Abraham Lincoln est mort.
Qui l'a assassiné ? Qui a tué celui qui a restitué à la personne humaine sa dignité ?
Qui a tué celui qui a aboli le concept de colonisation de populations entières dans son propre pays ?
Qui a tué la victoire de l'homme sur le despotisme, sur l'exploitation sauvage de populations entières au service du lucre et au service d'une hégémonie mondiale ?
Il fallait comprendre, depuis, que le rêve américain n'est plus. Ce rêve est mort avec son président. Mais il aura bercé le monde pendant des siècles. Des siècles de grandeur et de puissance, de guerres mondiales assumées avec courage et savoir-faire et savoir agir. Mais maintenant que nous sommes en plein dans la triste réalité, cette vision irrationnelle du monde et de son peuple a outrepassé les frontières, dans la globalité de la... globalisation.
Maintenant ?... La colonisation sauvage et meurtrière, c'est chez les autres.
« Laissez-les s'entre-tuer », a-t-on entendu dire.
La fausse note, que seuls les grands maîtres peuvent se permettre et qui a consisté à omettre de faire la part de la « loi naturelle » dont tout être humain est tributaire. Les maîtres de ces projets, de ces plans macabres ont été aveuglés par leur orgueil, par leur mépris et par leur ignorance de ce qui fait un monde. S'il faut le rappeler, la « loi naturelle » relève de la condition humaine et sociale.
Laissez-les s'entre-tuer... Mais il en restera toujours assez pour vous manifester leur désespoir de voir tant de vies brisées, tant de destins démolis et des croyances millénaires disparues. Vous, et bien d'autres, êtes la cause de cette interpellation constante de l'absolu, qui disait être « seul maître de nos destinées ».
Ne faites pas aux autres ce que vous ne voudriez pas qu'on vous fasse.
Il y a un adage dans notre culture qui dit : « Ton jour viendra, oppresseur. »
Ne laissez pas cet adage avoir raison de vies innocentes, de vies d'enfants qui n'ont pas demandé de venir au monde. Un monde sans visage, qui n'augure pas, hélas, de lendemains qui chantent.
« Vos enfants ne vous appartiennent pas », nous avait avertis Gibran Khalil Gibran. Ils appartiennent à la vie, à leur propres existence. Il nous incombe à tous de leur assurer une vie sereine et du bonheur afin qu'ils puissent être acteurs et témoins dans la vie. Cela pourrait peut-être changer la face du monde que nous vivons.
Dommage, le rêve américain. Ce témoignage de vie dans le respect des grandes valeurs devenu un cauchemar ou espérance ?
Une espérance noyée dans une vallée de larmes et de chagrins qui passent, qui passent avec le temps. Et ça recommence !
Noha M. GEMAYEL INGEA