Un mémorial pour les victimes du vol MH17, à l'aéroport de Schiphol à Amsterdam, le 9 septembre 2014. AFP PHOTO / ANP / REMKO DE WAAL
Le Boeing de Malaysia airlines du vol MH17, qui s'est écrasé à la mi-juillet dans l'est de l'Ukraine contrôlé par les séparatistes prorusses, a été abattu en vol par "un grand nombre de projectiles à haute vitesse", ont affirmé mardi les enquêteurs néerlandais.
Kiev et les Occidentaux ont accusé les rebelles d'avoir abattu le Boeing en tirant un missile sol-air, alors que Moscou a évoqué de son côté un missile tiré par un avion militaire ukrainien. Le crash a fait 298 victimes, dont 193 Néerlandais.
Ce premier rapport des enquêteurs ne donne toutefois aucune indication sur la nature des "projectiles" ni sur leur origine.
Le Boeing 777-200 s'est "disloqué en vol, en raison probablement de dégâts structurels causés par un grand nombre de projectiles à grande vitesse qui ont pénétré dans l'avion depuis l'extérieur", a soutenu le Bureau d'enquête néerlandais pour la sécurité (OVV), chargé de l'enquête. "Il n'y a aucune indication selon laquelle le crash a été causé par une défaillance technique, ou par les actions de l'équipage", qui était "qualifié et expérimenté", a assuré l'OVV.
Ce rapport est publié au lendemain de l'adoption de nouvelles sanctions européennes contre Moscou, accusé par les Occidentaux d'intervention directe dans le conflit au côté des rebelles.
L'un des principaux chefs des séparatistes prorusses de l'est de l'Ukraine a réaffirmé mardi que les rebelles ne disposaient pas d'armes ayant la capacité d'abattre un Boeing. "Je ne peux dire qu'une chose: nous n'avons tout simplement pas d'équipement technique capable d'abattre un Boeing, et donc, cet avion malaisien", a déclaré Alexandre Zakhartchenko, "Premier ministre" de la République populaire autoproclamée de Donetsk, à l'agence de presse russe Interfax.
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Situation tendue sur le terrain
Sur le terrain, la situation restait tendue mardi dans l'est de l'Ukraine malgré la poursuite du dialogue de paix entre les présidents ukrainiens Petro Porochenko et russe Vladimir Poutine.
Quatre soldats ukrainiens ont d'ailleurs été tués depuis l'entrée en vigueur vendredi d'un cessez-le-feu décidé entre Kiev et les séparatistes.
L'aéroport de Donetsk, chef-lieu de la rébellion prorusse dans l'est de l'Ukraine, a été à quatre reprises la cible de tirs au lance-roquettes Grad dans la nuit de lundi à mardi, a annoncé Kiev qui a fait état d'autres attaques contre les positions ukrainiennes dans la région de Donetsk. Le quartier Kievski de Donetsk proche de l'aéroport, contrôlé par les forces ukrainiennes, a subi des tirs d'artillerie dans la nuit qui ont blessé une femme, selon la mairie.
(Repère : Six questions sur la destruction en vol du Boeing de Malaysia Airlines en Ukraine)
Fin abrupte
Fondé sur les éléments tirés des boîtes noires de l'appareil, de photos, vidéos, ou de données des autorités aériennes ukrainiennes et russes, le rapport assure que le vol MH17, qui avait décollé d'Amsterdam-Schiphol peu après 12H00 (10H00 GMT) avec 298 personnes à bord s'est déroulé "comme prévu" avant de prendre fin "de manière abrupte" quelques heures plus tard.
Une explosion en vol explique "la fin abrupte de l'enregistrement des données sur les boîtes noires, la perte de contact avec les contrôleurs aériens et la disparition simultanée de l'appareil sur les radars", a également assuré l'OVV. "Romeo November Delta, Malaisian one seven" fut la dernière communication de l'appareil avec les contrôleurs aériens à 13H19 et 56 secondes GMT.
Les inspecteurs néerlandais ayant rédigé ce rapport ne se sont pas rendus sur les lieux du crash dans l'est de l'Ukraine, estimant que leur sécurité n'y était pas assurée."Une enquête complémentaire" sera nécessaire avant la publication du rapport final, qui est attendu pour l'été 2015, affirme l'OVV.
A la suite de la catastrophe, les corps d'une majorité des victimes avaient été transportés aux Pays-Bas pour y être identifiés. Près de 200 d'entre elles ont pour l'instant retrouvé leur nom.
L'onde de choc qu'a provoqué le drame avait conduit les Européens, jusque-là divisés, à adopter avec les Etats-Unis des sanctions économiques contre Moscou sans précédent depuis la Guerre froide.
L'UE méfiante mais prête à faire marche arrière
Un "protocole" de cessez-le-feu en douze points a été scellé vendredi à Minsk entre Kiev et les rebelles prorusses pour mettre fin à cinq mois d'un conflit qui a fait plus de 2.700 morts et un demi-million de réfugiés et déplacés, selon les derniers chiffres de l'ONU.
L'un des points les plus sensibles de l'accord touche au statut spécial des régions séparatistes de l'Est de l'Ukraine, et le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a appelé mardi à l'ouverture rapide des discussions.
(Lire aussi : Poutine et Porochenko d'accord pour poursuivre le dialogue sur la paix)
L'Union européenne, méfiante à l'égard du Kremlin, a décidé lundi d'adopter une nouvelle série de sanctions économiques tout en se laissant une porte de sortie. "En tenant compte de la situation sur le terrain, l'UE est prête à revoir les sanctions approuvées dans leur totalité ou partiellement", a déclaré le président du Conseil européen, Herman van Rompuy, à l'issue d'une réunion d'urgence des ambassadeurs des 28 Etats membres lundi soir à Bruxelles.
Aucun détail n'a été donné sur les nouvelles sanctions dont le contenu ne sera révélé que lorsqu'elles seront publiées au Journal officiel de l'UE, une procédure qui peut prendre plusieurs jours.
Kiev et les Occidentaux accusent Moscou d'une implication active dans ce conflit. Le Kremlin dément toute ingérence et a menacé de réagir aux nouvelles sanctions au moment où l'économie russe frôle la récession.
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