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Nos Lecteurs ont la Parole - Mounir EL-KHOURY

Il y a un an, Nelson Mandela, icône de la paix

La disparition de Nelson Mandela, le héros de la lutte antiapartheid, le jeudi 5 décembre 2013, à l'âge de 95 ans à Johannesburg, en Afrique du Sud, a marqué tous les esprits. À l'époque, la presse du monde entier lui rend hommage : un « unificateur », un « géant politique », un « héros de notre époque », « champion de la liberté et de la réconciliation », un « modèle de courage, de lutte », un « symbole d'espérance »...
Le mardi 10 décembre, à l'immense stade de Soweto, là où il avait fait sa dernière apparition publique à l'occasion de la Coupe du monde de football en 2010, lors d'une cérémonie funéraire, organisée avant l'inhumation dans sa ville natale et ancestrale de Qunu, les chefs d'État du monde entier, Noirs, Blancs, Indiens, métis, pauvres, riches, petits, grands sont venus se recueillir et saluer le rayonnement universel de l'homme qui conduisit, sans haine ni esprit de vengeance, son pays vers la démocratie, et d'un héros de la nation pour son rôle décisif dans l'abolition, en 1994, du régime ségrégationniste d'apartheid.
Libéré en 1990, après 27 ans d'incarcération à l'île-prison de Robben Island, au large du Cap, avec des conditions de vie très dures, Nelson Mandela gagne son pari et réalise pour son pays l'abolition de l'apartheid. Avec son arrivée au pouvoir à la première élection présidentielle multiraciale de 1994, l'apartheid a disparu. En 1999, à la fin de son premier mandat à la présidence, et contrairement à tant de dirigeants dans le monde, il s'écarte et œuvre pour une deuxième élection présidentielle démocratique.
L'apartheid, qui était une doctrine visant à imposer à tous les niveaux de la société une stricte ségrégation raciale, a marqué l'Afrique du Sud, puisque ce régime distinguait la population sud-africaine suivant quatre couleurs de peau appelée « races » : Blancs, Indiens, métis et Noirs. Nelson Mandela, à travers le Congrès national africain (ANC), a mené dans les années 1960 une lutte armée puis une guerre froide pour abolir ce régime et a réussi à en précipiter la fin. Mandela restera dans l'histoire pour avoir négocié pied à pied avec le gouvernement de l'apartheid une transition pacifique vers une démocratie multiraciale, et pour avoir épargné à son peuple une guerre civile raciale qui, au début des années 1950, paraissait difficilement évitable.
Pour célébrer le départ de Mandela, larmes, chants, danses de tout un peuple se sont mêlés en l'honneur d'une icône de la paix. Lors de l'hommage officiel à Soweto, on pouvait remarquer dans les rangs des hôtes officiels, keffiehs, fez, boubous, costumes sombres, soutanes... reflets de l'universalité du prestige de l'homme. « Un des plus grands leaders de notre temps », affirmait le président Barack Obama, lui aussi premier président noir des États-Unis d'Amérique, lors de son discours à la cérémonie funéraire. Il ajoutait : « Il est difficile de faire l'éloge d'un homme, encore plus difficile de faire celle d'un géant de l'histoire qui a conduit une nation vers la justice. » « Il a réussi à garder son pays uni », affirmait-il. Le secrétaire de l'Onu, Ban Ki-moon, a salué en lui « une source d'inspiration » pour le monde entier. Le pape François a loué « l'engagement tenace, montré par Nelson Mandela, pour promouvoir la dignité humaine de tous les citoyens de la nation et forger une nouvelle Afrique du Sud basée sur les fermes fondations de la non-violence, de la réconciliation et de la vérité ».
Ce que nous avons appris de Nelson Mandela, ce les générations futures continueront à apprendre de lui, c'est ceci :
– L'annonce de son retrait de la vie politique officielle au terme de son premier mandat aura constitué une leçon pour de nombreux dirigeants dans le monde qui, ayant goûté une fois au pouvoir, s'accrochent jusqu'à ce qu'il les détruise ou jusqu'à ce qu'ils détruisent les pays qu'ils gouvernent.
– En 1995, Mandela apparaît sur le terrain de la finale de la Coupe du monde de rugby, et lance un courageux appel au pays pour qu'il s'unisse derrière une équipe sud-africaine composée en grande majorité de Blancs.
– Lors d'un meeting de campagne dans la banlieue de Johannesburg, la foule éprouve de vifs sentiments anti-Blancs. Brusquement, il s'arrête de parler. Il montre du doigt une femme blanche qui se tient debout parmi les participants, un peu en retrait. « Cette femme, là-bas, dit-il, avec un large sourire, elle m'a sauvé la vie. » Il l'invite à monter sur scène et l'embrasse chaleureusement. Cette femme était une infirmière qui l'avait soigné. Mandela réussissait à renverser l'humeur de la foule. Les grondements vengeurs se taisaient, noyés sous les murmures d'approbation.
– La magie « Madiba » – de son nom de clan – fait que, par son sourire désarmant, Mandela charme ceux qui l'approchent par sa simplicité et son apparente candeur. Son sourire heureux, on le sent, n'est pas destiné aux caméras. C'est un sourire qui vient du plus profond de l'âme, d'une âme d'une grande sagesse. L'immense sourire marque un grand instinct politique qui lui permet de dire des choses que d'autres ne pourraient pas dire et de garder quand même sa dignité.
Enfin, nous apprenons de lui que c'est par le dialogue, la négociation, la réconciliation et inévitablement aussi le pardon qu'il aura finalement atteint son but : l'édification d'un État biracial rompant avec trois siècles et demi d'apartheid et au sein duquel tous les citoyens sont politiquement égaux, même si la justice économique reste encore à faire.
Ce qui devrait frapper les Libanais et plus généralement les Arabes, ce sont les qualités de courage et d'humanité. Le courage, le vrai, consiste, comme ce fut le cas pour Mandela, à gagner son pari de vie, de développement et de progrès, dans le respect de l'autre et le rejet de tout esprit de domination, de toute effusion de sang.
Les générations futures pourront-elles forger un avenir meilleur en construisant un système de gouvernance basé sur l'équité, la justice et la protection de la liberté, donc de la pensée ? Pourront-ils éliminer toute distinction, à la Mandela, de race, de fortune, de religion, de confession et promouvoir tout ce qui est juste, vrai et beau ? Les futures générations libanaises porteront-elles le regard au loin et concevront-elles que le pari de vie réside dans le développement, le progrès, le respect mutuel, et par conséquent l'unité nationale ?

Mounir EL-KHOURY
Université libanaise

La disparition de Nelson Mandela, le héros de la lutte antiapartheid, le jeudi 5 décembre 2013, à l'âge de 95 ans à Johannesburg, en Afrique du Sud, a marqué tous les esprits. À l'époque, la presse du monde entier lui rend hommage : un « unificateur », un « géant politique », un « héros de notre époque », « champion de la liberté et de la réconciliation »,...

commentaires (3)

Une Icone , un résistant à l'apartheid , un combattant de la liberté , un libérateur de la parole , mais il a dit une chose qui a fait que aliyahou et les 40 voleurs n'ont pas apprécié au point de bouder sa mise à terre : "la fin de mon combat contre l'apartheid ne sera jamais complètement accompli sans la libération de la Palestine" . Et moi j'ajoute , quand on parle de l'Homme , le connait on vraiment ?

FRIK-A-FRAK

12 h 18, le 13 décembre 2014

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Commentaires (3)

  • Une Icone , un résistant à l'apartheid , un combattant de la liberté , un libérateur de la parole , mais il a dit une chose qui a fait que aliyahou et les 40 voleurs n'ont pas apprécié au point de bouder sa mise à terre : "la fin de mon combat contre l'apartheid ne sera jamais complètement accompli sans la libération de la Palestine" . Et moi j'ajoute , quand on parle de l'Homme , le connait on vraiment ?

    FRIK-A-FRAK

    12 h 18, le 13 décembre 2014

  • LES GRANDS HOMMES QUI SAVENT CONTRÔLER ET FREINER LEURS SENTIMENTS PERSONNELS POUR LE BIEN DE LEUR PAYS ! HÉLAS ! NOUS N'AVONS CHEZ NOUS QUE DES LILLIPUTIENS TOUS SORTIS DE L'ÉCOLE DE L'HÉBÉTUDE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 45, le 13 décembre 2014

  • Le Commandeur Nelson Mandela restera pour l’Éternité dans l’imaginaire de tous les Africains et de toute l’Humanité. Ce Rolihlahla "fauteur de trouble", dont l’abnégation souleva de fierté tous les monts du Cap et du Transkei, ce tétaniseur de racistes Pâles qui transgressa impassiblement cet Infect apartheid et mandata des militants de l’ANC aux quatre coins du Continent Noir, incarna dans sa solitude de Robben Island et de façon emblématique l’Héroïsme de l’Homme Mondial. D’ailleurs, au palmarès de l'intégrité, "ce Robin" des Bois Durs africains manqua sincèrement de concurrents. Les balances comparatives sont délicates à manier, certes. Mais d'autres Compagnons de la Liberté peuvent présenter des bilans aussi honorables maybe, ne serait-ce que parce qu'ils avaient disposé de plus de moyens.... de Défense Occidentale. Il n'empêche. Tout se passe comme si ce Nelson Amiral avait focalisé et cristallisé tout l’Honneur que peut provoquer un Fier et Libre Africanisme enfin porté à incandescence. Peut-être parce que sa Modestie se développa sans faux-semblant, son Patriotisme fut nu et le discours Fraternel sans litote. Il est déjà établi que, dans cet Arc-en-ciel Sud-Africain, tout ce qui s'opposa à cette volonté de Liberté relayée par la volonté de ce Divin Prince africain est enfin extirpé et anéanti ! Vaste programme en réalité en partie seulement accompli, car il n’était en réalité que Le Parfait Symbole et La Fondamentale Prémisse.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    06 h 32, le 13 décembre 2014

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