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Liban - Terrorisme

« Ces bons à rien du gouvernement doivent démissionner »

Ramez Bazzal a appelé le gouvernement à démissionner, assurant qu'il est incapable de calmer la colère des habitants de la Békaa. Pendant ce temps, l'État islamique a semé la terreur parmi les familles des otages en menaçant d'exécuter ces derniers.

Photo Wissam Ismaïl

Alors que le Qatar a officiellement annoncé, dimanche soir via un communiqué du ministère des Affaires étrangères, la fin de sa médiation, les parents des militaires pris en otage depuis plus de cinq mois par les groupuscules terroristes Daech et al-Nosra sont encore sous le choc depuis la mise à mort du soldat Ali Bazzal dans la nuit de vendredi soir. Endeuillées pour la quatrième fois, les familles des militaires se sont rendues hier au village natal du policier, Bazzaliyé dans la Békaa, pour présenter leurs condoléances. Dans la maison de Ali, sa maman, effondrée, a appelé les parents des otages encore en vie à ne plus continuer le combat et à rentrer chez eux. « Ils vont tous mourir l'un après l'autre ; l'État est traître », a-t-elle scandé entre deux cris de douleur, appelant le directeur de la Sûreté générale Abbas Ibrahim à mettre à mort les terroristes dans les prisons « comme il me l'avait promis ».

De son côté, Ramez Bazzal, le papa de Ali (27 ans), a confié à L'Orient-Le Jour qu'il était « très touché par le soutien des gens ». « Sans eux, cela aurait été plus difficile, a-t-il dit. Tout le Liban est aujourd'hui à nos côtés. » Appelant le gouvernement « des bons à rien » à démissionner, Ramez Bazzal a aussi appelé à l'arrestation du cheikh sunnite Moustapha Hojeiri, alias Abou Takiyyé, qui avait joué un certain temps le rôle de médiateur dans le dossier des otages et qui fait aujourd'hui l'objet d'un mandat d'arrêt pour ses affinités avec les ravisseurs. « Qu'ils exécutent à l'instant aussi Joumana Hmeid et Omar el-Atrache », a-t-il déclaré, en allusion aux deux terroristes détenus par les forces de l'ordre et dont al-Nosra avait auparavant revendiqué la mise en liberté en échange de la libération de Ali Bazzal.

(Pour mémoire : Le clan Bazzal contre-attaque : Aucun Syrien à Ersal ne nous échappera si Ali est tué)

L'exécution de Bazzal survient après l'arrestation par les autorités libanaises de Saja al-Doulaïmi et Ola al-Oqaïly, respectivement ex-femme du chef de l'EI Abou Bakr al-Baghdadi et épouse d'Anas al-Charkassi, un commandant jihadiste syrien. « L'arrestation de ces deux femmes n'était pas une erreur, a estimé Ramez Bazzal. Mais les négociations auraient dû être entamées directement. » Et d'ajouter : « Des responsables au sein du gouvernement ont voulu venir présenter leurs condoléances aujourd'hui, mais je leur ai fait savoir que le moment n'était pas convenable. La colère des gens ne se calme pas et je ne pourrai pas les retenir. Cela fait deux jours que la région entière est en proie à une rage violente. S'ils sont capables toutefois de me ramener le corps de Ali, ils sont les bienvenus. »

Blocage de routes à Beyrouth et au Nord

Après l'annonce de la mort de Ali Bazzal, des éléments armés s'étaient déployés vendredi soir dans certains villages chiites de la Békaa. Ils ont inspecté des voitures, vérifié l'identité de leurs occupants et enlevé brièvement des habitants sunnites de la région. Samedi également, les familles des otages ont isolé la capitale Beyrouth de ses banlieues en bloquant la route de Saïfi et le tunnel reliant le centre-ville de Beyrouth au port. « Nous annonçons une escalade à tous les niveaux. Nous appelons le gouvernement à accorder davantage de prérogatives aux responsables du dossier, notamment au directeur de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim, et au ministre de la Santé, Waël Bou Faour », ont-elles annoncé dans un communiqué.

Le blocage des routes s'est ensuite étendu jusqu'au Nord dans la région du Qalamoun, d'où est originaire le soldat enlevé Ibrahim Mghayt. En effet, pour mettre la pression sur le gouvernement mais aussi sur ces familles, l'État islamique avait menacé samedi matin de mort imminente l'adjudant Mghayt (voir son portrait ici) en envoyant un message téléphonique à son frère Nizam. La femme du soldat Khaled Mokbel a reçu quelques instants plus tard un coup de fil des ravisseurs, qui ont menacé d'exécuter l'ensemble des otages. Les proches d'Ibrahim Mghayt ont de ce fait immédiatement réagi en coupant l'autoroute du Qalamoun à l'aide de pneus enflammés dans une ultime tentative de lui épargner le même sort que Ali Bazzal et ses trois camarades. Hier cependant, l'autoroute du Qalamoun a été rouverte en fin d'après-midi.

(Lire aussi : Un responsable jihadiste menace de s'en prendre aux femmes et enfants des soldats libanais)

« Des médiateurs locaux nous ont rassuré quant au sort d'Ibrahim, et les voies de communication sont à présent ouvertes, a confié son frère Nizam à L'Orient-Le Jour. Mais si les menaces reprennent, nous bloquerons la route Qalamoun-Tripoli de nouveau. » Et de poursuivre : « Je ne sais pas pourquoi mon frère est le prochain sur la liste, mais cela nous fait peur. Al-Nosra a donné plusieurs avertissements mais a finalement exécuté Ali Bazzal sans prévenir. Le cabinet réuni assume la responsabilité de l'échec des négociations et l'histoire se rappellera du défaitisme du gouvernement qui a suivi la mise à mort de ses soldats sans réagir et sans même décréter une journée de deuil national. » « Par ailleurs, nous ne savons rien du médiateur qatari, mais nous pensons que le ministre Bou Faour s'est retiré de l'affaire et qu'il ne reste plus que le général Abbas Ibrahim qui y est impliqué », a-t-il conclu. Dimanche soir, le ministère des Affaires étrangères qatari a toutefois affirmé la suspension de ses efforts de médiation, annonçant que cette décision a été prise à la suite de l'exécution de Ali Bazzal par les ravisseurs.

La cellule de crise opte pour le secret

À Bazzaliyyé, si les éléments armés n'étaient plus visibles hier dans l'après-midi, les barrages de vérification des papiers d'identité étaient toujours là, les habitants de la localité assurant qu'ils ne laisseront passer aucune aide humanitaire vers Ersal, même s'ils ne comptent pas porter atteinte aux habitants de la ville. Samedi, dans une conférence de presse, des notables de Bazzaliyé et les parents de Ali Bazzal avaient fait en effet savoir qu'aucune aide ne pourra parvenir à Ersal, où des milliers de réfugiés syriens sont installés. « Il s'est avéré que les Syriens présents à Ersal ne sont pas des déplacés, mais une bande de terroristes qui ont attaqué nos soldats à la première occasion », avaient-ils dit, mettant en garde contre toute manifestation de soutien à ces « terroristes ».

« Si un autre militaire est mis à mort, notre revanche n'aura pas lieu à Ersal, mais au Grand Sérail, ont averti pour leur part hier les familles des otages à partir de Bazzaliyé. Nous appelons le Premier ministre Tammam Salam à prendre une décision courageuse et à nous ramener nos fils dans les jours qui viennent. » « Nous ne devons plus compter sur d'autres pays, mais sur nous-mêmes et notre gouvernement », ont-elles annoncé, pendant que les mères des otages assuraient qu'elles comptaient rejoindre les hommes de Daech et d'al-Nosra afin de rester auprès de leurs fils.

(Lire aussi : À Ras Baalbeck, l'EI et al-Nosra empêchent les habitants de se rendre sur leurs terres)

Samedi, le Premier ministre Tammam Salam a présidé une réunion extraordinaire de la cellule ministérielle de crise en présence de tous ses membres pour discuter des derniers développements. Au terme de cette réunion, les décisions prises par la cellule sont restées secrètes, la principale décision ayant porté sur l'obligation de respecter précisément le secret des négociations et d'observer le silence sur leur déroulement. Des sources informées ont pourtant rapporté des informations selon lesquelles le cabinet comptait poursuivre les négociations à travers le médiateur qatari Ahmad el-Khatib ou le ministre Bou Faour.

Le ministre de l'Intérieur Nouhad Machnouk avait pour sa part assuré samedi que le fait de rendre publics les noms des détenues proches des ravisseurs avait considérablement porté préjudice et compliqué l'épineux dossier des militaires enlevés. Ces femmes serviront à un éventuel échange contre les militaires enlevés, avait-il ajouté.


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commentaires (8)

Pleutre, hypocrite et sournois en sus donc d'être couard.

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

17 h 57, le 08 décembre 2014

Tous les commentaires

Commentaires (8)

  • Pleutre, hypocrite et sournois en sus donc d'être couard.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    17 h 57, le 08 décembre 2014

  • LE CALVAIRE DE CES MÈRES, PÈRES, SOEURS, FRÈRES, ÉPOUSES ET ENFANTS, DEPUIS DES MOIS EST COMPARABLE... SINON PIRE... QUE CELUI DE LA VIERGE MARIE ! QUE DIEU LEUR VIENNE EN AIDE... CAR LES "PONCE PILATE" ONT LAVÉ LEURS MAINS DE SANG EMPREINTES !

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 28, le 08 décembre 2014

  • Par son intervention contre la Saine Syrie, ce héZébbb a placé de facto l'armée dans ce sale guêpier et s'en lave les mains maintenant le petit couard !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    14 h 00, le 08 décembre 2014

  • ILS SONT AUSSI DES OTAGES... TOUT COMME LES SOLDATS OTAGES !

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 42, le 08 décembre 2014

  • Il n'y a malheureusement pas d'autre solution que de leur rentrer dans le lard , armee et resistance unies dans cette guerre aux salafisme binsaoudiques .

    FRIK-A-FRAK

    12 h 01, le 08 décembre 2014

  • "Appelant le gouvernement « des bons à rien » à démissionner." ! Même les ministrés Chïïtiques ; äaïynéééh ?

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    04 h 44, le 08 décembre 2014

  • Mais que font ce héZébbb et ses mollâhs Per(s)cés d'Iran ? Pourquoi n'agissent-ils pas, yâ hassértéééh !?

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    04 h 29, le 08 décembre 2014

  • dossier mal traité de la part de nos chers responsables, noyés dans des tergiversations qui n'ont fait que sacrifier 5 militaires inutilement. l'unique solution aurait été de lancer l'assaut pour libérer les détenus. au moins, ils ne seraient pas morts en vain, et on aurait pas mis en danger chaque soldat à chaque barrage dans ce pays. les Etats-Unis l'ont bien compris, ils ne négocient pas avec les terroristes.

    Tehini Michel / JOSEPH TEHINI & FILS

    04 h 18, le 08 décembre 2014

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