« Lors de son lancement officiel en janvier prochain, Speed sera le seul accélérateur de start-up au Liban », s'enthousiasme son nouveau directeur général Fadi Bizri.
Déjà directeur du programme Bader pour les jeunes entrepreneurs, il vient de remplacer son éphémère prédécesseur, l'Irlandais Tim Duggan. Ce dernier a en effet quitté ses fonctions seulement quelques semaines après sa nomination, pour des raisons non communiquées par les cofondateurs de cette nouvelle structure : l'incubateur Berytech, l'investisseur en capital risque Middle East Venture Partners (MEVP), le programme Bader et le réseau « Lebanon for Entrepreneurs ».
Services spécifiques et investissement au capital
Basé au Beirut Digital District (BDD), le programme quinquennal de Speed se décomposera deux fois par an en sessions d'accélération de trois mois. Chacune concernera une dizaine de start-up technologiques. « Idéalement, il s'agira d'accélérer le développement commercial et industriel d'un projet web et/ou mobile pour permettre son entrée optimale sur le marché. Les équipes doivent donc avoir déjà éprouvé leur idée avec un prototype ; mais nous ne nous interdisons pas l'acceptation de projets à un stade antérieur », explique Fadi Bizri.
Chacune des équipes disposera d'un ensemble de services allant du mentorat (commercial, technologique, juridique etc.), au travail collaboratif en passant par des présentations à des acteurs de la scène numérique internationale. Les plus prometteuses pourraient en outre bénéficier d'une phase ultérieure d'accélération à la Silicon Valley ou à Londres ; tandis que l'écrémage des moins performantes en cours de session n'est pas exclu. « L'une des leçons de mon expérience précédente à Seeqnce est qu'il vaut mieux consacrer l'essentiel de son temps aux meilleurs plutôt qu'à ceux qui sont à la traîne », justifie l'ancien directeur de ce programme d'accélération ayant fermé ses portes au printemps 2013.
La structure est dotée d'un budget global de cinq millions de dollars, dont la moitié a été apportée par Berytech et MEVP. L'autre est en cours de levée auprès de banques commerciales dans le cadre de la circulaire 331 de la Banque du Liban qui leur permet d'investir dans le capital de sociétés de « l'économie de la connaissance » tout en bénéficiant d'une garantie de leur exposition. À l'instar de la plupart de ses homologues étrangers, Speed se rémunère grâce à des prises de participation au capital de ses membres : chacun recevra entre 30 000 dollars et 45 000 dollars, en échange de 10 % à 15 % de son capital. Si des levées de fonds ultérieures auprès des fonds d'investissements technologiques gérés par Berytech et MEVP pourraient par ailleurs être facilitées par leur présence au conseil d'administration de Speed, aucune option contractuelle n'est prévue dans ce cadre.
Avantages comparatifs
La sélection des sociétés participantes à la session du printemps 2015 a déjà débuté sur le site Internet de Speed. Elle devrait reposer sur plusieurs critères, comme le potentiel commercial régional, voire international du projet et surtout les qualités décelées dans l'équipe qui le propose. « Elle doit rassurer sur la complémentarité de ses membres et leur capacité à mettre en œuvre une idée en répondant aux attentes du marché visé : à ce stade, une bonne idée ne suffit plus ! » ajoute le directeur général.
Autre critère fondamental pour rentrer dans les clous de la circulaire 331 : la localisation du siège social au Liban. « Mais le recrutement de Speed ne se limite pas pour autant aux seuls entrepreneurs libanais. L'écosystème du pays bénéficie d'avantages comparatifs certains, comme le flux de capitaux permis par la circulaire 331 ou une main-d'œuvre qualifiée et bon marché, qui devraient séduire des entrepreneurs de la région ou d'ailleurs. » Reste à savoir s'ils permettront à Speed de rivaliser avec ses homologues régionaux ; et en particulier les plus réputés d'entre eux comme l'égyptien Flat6Labs, le jordanien Oasis 500 ou l'émirati i360accelerator.
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