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À La Une - Yémen

Scènes d'horreur à Sanaa, théâtre d'un attentat anti-chiite

"Le risque" d'un conflit armé ouvert entre el-Qaëda et les rebelles chiites "est grand et ne cesse d'augmenter".

A Sanaa, des membres de la communauté houthie, évacuent une victime d'un attentat sanglant, le 9 octobre 2014. REUTERS/Khaled Abdullah

Deux attentats suicide portant la marque d'el-Qaëda, dont l'un a visé des chiites, ont fait au moins 67 morts jeudi au Yémen, pays empêtré dans une crise politique qui menace de se transformer en guerre civile. L'aggravation des violences tombe au plus mauvais moment pour le président Abd Rabbo Mansour Hadi, qui n'a pas pu imposer le Premier ministre Ahmed Awad ben Mubarak qu'il avait nommé mardi.

A Sanaa, un attentat commis par un kamikaze portant une ceinture d'explosifs -un mode d'action dont el-Qaëda est familier- a visé un rassemblement de partisans des rebelles chiites sur la place Tahrir.
Le dernier bilan, communiqué par le ministère de la Santé, fait état de 47 morts et 75 blessés. Il s'agit de l'attaque la plus sanglante depuis que le réseau extrémiste sunnite a menacé d'une guerre sans merci les rebelles chiites houthis du mouvement Ansaruallah qui se sont emparés de la capitale le 21 septembre.

Un photographe de l'AFP, présent sur place, a décrit des scènes d'horreur, avec des corps déchiquetés par des billes d'acier qui ont été mélangées à l'explosif, et des civils pris de panique courant dans tous les sens.
Il a indiqué avoir vu les corps inanimés de quatre enfants parmi ceux ensanglantés d'autres victimes.

 

(Lire aussi : Confusion au Yémen au lendemain de la nomination contestée d'un PM)

 

Le bilan de l'attentat -le plus meurtrier depuis mai 2012 à Sanaa où une centaine de soldats avaient péri dans une attaque suicide d'el-Qaëda- n'a cessé de grimper dans la journée. Les hôpitaux de Sanaa ont lancé des appels à des dons de sang et rappelé leurs personnels en congé pour soigner les blessés.

"Le risque" d'un conflit armé ouvert entre el-Qaëda et les rebelles chiites "est grand et ne cesse d'augmenter", a déclaré à l'AFP April Longley, spécialiste du Yémen à l'International Crisis Group.
"el-Qaëda a ouvertement appelé à davantage d'attaques et il faut s'attendre à en voir plus", a-t-elle souligné. El-Qaëda, bien implanté dans le sud et le sud-est du Yémen, s'était adressé fin septembre aux sunnites, majoritaires au Yémen, pour leur demander de l'aider à combattre les rebelles, adeptes du zaïdisme, une branche du chiisme. "Vous allez voir vos têtes voler", avait menacé el-Qaëda, dans un communiqué adressé aux rebelles, accusés de liens avec l'Iran, ennemi juré du réseau extrémiste.

 

par ailleurs, dans le sud-est du pays, vingt soldat ont été tués et 13 autres blessés dans un attentat suicide à la voiture piégée, attribué par l'armée à el-Qaëda, contre un barrage de l'armée près de Moukalla, selon un responsable militaire.

 

(Pour mémoire : Yémen : les combats armés s'approchent du palais présidentiel)

 

Un président fragilisé

Les attentats ont été commis quelques heures après que le président yéménite a accepté la démission d'un Premier ministre qu'il venait tout juste de nommer. Selon l'agence officielle Saba, le président a accédé à une demande du Premier ministre Ahmed Awad ben Mubarak d'être relevé de sa mission "dans le but de préserver l'unité nationale et de protéger le pays contre les divisions".

En fait, Abd Rabbo Mansour Hadi a cédé à la pression du chef des rebelles chiites Abdel Malek al-Houthi. Celui-ci avait menacé mercredi soir d'organiser une manifestation monstre jeudi à Sanaa pour contraindre le chef de l'Etat à "corriger la faute" qui a consisté, selon lui, à nommer M. ben Mubarak Premier ministre.

L'agence officielle a d'ailleurs précisé que M. Hadi avait renoncé à cette nomination contre l'engagement des rebelles d'annuler leur manifestation. Cette nouvelle concession du président fragilise son pouvoir face aux rebelles chiites, auxquels il a déjà cédé en rectifiant une hausse des prix du carburant et en remerciant l'ancien gouvernement.

"La décision (du président Hadi) de nommer M. ben Mubarak a été une surprise et une faute politique de taille", a estimé April Longley. "M. ben Mubarak a plusieurs bonnes qualités mais ne jouit pas d'un large soutien politique, tel que demandé par l'accord de paix" du 21 septembre, conclu sous l'égide de l'ONU, qui avait mis fin aux combats à Sanaa entre rebelles et forces de l'ordre, selon elle. L'experte a mis en garde contre une prolongation des marchandages politiques. "Plus le processus de consultations prendra du temps, plus on aura des évènements qui viendront saborder l'accord de paix".

 

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