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Liban - Ces jeunes de la diaspora libanaise qui font parler d’eux

Rand Hindi, le jeune innovateur qui veut rendre les villes intelligentes

Le Français d'origine syro-libanaise Rand Hindi vient d'être élu meilleur innovateur français de l'année par le « MIT Technology Review ».

Rand Hindi, jeune informaticien français de mère libanaise, a été élu meilleur innovateur français de l’année par le «MIT Technology Review».

Il est né avec le WiFi et rêve d'hyperconnexion, avec l'interface graphique Windows et aspire à faciliter la vie de tout un chacun, avec l'écran tactile et voit dans les objets un potentiel interactif révolutionnaire à exploiter.
29 ans plus tard, Rand Hindi vient d'être élu meilleur innovateur français de l'année par le MIT Technology Review, la revue du célèbre Institut de technologie du Massachusetts.
Une ligne supplémentaire sur le CV – qui laisse déjà rêveur – de ce jeune homme, d'origine libanaise.


À 14 ans, il monte, avec un ami, Planet Ultra, un réseau social parisien sur lequel sont postées, organisées et partagées des photos de soirée. Un « projet amusant », dit-il à L'Orient-Le Jour.
À 21 ans, doté d'une licence en informatique, il attaque un doctorat à l'University College of London en bio-informatique, qu'il définit comme « tout ce qui touche à l'analyse de la donnée biologique, en utilisant des ordinateurs et des algorithmes informatiques ».
Il y a deux ans, le jeune homme, devenu Dr Rand Hindi, crée avec deux acolytes du même âge et également dotés de doctorats, Alexandre Vallette et Maël Primet, une start-up baptisée :Snips.
« Nous croyons que le monde n'est pas aléatoire. Nous croyons qu'il existe des motifs à découvrir et à utiliser pour améliorer tout ce qui fait notre quotidien. Nous pensons que le Big Data est la clé. ». Ainsi se définit :Snips, la Big Data faisant référence à la masse de données que nous produisons chaque jour.

 

(Lire aussi : Tony Fadell, le Libano-américain qui valait plus de 3 milliards de dollars)

 

Big data et algorithmes
:Snips propose de transformer cette masse de données, tellement colossale que les moyens de la traiter doivent être redéfinis, en solutions pouvant impacter la société. Comment ? Via des algorithmes.
« Nos algorithmes combinent les technologies de la Big Data avec la théorie des graphes pour identifier des facteurs cachés et sous-jacents des comportements urbains », explique-t-on encore sur le site de la start-up.
Il s'agit donc, à partir d'une analyse des données, de comprendre comment les individus et les villes interagissent, pour produire des solutions innovantes aux défis urbains.
Exemple : Tranquilien, une application créée par :Snips pour la SNCF, visant à prévoir l'affluence dans les trains. « Avec Tranquilien, nous avons utilisé nos algorithmes pour prédire le nombre de passagers dans les RER en Île-de-France », explique Rand Hindi. Pratiquement, cette application permet à un usager de savoir si le train qu'il compte prendre sera bondé ou non, et d'adapter son planning. Quiconque s'est retrouvé debout, écrasé dans la chaleur moite et odorante d'une rame, donc tout banlieusard, devrait apprécier le service à sa juste valeur.
Dans l'algorithme derrière Tranquilien entrent trois grandes familles de données : celles transmises par la SNCF (historique de l'affluence, équipements...), de l'open data, c'est-à-dire des données accessibles à tous (météo, jour de la semaine, attractivité d'une localité...) et les données transmises par les usagers eux-mêmes en temps réel.
:Snips a également produit une application pour prédire l'affluence au bureau de poste ou encore une app qui prévoit les risques d'accident en fonction de l'endroit où se trouve un conducteur et du moment de la journée. « L'idée étant, à terme, d'intégrer ces données dans des voitures connectées pour que le véhicule détecte automatiquement qu'il entre dans une zone dangereuse, avertisse le conducteur, voire ralentisse lui-même », explique Rand Hindi.

 

(Lire aussi : Liban : Bientôt une application pour aider les ambulanciers à localiser les victimes)

 

Une mère qui a du flair
Autant d'innovations qui ont permis au jeune Français d'origine libanaise de rafler le prix du MIT Technology Review, un prix déjà décroché, en 2013, par un Français, David Fattal, dont le père était né au Liban. « Avec l'origine libanaise vient une aisance sociale et une grande appétence pour l'entrepreneuriat, estime Rand Hindi. Quand on cumule ces traits avec un background très technique, ça donne un profil qui sort du lot. »
Il n'en demeure pas moins que derrière l'ascension du jeune homme, il y a beaucoup de travail, mais aussi une mère dotée d'un vrai flair. « Quand j'avais dix ans, ma mère m'a convaincu d'apprendre la programmation informatique. Elle qui pourtant travaillait dans la mode sentait que ce serait utile. » Rand Hindi s'est lancé dans le codage. « C'était comme si j'apprenais un nouveau langage, comme si j'étais capable de communiquer avec la technologie ». Il n'a plus jamais arrêté.


Aujourd'hui, le grand objectif de Rand Hindi est de rendre les villes intelligentes, ce qui passe par la compréhension, donc le recueil de données, l'analyse et la prédiction, via ses fameux algorithmes.
« On réalise aujourd'hui que nos villes sont très rigides – les trains passent à la même heure, les commerces ont les mêmes horaires – et qu'il y existe peu de possibilités d'individualisation. On pourrait imaginer des infrastructures plus intelligentes capables de capter, de comprendre ce que les individus veulent, et de s'y adapter. » Pour ce faire, il faut analyser les données et réinventer pour une meilleure gestion. « La technologie permet de trouver des solutions à pas mal de problèmes », assure l'informaticien.
Une approche qui pose toutefois la question de la protection des données privées dans un monde ultraconnecté. Mais pour le jeune innovateur, si les gens ont peur de l'exploitation des données, c'est parce qu'on leur montre les mauvais exemples. « Nous voulons montrer les bons exemples, et faire en sorte que l'individu récupère, in fine, le contrôle de ses données. »
Autre limite, plus poétique peut-être : si tout peut être analysé et prédit, quelle place restera-t-il à l'imprévu? « D'abord, nous ne sommes pas là pour dire aux gens quoi faire. Nos applications visent à aider les gens à faire au mieux ce qu'ils veulent faire. Ensuite, il existe une limite théorique à prédire un comportement individuel. Il restera toujours environ 20 % d'imprévu. Nous, nous ne cherchons qu'à améliorer les 80 % de routine quotidienne. »


Le prix MIT aidera assurément Rand à réaliser ses projets d'expansion, qui vont passer par le développement du côté business de sa start-up aux États-Unis. Mais pas question de quitter la France, car « c'est là que se trouvent les talents ».
Quid du Liban ? « Une grande partie de ma famille y réside et j'y viens en vacances. Mais côté travail, il faut d'abord se lancer là où les conditions sont réunies pour réussir à court terme. » Donc la France ou les États-Unis, plutôt que le Liban.
Le prix MIT apporte aussi quelque chose de moins palpable. « Ce prix est une validation que ce que nous faisons et que la technologie que nous développons ont de l'importance, et que nous ne sommes pas les seuls à le penser », explique le jeune homme.

 

(Lire aussi : Rafi Haladjian, entrepreneur franco-libanais et père de la Mother)

 

La solitude du geek
La solitude, revers de la médaille de l'innovateur geek ?
C'est probablement pour lutter contre ce sentiment que Rand Hindi a ouvert à Paris une antenne de Sandbox, un réseau d'un peu plus de 1 000 jeunes de moins de 30 ans, fondé en 2008 et se définissant ainsi : « A mobile society of the world's most extraordinary young game changers », une société mobile de jeunes créatifs extraordinaires voulant changer le monde.


Rand Hindi fait également partie du World Global Shapers, un réseau de jeunes gens exceptionnels dans leur domaine lié au forum économique mondial, et du Kairos Society, un réseau de jeunes entrepreneurs issus des meilleures universités. Mais c'est dans son « bac à sable » qu'il se sent le mieux. « Sandbox apporte tous les avantages du réseau, mais aussi quelque chose de moins tangible et de plus profond », explique Rand Hindi.
« Quand je suis rentré des États-Unis et que j'évoquais mes projets, mes amis me disaient : "Atterris mec, trouve un boulot comme tout le monde". Au sein du Sandbox, on me répondait : "Génial !". Sandbox est une communauté de gens qui n'ont pas peur d'avoir des idées folles, comme si tous les "misfits" se retrouvaient au même endroit. » Une communauté de mal adaptés brillants en somme.

 

(NDLR : Cet article a été corrigé le 25 août. Rand Hindi, présenté comme de père syrien et de mère libanaise, est en fait libanais de par ses deux parents)

 

Voir nos autres portraits dans la catégorie Les jeunes de la diaspora qui font parler d'eux

 

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