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À La Une - Syrie

Les jihadistes de l'EI avancent dans Kobané

La Turquie refuse d'envoyer des soldats ; les frappes contre l'EI continuent.

La coalition internationale a mené jeudi cinq frappes contre différents éléments de l'Etat islamique au sud de Kobané, la ville syrienne kurde qui risque de tomber face à l'avancée des jihadistes. AFP PHOTO / ARIS MESSINIS

Les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) continuaient jeudi à avancer vers le centre de Kobané après avoir pris un tiers de la ville kurde syrienne, pour laquelle la Turquie voisine refuse d'envoyer des troupes.

"Malgré une résistance acharnée des forces kurdes, l'EI a avancé durant la nuit et s'est rendu maître de plus d'un tiers de Kobané", a affirmé à l'AFP le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) Rami Abdel Rahmane. "Les jihadistes se sont emparés de l'immeuble des Assayech (force de sécurité kurdes) dans le nord-est de la ville", a-t-il ajouté, faisant état de la mort d'un de ses chef et plusieurs de ses hommes.
Toujours dans l'est de la ville, l'EI se rapproche, selon l'OSDH, de ce qui est appelé "le carré de sécurité", où se trouvent des bâtiments officiels et le commandement des Unités de protection du peuple (YPG, la milice kurde). 

Les combattants kurdes continuent de contrôler la majeure partie de Kobané, a néanmoins indiqué l'armée américaine. "Les milices kurdes continuent de contrôler la majeure partie de la ville et résistent face au groupe EI", a affirmé le commandement américain chargé du Moyen-Orient et de l'Asie centrale (Centcom) dans un communiqué jeudi. Il a ajouté que cinq frappes avaient été menées contre différents éléments de l'EI au sud de Kobané.

Une journaliste de l'AFP postée côté turc de la frontière a vu jeudi quatre frappes aériennes, dont deux ayant visé un même objectif situé au sud-ouest de la ville (Aïn el-Arab en langue arabe). Des épaisses fumées étaient visibles au-dessus de la ville et des violents échanges de tirs audibles.


(Lire aussi : Kurdes, ils quittent l'Europe pour rejoindre les peshmergas)

 

L'EI "ne plante plus de drapeaux"
Depuis lundi, la troisième ville kurde de Syrie est le théâtre de combats de rue acharnés. Le rapport de force est cependant défavorable aux Kurdes, l'EI possédant des véhicules blindés et des armes sophistiquées.
Profitant de la guerre civile en Syrie, le groupe ultra-radical a réussi à s'emparer de larges pans de territoires dans le Nord et l'Est. Il contrôle en outre de grandes zones dans l'Irak voisin, où il a lancé une offensive fulgurante il y a exactement quatre mois, entraînant des raids aériens américains le 8 août.

Les combattants kurdes qui défendent Kobané savent désormais qu'ils ne devront compter que sur leurs propres forces car Washington a reconnu que les bombardements aériens ne suffiront pas à sauver la ville. Il faudrait des troupes "compétentes", comme des combattants rebelles en Syrie, selon le porte-parole du Pentagone, le contre-amiral John Kirby.
Le plus haut gradé américain, le général Martin Dempsey, a de son côté souligné que les jihadistes avaient changé de tactique pour s'adapter aux frappes que les Etats-Unis mènent en Syrie depuis le 23 septembre.
"Ils ne plantent plus de drapeaux, ne se déplacent plus dans de longs convois comme ils le faisaient avant (...) Ils n'établissent pas de quartiers généraux qui sont visibles", a-t-il indiqué à la chaîne américaine ABC.

 

Face aux jihadistes, les Kurdes ne peuvent pas non plus compter sur la Turquie. Le refus d'Ankara d'intervenir en Syrie a provoqué des émeutes meurtrières dans des provinces à majorité kurde de Turquie ces derniers jours. Malgré le couvre-feu militaire imposé mercredi dans six provinces à majorité kurde, des incidents violents ont encore opposé dans la nuit dans de nombreuses villes la police et des manifestants kurdes. Les combats entre Kurdes et islamistes ont aussi un écho en Europe, où de nouveaux incidents ont eu lieu entre les deux camps dans la nuit en Allemagne.

 (Lire aussi : La bataille de Dabiq, symbole fort de la cause jihadiste)

 

Un haut-gradé américain à Ankara
Le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu a jugé jeudi qu'il n'était "pas réaliste" d'envisager que la Turquie mène seule une intervention militaire terrestre contre l'EI. Malgré le feu vert du Parlement turc à une opération militaire contre l'EI, Ankara refuse d'épauler les combattants des YPG. Ankara redoute de surcroît que les frappes de la coalition ne renforcent le régime du président syrien Bachar el-Assad, sa bête noire.

Les Etats-Unis ont exprimé leur frustration devant les réticences de la Turquie à lutter contre l'EI, et pour tenter de la convaincre, Washington a dépêché jeudi et vendredi à Ankara le coordonnateur de la coalition, le général John Allen.

Les deux pays se sont par ailleurs indirectement accrochés sur l'opportunité de créer une zone tampon entre la Syrie et la Turquie pour protéger les personnes déplacées. Ankara a maintes fois plaidé pour et a reçu mercredi le soutien de Paris. Mais la Maison Blanche et l'Otan affirment qu'une zone tampon n'est pas à l'ordre du jour. Moscou a de son côté estimé jeudi que toute création d'une zone tampon dans le nord de la Syrie nécessite un feu vert du Conseil de sécurité de l'Onu.

S'ils réussissaient à conquérir Kobané, les jihadistes s'assureraient la maîtrise sans discontinuité d'une longue bande de territoire à la frontière syro-turque. Depuis le début de l'offensive jihadiste pour prendre la ville, le 16 septembre, plus de 400 personnes ont péri selon l'OSDH, et 30 000 habitants de la région ont pris la fuite, dont plus de 200 000 en Turquie.

Par ailleurs, un père franciscain capturé en Syrie par le Front Al-Nosra, branche syrienne d'el-Qaëda engagée dans la guerre contre le régime, a été relâché mais placé en résidence surveillée, a indiqué l'ordre franciscain sur son site Internet.

 

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Les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) continuaient jeudi à avancer vers le centre de Kobané après avoir pris un tiers de la ville kurde syrienne, pour laquelle la Turquie voisine refuse d'envoyer des troupes."Malgré une résistance acharnée des forces kurdes, l'EI a avancé durant la nuit et s'est rendu maître de plus d'un tiers de Kobané", a affirmé à l'AFP le...

commentaires (5)

La situation des troupes turques rappelle étrangement Celles de Staline stationnées aux portes de Varsovie pendant l’insurrection. Il est possible que la Turquie attende l’anéantissement des Kurdes de Syrie pour prendre part aux combats. Ceci malgré la complainte d’un quart de sa population qui assiste au massacre de ses frères par delà la frontière. Constat flagrant: Les troupes d’Assad n’ont jamais sérieusement affronté l’EI depuis le Début de la guerre Civile. Ceci renforce l’Idée d’une alliance entre l’EI et le Régime Assad ; sans doute comparable a celle de l’EI avec les islamistes d’Erdogan. L’adhésion du Qatar et de la Turquie à la coalition occidentale a du se négocier au détriment des kurdes de Syrie avec de possibles contreparties territoriales pour la Turquie en cas d’invasion massive par ses troupes. Il reste peu d’habitants à Kobané Mais si L’EI l’emporte, la défaite des Kurdes résonnera comme un camouflet pour la coalition par sa fragilité, et ses luttes de conflits d’influences aux enjeux cyniques. Il faut que la coalition se mobilise pour Kobané . Le Véritable enjeu est celui de l’image. Pour tarir le recrutement de l’EI aucune défaite n’est souhaitable.

ANDRE HALLAK

21 h 27, le 09 octobre 2014

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Commentaires (5)

  • La situation des troupes turques rappelle étrangement Celles de Staline stationnées aux portes de Varsovie pendant l’insurrection. Il est possible que la Turquie attende l’anéantissement des Kurdes de Syrie pour prendre part aux combats. Ceci malgré la complainte d’un quart de sa population qui assiste au massacre de ses frères par delà la frontière. Constat flagrant: Les troupes d’Assad n’ont jamais sérieusement affronté l’EI depuis le Début de la guerre Civile. Ceci renforce l’Idée d’une alliance entre l’EI et le Régime Assad ; sans doute comparable a celle de l’EI avec les islamistes d’Erdogan. L’adhésion du Qatar et de la Turquie à la coalition occidentale a du se négocier au détriment des kurdes de Syrie avec de possibles contreparties territoriales pour la Turquie en cas d’invasion massive par ses troupes. Il reste peu d’habitants à Kobané Mais si L’EI l’emporte, la défaite des Kurdes résonnera comme un camouflet pour la coalition par sa fragilité, et ses luttes de conflits d’influences aux enjeux cyniques. Il faut que la coalition se mobilise pour Kobané . Le Véritable enjeu est celui de l’image. Pour tarir le recrutement de l’EI aucune défaite n’est souhaitable.

    ANDRE HALLAK

    21 h 27, le 09 octobre 2014

  • PRENNENT-ILS KOBANE... POUR... COPA CABANA ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 35, le 09 octobre 2014

  • Vous vous rendez compte qu'on lit : la coalition frappe , les daechistes avancent sur Kobane ....c'est fou non ? je pense qu'il faudrait une bonne fois pour toute titrer : les frappes us ont accelere l'avancee des daechistes. Ca serait plus approprie et surtout plus honnete.

    FRIK-A-FRAK

    16 h 49, le 09 octobre 2014

  • Le site de la Voix du Kurdistan vient de publier, photo à l'appui, une information, qui fait état de la mort du chef de Daech, dans des combats, à Kobani! "Il serait tombé, dans la banlieue de la ville, au cours de violents combats entre les combattants kurdes et les terroristes de Daesh. Cette source affirme que le corps de Baghdadi est entre les mains des forces kurdes, et que les opérations d'identification sont en cours".

    FRIK-A-FRAK

    14 h 39, le 09 octobre 2014

  • Sans intervention au sol , l'EI contrôlera toujours Kobané.

    Sabbagha Antoine

    13 h 20, le 09 octobre 2014

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