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Moyen Orient et Monde - Liberté de la presse

La seule chaîne indépendante russe en péril

Délogée de ses locaux et quasiment privée d'antenne, Dodj tente tant bien que mal de résister.

Une présentatrice de nouvelles et un cameraman au studio-appartement investi par Dojd, seule chaîne TV indépendante en Russie. Naira Davlashyan/AFP

Une simple pièce, un bureau, une chaise haute et des lampes lumineuses fixées aux murs avec du scotch : la seule chaîne indépendante russe Dojd (Pluie), critique du Kremlin, émet désormais depuis un appartement, après avoir dû quitter ses locaux chics tout près du Kremlin. « Notre univers a été réduit à un appartement », déplore Maria Makeïeva, rédactrice en chef adjointe de la chaîne privée qui diffusait auparavant des dizaines d'émissions, mais qui se concentre désormais sur les bulletins d'informations. Cette chaîne, la seule qui couvrait en direct les manifestations d'opposition contre le régime du président Vladimir Poutine, a vu son étoile pâlir lorsqu'elle a perdu en janvier près de 80 % de ses quelque 15 millions de spectateurs, après avoir été privée d'antenne quasiment sur tout le territoire de Russie. En outre, les principaux opérateurs câblés du pays ont refusé de diffuser Dojd après une polémique concernant un sondage de la chaîne.

« Une ligne rouge »
En effet, la chaîne avait notamment demandé à ses téléspectateurs et internautes si les autorités soviétiques n'auraient pas dû livrer cette ville, devenue aujourd'hui Saint-Pétersbourg, à l'Allemagne nazie « pour sauver des centaines de milliers de vies », provoquant une vague de critiques dans le monde politique. Plusieurs médias ont qualifié le sondage de « blasphématoire ». Par conséquent, la direction de la chaîne s'est excusée pour la formulation « incorrecte » de la question et le sondage a été rapidement retiré du site de Dojd. Mais le porte-parole du président Vladimir Poutine, Dmitri Peskov, a déclaré que la chaîne « avait franchi une ligne rouge ». Et les ennuis ont commencé. En mars, le propriétaire des locaux spacieux qui abritaient les studios de Dojd a exigé le départ de la chaîne.
L'influence de Dojd en Russie est limitée, mais sa simple existence est déjà un défi au puissant univers des médias publics soutenant le régime de Vladimir Poutine, estiment des analystes.
« Dojd a présenté une alternative aux chaînes de télévision fédérales contrôlées par le Kremlin, en mettant l'accent sur le contenu des informations et en donnant la parole à l'opposition », avait déclaré le Comité de protection des journalistes (CPJ), basé à New York, en décernant en novembre le prix international de liberté de la presse à Mikhaïl Zygar, le rédacteur en chef de la chaîne. L'existence d'une chaîne qui parle ouvertement de la présence des soldats russes en Ukraine, pointée du doigt par Kiev mais catégoriquement démentie par Moscou, semble en effet gênante pour les autorités au moment où toutes les chaînes fédérales diffusent quasi quotidiennement des reportages sur les atrocités commises par les forces ukrainiennes.
Maria ANTONOVA/AFP

Une simple pièce, un bureau, une chaise haute et des lampes lumineuses fixées aux murs avec du scotch : la seule chaîne indépendante russe Dojd (Pluie), critique du Kremlin, émet désormais depuis un appartement, après avoir dû quitter ses locaux chics tout près du Kremlin. « Notre univers a été réduit à un appartement », déplore Maria Makeïeva, rédactrice en chef adjointe de...
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