Les liens historiques et privilégiés entre le Liban et la France et le soutien multiforme de Paris à Beyrouth seront au centre de la visite officielle qu'entame demain le Premier ministre, Tammam Salam, sur les rives de la Seine.
M. Salam, qui doit notamment être reçu par le président François Hollande et le Premier ministre Manuel Valls, n'est pas porteur d'un agenda particulier. Les discussions devront cependant se concentrer sur trois axes essentiels :
1 – l'aide au Liban pour supporter le poids des populations déplacées syriennes ;
2 – les armes et les équipements que la France doit livrer à l'armée libanaise ;
et 3 – la crise présidentielle au Liban.
Sur le premier point, la partie libanaise veut compter sur Paris pour amener la communauté internationale à tenir ses promesses en matière d'aide aux réfugiés, mais aussi à prendre en compte le coût supporté par les infrastructures libanaises elles-mêmes – électricité, eau, hospitalisation, écoles, etc. – du fait de l'explosion de la demande de services suscité par la présence massive des populations déplacées.
S'agissant de l'aide à l'armée, les deux parties vont passer en revue les étapes franchies par la mise en œuvre de l'accord franco-saoudien, d'une valeur de 3 milliards de dollars.
On s'attend à un début prochain des livraisons d'armes parmi les stocks disponibles. Il restera cependant à attendre davantage pour les équipements qui sont pour le moment indisponibles dans les dépôts français et qui doivent être fabriqués.
Enfin, la question présidentielle sera naturellement au cœur des entretiens du fait du rôle grandissant que la France joue actuellement pour aider à créer les conditions permettant l'élection d'un chef de l'État au Liban.
(Lire aussi : Salam : Début « dans les prochaines semaines » de la livraison des armes françaises)
Il convient de noter que la visite de M. Salam en France interviendra à la suite des discussions que mène actuellement au Liban le directeur du département du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord au Quai d'Orsay, Jean-François Girault. Ce dernier, qui est en charge du dossier présidentiel libanais, a déjà rencontré hier une constellation d'interlocuteurs concernés et devait encore avoir un contact avec le Hezbollah.
Les efforts de M. Girault avaient été facilités récemment par un assouplissement de la position de l'Iran, lequel serait désormais, au même titre que l'Arabie saoudite, favorable à une dissociation du dossier présidentiel libanais des autres crises de la région. À ce sujet, un diplomate affirme qu'une décision ferme a été prise au niveau international de mettre un terme à la vacance présidentielle.
Une délégation du CPL du général Michel Aoun, qui s'était rendue à Paris avant la venue à Beyrouth de M. Girault, a pu se rendre compte des dernières données régionales et notamment de l'assouplissement de la position de Téhéran.
On estime d'ailleurs dans les milieux diplomatiques que c'est cet assouplissement, survenu en même temps que le rapprochement américano-iranien consécutif à la prolongation des pourparlers sur le nucléaire, qui a aussi permis d'envisager le début d'un dialogue entre le courant du Futur et le Hezbollah, dans lequel figurerait en force la question présidentielle.
De ce fait, on s'attend à ce que le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, soit le partenaire chrétien (invisible) dans le cadre de ce dialogue dès que le dossier présidentiel sera posé sur la table.
Pour en revenir à la visite de M. Girault, on souligne de sources politiques informées des contacts en cours que le responsable français n'avance pas de propositions déterminées, mais s'efforce seulement de rapprocher les points de vue autour du principe d'un candidat de consensus.
Merci,.... Monsieur "le Haut-Commissaire" !
08 h 07, le 10 décembre 2014