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Nos Lecteurs ont la Parole

Rien n’est plus évident


« Nous étions des poètes de la liberté, et c’est peut-être pour cela que nous avons échoué. Ainsi, quand nous sommes devenus indépendants, nous ne savions pas quoi faire de l’indépendance ou plutôt comment gouverner sans reproduire les vices de l’administration mandataire. » Extrait de Un siècle pour rien, Ghassan Tuéni, Albin Michel, p. 56, 2002.

À quoi bon exprimer un avis qui trahit son contenu et sa portée ? Comme tant de Libanais, Rabih s’autocensure pour ne pas initier la gêne de l’autre. Mais pourquoi rester offensé par des mots imprévus lorsqu’ils traduisent l’identité particulière et l’unicité de chacun de nous ? Cette manière de faire semble étrangement nouée à l’état catastrophique où la république se trouve, alors que tant parmi nous misent sur des concertations politiques pour saisir la suite. La dépendance aux intervenants extérieurs demeure prioritaire, vu l’abondance des cercles influençables et l’espace réduit des échanges délibérés, ouverts et constructifs.

La préservation du non-dit demeure une censure bien plus sollicitée que la clarté du franc-parler. Le jeune qui freine son élan pour exprimer son désaccord peut longtemps rester ainsi dans la forme propice, selon les critères de ses divers contextes. Il découvrira bien tard que son rôle de citoyen peine à se construire et à se confirmer à cause d’une culture systématique d’évitement.

Le processus difficile se situe entre convenir au report du faire-face et assumer ce qu’on souhaite vraiment.

Si le rapport aux aînés ne consiste uniquement qu’à l’exploration des convictions tacites, le dialogue conduira seulement à ne pas décevoir les attentes de maman, la parole de papa, les sous-entendus de l’aîné de la famille et les regards de divers milieux. Ceux qui parlent en nous depuis des générations façonnent encore des règles. La dévastation du 4 août et les ravages de nombreux terrains de vie confirment que rien ne semble plus évident. Une indépendance est indissociable de la constitution psychophysiologique d’une personne résolue qui participe à sa formation.

Allons réaliser par nous-mêmes sans devoir rester suspendus à l’impact des contextes multiples. Le pays du Cèdre a besoin de la participation créative de ses habitants, de l’essor de ses ressources naturelles, de l’amour et de la transparence afin de servir les réponses positives par la franchise et la foi en Dieu. C’est notre choix de continuer tels quels ou de changer. La mort lente perdure chez ceux qui parlent d’indépendance sans la vivre. Désormais, rien n’est plus évident que des pages à assumer pour réaliser un changement initié en soi d’abord.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

« Nous étions des poètes de la liberté, et c’est peut-être pour cela que nous avons échoué. Ainsi, quand nous sommes devenus indépendants, nous ne savions pas quoi faire de l’indépendance ou plutôt comment gouverner sans reproduire les vices de l’administration mandataire. » Extrait de Un siècle pour rien, Ghassan Tuéni, Albin Michel, p. 56, 2002.À quoi bon exprimer...
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