ont fait 37 morts en 24 heures et se sont propagées à un endroit très symbolique : Kramatorsk, ville de 200 000 habitants reprise par l'armée ukrainienne aux rebelles en juillet. Elle abrite aujourd'hui l'état-major de l'armée dans l'Est et les administrations régionales fidèles à Kiev. Les roquettes parsemaient le centre-ville et de nombreux habitants interrogés par l'AFP accusaient le président russe d'être responsable de cette attaque. "Avec les compliments de Poutine ! Qui d'autre aurait pu faire ça ?", lançait un passant en observant devant lui une roquette n'ayant pas explosé, dont le nez était enfoncé dans le sol gelé. L'armée ukrainienne et les rebelles prorusses semblaient chercher à s'emparer du plus de terrain possible pour arriver en position de force à la table des négociations.

Au sud de la ligne de front, les troupes ukrainiennes ont annoncé avoir déclenché une contre-offensive et repris le contrôle de trois villages à l'est du port de Marioupol, une des dernières grandes villes de la région sous contrôle ukrainien. A Dokoutchaivsk, à 35 kilomètres au sud de Donetsk, un journaliste a entendu mardi des tirs d'artillerie et constaté que des combats intenses s'y étaient déroulés. Sept combattants prorusses ont été tués au cours des dernières 24 heures, selon un responsable séparatiste.

 

Sommet de la dernière chance
Les prochaines heures seront cruciales sur le plan diplomatique, à la suite de l'initiative franco-allemande de prendre au mot Vladimir Poutine et de se rendre à Moscou lui présenter un plan de paix, après l'avoir exposé à Petro Porochenko.

Depuis, les quatre dirigeants ont eu des entretiens téléphoniques et font travailler d'arrache-pied leurs conseillers pour parvenir à un compromis. François Hollande a affirmé aller à Minsk avec Angela Merkel avec "la ferme volonté d'aboutir" à un accord en vue de rétablir la paix en Ukraine.

Selon une source proche du ministère allemand des Affaires étrangères, les discussions entre diplomates de haut rang, qui se sont rencontrés lundi à Berlin, doivent se poursuivre "ce soir à Minsk". Le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier s'est également entretenu mardi après-midi au téléphone avec ses homologues russe et ukrainien "pour plaider en faveur d'un compromis sur les questions difficiles", a ajouté la même source. S'il n'a pas été rendu public, le plan franco-allemand vise à faire appliquer les accords de paix conclus en septembre à Minsk, mais plusieurs points restent en suspens.

L'Ukraine insiste notamment sur le respect de la ligne de front telle qu'elle existait en septembre, alors que les séparatistes occupent 500 km2 supplémentaires depuis. Concernant le "statut des territoires" conquis par les séparatistes. Moscou insiste sur une "fédéralisation", quand l'Ukraine ne parle que de "décentralisation".

Autre point de discorde : la question du contrôle de la frontière ukraino-russe dans les territoires aux mains des rebelles. Kiev propose de la contrôler en commun avec l'OSCE, mais Moscou, estimant que cette question n'est pas de son ressort, exige du gouvernement ukrainien qu'il se mette d'accord avec les rebelles, d'après une source gouvernementale ukrainienne.

Pour autant, une source diplomatique française s'est dite lundi confiante quant à la tenue de ce sommet. "Il y a huit jours, ils (Ukrainiens et Russes, ndlr) ne se parlaient pas. Là, on les met autour d'une table", a-t-elle déclaré à l'AFP.

 

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