L'attaque surprise contre un convoi de l'armée israélienne dans le secteur de Chebaa et la riposte qu'elle a entraînée constituent une violation claire de la résolution 1701. C'est ce qu'a affirmé hier le porte-parole de la Finul, Andrea Tenenti.
Dans un entretien, M. Tenenti a fait part d'un retour au calme et indiqué que les Casques bleus déploient tous les efforts possibles pour rétablir la stabilité au Liban-Sud, après la tension et les incidents qui se sont produits mercredi. La Finul, en coordination avec l'armée, a renforcé ses moyens de surveillance et multiplié les patrouilles dans le secteur, a ajouté le responsable.
Selon lui, « cet incident est une violation grave de la 1701 commise par les deux parties ». M. Tenenti a également précisé que les événements « ont eu lieu dans la zone d'opération de la Finul ». Le porte-parole a ajouté que le commandant en chef de la force onusienne, le général Luciano Portolano, a immédiatement contacté les parties concernées pour s'assurer du retour à la stabilité et au calme au Liban-Sud, leur demandant de « faire preuve de grande retenue ». Des assurances ont été données à la Finul en ce sens, a-t-il ajouté.
Qualifiant la situation de « calme pour l'instant et sous contrôle », M. Tenenti a toutefois précisé qu'il ne pouvait pas prédire ce qui allait advenir dans les jours qui viennent. Évoquant la mort du soldat espagnol tombé lors des représailles israéliennes à l'opération menée par le Hezbollah, le porte-parole a affirmé que l'enquête sur les conditions de sa mort se poursuit.
(Voir les images de l'attaque ici)
Aucune partie ne souhaite l'escalade
Israël et le Hezbollah ont envoyé jeudi des signaux d'apaisement au lendemain de l'attaque.
L'État hébreu a annoncé hier avoir reçu un message du Hezbollah dans lequel le mouvement chiite libanais dit ne pas avoir l'intention d'enclencher un nouveau cycle de violence au lendemain de l'attaque contre le convoi israélien, qui a fait deux tués dans les rangs israéliens.
Le ministre israélien de la Défense Moshé Yaalon a expliqué qu'Israël avait reçu ce message par l'intermédiaire de soldats de l'Onu en poste au Liban. « C'est exact, nous avons reçu un message, a-t-il dit. Il y a des lignes de coordination entre nous et le Liban par le biais de la Finul. »
À Beyrouth, une source libanaise au fait de ces contacts a déclaré à Reuters qu'Israël avait parallèlement fait savoir au Hezbollah qu'il « s'en tiendrait à ce qui s'est passé hier et qu'il ne souhaitait pas une escalade ».
Aucun responsable du Hezbollah n'était disponible pour commenter cette information. Le secrétaire général du parti, Hassan Nasrallah, devrait toutefois s'exprimer aujourd'hui.
« Je ne peux pas dire si les événements sont derrière nous, a dit Moshé Yaalon sur une radio. Les forces de défense d'Israël resteront préparées et prêtes jusqu'au retour du calme dans la zone. »
Payer le prix
L'armée israélienne a dit considérer ces événements comme les plus graves depuis la guerre de 2006 avec le Hezbollah. « Tsahal (l'armée israélienne) réagira », a dit Youval Steinitz, ministre proche du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Dans son communiqué revendiquant l'attaque contre Chebaa, le Hezbollah avait clairement signifié qu'il a frappé en représailles à un raid attribué à Israël le 18 janvier sur le plateau du Golan. Le raid, dont Israël n'a jamais assumé ni démenti la responsabilité, a tué six cadres et responsables du Hezbollah et un général iranien.
Mercredi soir, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a prévenu que le Hezbollah allait « payer le prix » de son attaque dans la zone occupée des fermes de Chebaa, à la frontière libano-israélienne.
M. Netanyahu avait tenu mercredi soir à Tel-Aviv une réunion d'urgence avec Moshé Yaalon, le chef des forces armées, le général Benny Gantz, et le directeur du Shin Beth, les services de sécurité israéliens. L'ambassadeur israélien aux Nations unies Ron Prosor a de son côté exhorté le Conseil de sécurité à « condamner le Hezbollah sans équivoque ».
(Lire aussi : Le Conseil de sécurité « condamne fermement » la mort du Casque bleu espagnol)
Natanyahu accuse l'Iran
De manière significative, le Premier ministre israélien s'en est pris davantage hier à l'Iran qu'au Hezbollah. « C'est l'Iran qui est responsable de l'attaque d'hier », a-t-il dit, poursuivant son offensive tous azimuts contre la République islamique.
Les risques d'escalade « sont très minces, pour ainsi dire inexistants », a dit à l'AFP Yaakov Amidror, ancien conseiller à la sécurité nationale sous M. Netanyahu.
Personne n'y a intérêt. Pour le Hezbollah en particulier, il est « plus urgent », dit-il, de poursuivre le combat avec l'armée du président Bachar el-Assad en Syrie pour préserver son « arrière-cour » syrienne. « Tout ce qui vient d'Iran passe par la Syrie », à commencer sans doute par les missiles qui ont servi mercredi, dit-il.
Selon le porte-parole de l'armée israélienne, Peter Lerner, il s'agit du « plus grave » incident à la frontière depuis 2006, lorsqu'une attaque similaire du Hezbollah contre des soldats israéliens avait entraîné une guerre dévastatrice avec l'État hébreu.
La chef de la diplomatie de l'Union européenne Federica Mogherini a appelé à une « cessation immédiate des hostilités ».
Notons que l'attaque a été saluée par les groupes palestiniens Hamas et Jihad islamique, la Brigade al-Qods du Jihad la qualifiant notamment d'« héroïque ». Mais aussi au Liban, où des drapeaux du Hezbollah ont été brandis à la frontière avec Israël et dans la banlieue sud de Beyrouth, fief du mouvement chiite.
« La Résistance a parlé. Israël a été brûlé par le feu qu'il a allumé à Kuneitra », a déclaré pour sa part la télévision du Hezbollah.
Israël enterre ses soldats
Des centaines de personnes, parmi lesquelles des dizaines de soldats au béret violet de la brigade Givati, ont assisté avec les proches en sanglots à l'enterrement du capitaine Yochai Kalangel, 25 ans, au cimetière militaire du mont Herzl à Jérusalem.
Une foule considérable a également porté en terre le sergent Dor Chaim Nini, 20 ans, promu sergent-chef, inhumé à Shtulim, près d'Ashdod. « S'il te plaît, viens me dire que ce n'est qu'un cauchemar », a supplié sa petite amie Sahar, effondrée.
Les deux jeunes hommes, fraîchement arrivés en renfort, effectuaient une reconnaissance destinée à les familiariser avec une zone sous tension, quand leur convoi arrêté à un barrage a été pris pour cible par au moins cinq missiles antichars, rapportait le site d'informations Ynet.
Le calme est revenu jeudi de part et d'autre de la frontière en état d'alerte, ont constaté les journalistes de l'AFP. Côté israélien, les agriculteurs s'occupaient de leurs vergers de pommiers au plus près de la barrière frontalière.
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Y a t'il des fermes à Chebaa ? je n'ai jamais vu une photo de ces fameuses fermes ...! et ce petit territoire ... est 'il syrien ou libanais ou autre...?
13 h 22, le 30 janvier 2015