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Liban - L’éclairage

Le Liban attend toujours de remonter sur l’échelle des priorités régionales

L'activité diplomatique intense déployée ces dernières semaines à l'extérieur, dans un périmètre qui a englobé Moscou, Paris, Riyad et Téhéran, en vue de mettre au point un compromis politique pour le Liban commençant par l'élection d'un président de la République et comprenant la prorogation de la législature, la consolidation de la scène intérieure et la fourniture d'aide à l'armée et aux forces de sécurité libanaises, n'a donné aucun résultat jusqu'ici, s'il faut en croire un diplomate libanais qui a suivi les démarches faites en ce sens.


Les émissaires occidentaux qui ont eu l'occasion de se réunir avec des dirigeants saoudiens et iraniens à Riyad et à Téhéran ont pu ainsi constater que le Liban ne figure toujours pas en tête de l'échelle des priorités des puissances concernées et que la seule chose en rapport avec ce pays qui les intéresse à ce stade, c'est grosso moto le maintien de sa stabilité.


Tant que celle-ci continuera à être assurée, on peut considérer d'une certaine façon qu'il n'y a pas le feu. Or cet état de fait n'incite pas les deux capitales régionales à accorder beaucoup d'intérêt à la crise présidentielle libanaise, d'autant plus que leurs préoccupations vont davantage à l'heure actuelle aux dossiers « chauds » de la région, et plus particulièrement à la crise irakienne, la guerre déclenchée contre les jihadistes, l'expansionnisme de l'« État islamique » (EI, ex-Daech), notamment en Syrie, et à la situation au Yémen.
Les émissaires occidentaux ont donc quitté Riyad et Téhéran en ayant le sentiment que ces capitales sont jusqu'ici rassurées par le fait que les protagonistes politiques au Liban respectent le seuil au-delà duquel la stabilité du pays pourrait être remise en question, et qu'il n'y a pas lieu alors de se hâter à élaborer des package deals pour ce pays.


Mais dans le même temps, les diplomates occidentaux se disent stupéfaits par l'attitude des parties libanaises concernées et leur incapacité à se mettre d'accord entre elles sur la présidentielle. Et ces diplomates de cibler tout spécialement les leaderships chrétiens, censés unifier leurs positions conformément à l'appel de Bkerké.
Un de ces diplomates déplore cette absence de progrès sur le front de l'élection présidentielle et se dit inquiet des retombées possibles sur le Liban de la guerre déclenchée par la coalition internationale contre Daech et ses sœurs jumelles. Il fait d'ailleurs remarquer que les parties régionales ne se contentent pas de considérer actuellement le Liban comme un théâtre secondaire. Certaines l'utilisent comme carte de pression, et c'est cela qui entrave surtout la solution à la crise présidentielle.


Pour un responsable arabe, c'est l'Iran qui est essentiellement visé. Ce dernier a, en effet, essuyé un revers important en Irak avec le départ de l'ancien Premier ministre Nouri al-Maliki, puis sa position en Syrie s'est affaiblie avec la perte par son protégé, le régime syrien, de territoires supplémentaires pris par Daech et les autres groupes, et, enfin, a reçu un coup sévère avec son exclusion de la coalition internationale.
Face à ces revers, la République islamique s'efforce de procéder à une escalade destinée à montrer qu'elle est toujours présente dans la région et qu'il est nécessaire pour la communauté internationale de traiter avec elle. C'est dans ce cadre qu'il faut inclure la récente visite à Beyrouth d'un haut responsable iranien, Ali Chamkhani, venu annoncer la disposition de son pays à se joindre aux efforts d'équipement et d'armement de l'armée libanaise. Beyrouth devrait clarifier sa position à ce sujet à la suite de la visite que le vice-président du Conseil et ministre de la Défense, Samir Mokbel, est appelé à effectuer prochainement à Téhéran.
Dans les milieux du 8 Mars, on note que le rapprochement entre l'Arabie saoudite et l'Iran a bel et bien commencé, surtout après la réunion tenue la semaine dernière à New York par les ministres des Affaires étrangères des deux pays, Saoud el-Fayçal et Mohammad Javad Zarif. On s'attend d'ailleurs à une visite prochaine de M. Zarif à Riyad.


Il reste cependant que de nombreux dossiers complexes attendent les deux pays et devraient faire l'objet d'un accord entre eux avant que l'on n'arrive à la question libanaise. Voilà pourquoi on ne devrait pas lier automatiquement le début du rapprochement saoudo-iranien avec la solution de la crise présidentielle au Liban, souligne-t-on de même source.
De même, un dirigeant du 14 Mars relève pour sa part que les rapports entre Riyad et Téhéran n'ont pas encore atteint un niveau qui permettrait de parler d'un compromis au Liban. Et de son côté, un diplomate occidental indique que si les relations ont redémarré entre les deux pays, ce n'est pas encore le cas pour la confiance réciproque.
Toujours est-il que la vraie question aujourd'hui est de savoir à quel moment le dossier libanais sera considéré comme prioritaire. Autrement dit, un accord sur l'Irak sera-t-il suffisant pour cela, ou bien faudra-t-il attendre que le problème syrien soit réglé lui aussi au cas où l'Iran décide d'utiliser la carte libanaise afin d'améliorer la position de son allié assadien ?
De la réponse à cette question dépend en grande partie le sort la vie politique libanaise dans les prochains mois.

 

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