Rechercher
Rechercher

À La Une - conflit

"Bienvenue à la guerre" : l'opération de séduction de l'armée ukrainienne dans l'Est rebelle

Les voyages dans la zone de combat sont "utiles" mais insuffisants pour contrer la guerre médiatique menée contre l'Ukraine par la Russie, estime une experte.

Ce "voyage de presse" est une première pour l'armée ukrainienne depuis le lancement en avril de son "opération antiterroriste" dans l'Est séparatiste prorusse qui a fait plus de 4 700 morts. AFP PHOTO/ SERGEI SUPINSKY

Une vingtaine de journalistes étrangers enfilent leurs gilets pare-balle et montent à bord d'un véhicule blindé pour visiter la ligne de front dans l'est de l'Ukraine: Kiev tente de séduire et de contrer la puissante machine médiatique russe. Ce "voyage de presse" est une première pour l'armée ukrainienne depuis le lancement en avril de son "opération antiterroriste" dans l'Est séparatiste prorusse qui a fait plus de 4 700 morts.

Les journalistes couvrant le conflit dans l'Est, dont ceux de l'AFP, estiment qu'il est souvent plus facile de travailler avec les rebelles prorusses et se plaignent de l'impossibilité d'interroger des responsables sur place et de l'hostilité des soldats ukrainiens. Les contrôles des papiers sur certains points de contrôle durent des heures et les journalistes se voient souvent refoulés.

Très critiqués, le ministère de la Défense et les services de sécurité expliquent ces restrictions par des "raisons de sécurité" mais promettent de faciliter l'accès à la zone du conflit.
"Nous essayons d'être ouverts pour les journalistes dans la mesure du possible pour que les gens sachent ce qu'il se passe dans la zone" de l'opération militaire, a déclaré le ministre de la Défense Stepan Poltorak avant le voyage.
"Bonjour, nous sommes ravis de vous voir", dit un haut responsable militaire ukrainien aux journalistes qui arrivent sur l'invitation du ministère de la Défense dans la zone du conflit.

(Lire aussi : L'Ukraine se rapproche de plus en plus de l'Otan ; Moscou gronde)

 

Deux blindés et une ambulance
Le colonel ukrainien Serguiï Galouchko qui accompagne les journalistes portant des casques et des gilets pare-balle leur demande de ne pas s'écarter de la route jonchée d'engins explosifs artisanaux.
Après une visite rapide de Kramatorsk, capitale temporaire du territoire sous contrôle de Kiev dans la région de Donetsk et de Slaviansk, ancien bastion séparatiste repris par l'armée en été, le cortège escorté de deux blindés et d'une ambulance se dirige vers la ligne de front.

Le convoi arrive à Debaltseve, ville stratégique sur la route entre les capitales rebelles de Donetsk et de Lougansk et l'un des points chauds du conflit malgré la trêve. Contrairement à l'aéroport de Donetsk, théâtre de combats depuis plusieurs mois entre l'armée et les séparatistes prorusses et vers lequel tous les regards sont tournés, de nombreuses localités comme celle-ci restent dans l'anonymat.
"La situation est sous contrôle", rassure Olexandre Krasnook en charge du secteur de Debaltseve.
Selon lui, ses soldats "ont subi 341 attaques entre le 18 novembre et le 22 décembre et pour préserver leur vie, les militaires ukrainiens ont été contraints de riposter".
"La vie reprend à Debaltseve, 65% des habitants sont rentrés chez eux", affirme pour sa part Olexandre Papaïona, responsable de la mairie.

L'un des barrages ukrainiens aux abords de Debaltseve est à 200 mètres des positions rebelles.
Depuis l'instauration d'un nouveau cessez-le-feu le 9 décembre, il a été l'objet de tirs à douze reprises, raconte le commandant du secteur Olexandre Krasnook.
Oleksiï qui monte la garde derrière des fortifications de pierres et de sacs de sable dit qu'il n'a vu qu'un seul journaliste en un mois.

Pour l'experte ukrainienne des médias, Natalia Ligatcheva, les voyages dans la zone de combat sont "utiles" mais insuffisants pour contrer la guerre médiatique menée contre l'Ukraine par la Russie, dotée de plusieurs chaînes publiques diffusant leurs programmes en anglais à l'étranger.
"L'Ukraine perd la guerre médiatique parce qu'elle n'y a pas été préparée et n'a pas réfléchi à des contre-mesures", explique Mme Ligatcheva qui conseille aux autorités de développer des chaînes anglophones mais surtout de laisser les journalistes couvrir la guerre de façon indépendante.

 

Lire aussi
La seule chaîne indépendante russe en péril

Porochenko accueille 145 militaires ukrainiens échangés contre des séparatistes

Sur l'Ukraine, le maître du Kremlin persiste et signe

Une vingtaine de journalistes étrangers enfilent leurs gilets pare-balle et montent à bord d'un véhicule blindé pour visiter la ligne de front dans l'est de l'Ukraine: Kiev tente de séduire et de contrer la puissante machine médiatique russe. Ce "voyage de presse" est une première pour l'armée ukrainienne depuis le lancement en avril de son "opération antiterroriste" dans l'Est...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut