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Liban

Un documentaire sur le martyre de plusieurs employées de maison au Liban primé

Il s'agissait « de dénoncer un système social », explique notre collègue Jeanine Jalkh, chargée de la production du film et de l'enquête.

« La fuite vers la mort », un documentaire sur les employées de maison au Liban diffusé sur al-Jazira. Capture d’écran

C'est l'histoire de Janice, employée de maison philippine qui décide de se suicider après sept mois passés au Liban ; l'histoire de Nour, indonésienne de 23 ans, battue par son employeur et qui se retrouve paralysée dans un lit d'hôpital ; l'histoire, aussi, de Onika, victime de harcèlement sexuel, et c'est l'histoire d'Alexandra qui décède dans un lit d'hôpital.


Ces histoires constituent La fuite vers la mort , un documentaire sur les employées de maison au Liban. Ce documentaire, souvent filmé en caméra cachée et qui était présenté avec 51 films dans la catégorie moyens métrages, a décroché le prix des droits de l'homme lors du Festival international du documentaire organisé par al-Jazira (Aljazeera International Documentary Film Festival) fin octobre.
Derrière ce film, se trouvent Mohammad al-Saedi, producteur exécutif, Ibrahim Darwish, responsable de la recherche, Ammar Tamimi, superviseur de production, deux assistants chercheurs, Nabil Maqadam et Obada Sawalha, mais aussi Jeanine Jalkh, journaliste à L'Orient-Le Jour, en charge de la recherche, de l'investigation, des interviews et de l'écriture du script du documentaire produit en 2013 par la société Noon Multimedia et diffusé sur al-Jazira la même année. « Al-Jazira a proposé que l'on fasse un travail d'investigation. Il y avait des rumeurs sur les décès des employées de maison au Liban, les chiffres étaient alarmants, il fallait savoir pourquoi les employées de maison se suicident et s'il s'agissait de vrais suicides », indique Jeanine Jalkh à L'Orient-Le Jour. « Il y a au Liban un problème de culture, de législation, de racisme, de mépris, tout cela fait que c'est un pays très mal coté au niveau du traitement des employées de maison », ajoute-t-elle.

 

(Lire aussi : Employés de maison : ce que facturent les agences)


Notre collègue et l'équipe de la société de production se sont lancées dans « un travail d'investigation et non de généralités », précise-t-elle « pour pouvoir dénoncer un système social ». L'équipe a suivi huit mois durant l'histoire de plusieurs employées de maison. « Nous avons fait le tour de la question à tous les niveaux, nous avons étudié les facteurs psychologiques, sociologiques, juridiques et économiques. Nous avons suivi chaque cas jusqu'au bout. »
Comme pour l'histoire d'Alexandra, « l'histoire choc de ce film », dit Jeanine. Transférée d'un hôpital privé vers un hôpital gouvernemental dans un état critique avec plusieurs fractures au niveau du dos, elle est incapable de parler. Alexandra, qui serait « tombée » du 7e étage, se contente de hocher la tête pour confirmer que son employeur l'a battue. Son employeur est un officier influent. « Assassin », parvient-elle à écrire sur un bout de papier.


Jeanine Jalkh a « alerté tout le monde pour dire que cette fille est en train de mourir lentement à l'hôpital ». Elle publie dans L'Orient-Le Jour l'histoire d'Alexandra qu'elle surnomme Maria. « Mais personne n'a rien fait », se désole-t-elle. Alexandra décédera à l'hôpital. « Jusqu'à aujourd'hui, sa famille m'appelle pour que justice soit faite, je ne sais pas quoi lui dire et personne ne répond », accuse-t-elle encore.
« J'ai investi en temps et en énergie, mais je me suis aussi investie psychologiquement. J'ai accompagné le drame de ses filles, je me suis sentie solidaire, je luttais contre une machine apathique. Ça m'a fait vraiment plaisir de recevoir le prix, mais le plus important est que les messages passent et que les Libanais réalisent le genre de traitement que l'on inflige parfois aux employées de maison, sans généraliser... »

 

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C'est l'histoire de Janice, employée de maison philippine qui décide de se suicider après sept mois passés au Liban ; l'histoire de Nour, indonésienne de 23 ans, battue par son employeur et qui se retrouve paralysée dans un lit d'hôpital ; l'histoire, aussi, de Onika, victime de harcèlement sexuel, et c'est l'histoire d'Alexandra qui décède dans un lit d'hôpital.
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