Le Liban va commencer à recevoir « dans les prochaines semaines » les armes françaises dont son armée a besoin pour faire face à la grave menace jihadiste, a déclaré le Premier ministre Tammam Salam à l'AFP avant de se rendre en France.
Tammam Salam entame demain mercredi une visite officielle à Paris au cours de laquelle il rencontrera vendredi le président François Hollande puis son Premier ministre Manuel Valls.
« Ça bouge, je suis très confiant », a-t-il confié à l'AFP dans son bureau du Grand Sérail en parlant de la prochaine livraison d'armes françaises. Celle-ci est prévue dans le contrat signé début novembre qui prévoit que l'Arabie saoudite finance à hauteur de trois milliards de dollars la fourniture d'armes par Paris à l'armée libanaise.
« Tous les accords ont été signés (...) Nous nous sommes mis d'accord à 90 % sur les types d'armes. La livraison doit commencer dans les prochaines semaines », indique M. Salam.
« Il y aura des hélicoptères et les armes nécessaires pour aider l'armée à vraiment se défendre contre les incursions et les attentats de l'extérieur, en particulier ceux des terroristes », souligne-t-il.
Interrogé sur les risques que présentent les jihadistes du groupe État islamique (EI), il affirme ne pas avoir « l'impression que le danger soit l'établissement du califat islamique au Liban ». « Non, le danger est qu'ils vont essayer d'affaiblir le Liban », selon lui.
Il souligne que l'armée libanaise, qui compte 70 000 hommes auxquels viendront s'adjoindre 10 000 recrues supplémentaires, « a montré jusqu'à présent une capacité de défense respectable ». Mais « nous avons besoin pour elle de beaucoup d'aides ».
(Pour mémoire : L’accord franco-saoudien d’aide militaire au Liban : exécution au premier trimestre de 2015 sur une durée de 10 ans)
Le dossier des jihadistes « au point mort »
Évoquant le dossier des otages militaires aux mains de l'EI et du Front al-Nosra, M. Salam affirme : « Dans cette affaire, je n'ai jamais dit que j'étais optimiste. C'est une situation très difficile qui nécessite beaucoup d'efforts de toutes les factions politiques, de tout le peuple, des familles des otages, des services de sécurité et des médias. »
Il reste, selon le Premier ministre, 16 policiers et militaires aux mains d'al-Nosra et 9 dans celles de l'EI, après la revendication vendredi de l'exécution d'un policier chiite, Ali Bazzal, par le Front al-Nosra.
Ces jihadistes « agissent d'une manière sauvage, ils tuent n'importe quand (...) Ils imposent ce type de terrorisme aux Libanais et il est difficile de savoir à l'avance ce qu'ils vont faire », dénonce M. Salam.
Il reconnaît que les pourparlers avec les ravisseurs sont au point mort. « Nous avons essayé de négocier avec eux (...) mais les choses sont très difficiles. » « Nous avons eu recours aux Turcs et aux Qataris. Les premiers n'ont rien fait et les Qataris ont essayé durant une période, mais cela n'a pas abouti. Dernièrement, j'ai moi-même contacté l'émir du Qatar, mais cela n'a pas bougé, confie-t-il. Puis nous avons négocié directement avec les ravisseurs par le biais de nos services de sécurité et du général Abbas Ibrahim (directeur général de la Sûreté générale), mais sans résultats concrets. »
M. Salam réfute l'idée que les épouses de deux dirigeants jihadistes – l'ex-femme du chef de l'EI Abou Bakr al-Baghdadi et l'épouse d'un commandant syrien de l'EI connu sous le nom d'Abou Ali al-Chichani – aient été récemment arrêtées « pour servir de monnaie d'échange dans les négociations ».
Elles « ont été suivies pendant quelque temps et les services de sécurité ont constaté qu'elles utilisaient, lors de leurs déplacements, des réseaux des cellules terroristes », explique-t-il.
Sur le plan politique, M. Salam estime qu'une solution pourrait être trouvée pour la vacance de la présidence de la République. « Il est clair que l'élection présidentielle au Liban est traditionnellement influencée par l'extérieur (...) J'ai le sentiment qu'un accord régional et international, pas nécessairement écrit, a facilité la formation du gouvernement actuel. Pourquoi ne pas en avoir un autre pour faciliter le scrutin présidentiel ? » se demande-t-il.
« La France a déjà montré un intérêt et a déjà agi dans la région avec d'autre pays pour nous aider à résoudre ce problème », affirme M. Salam.
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commentaires (7)
Merci encore Monsieur le Président Salam.
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
20 h 42, le 09 décembre 2014