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Liban - La situation

Après les dérapages, le déraillement ?

M. Harb au cours de sa conférence de presse. Photo Dalati et Nohra

Que la vie politique libanaise ait pris congé, depuis des lustres, des normes constitutionnelles et démocratiques, on ne le savait que trop. Il restait toutefois à assister au délitement formel des institutions du pays, à l'heure où la classe politique, ou du moins une partie d'entre elle, donne l'impression de ne même plus vouloir se préoccuper de sauver les apparences.


Près de trois mois se sont écoulés depuis la fin du dernier mandat présidentiel. Jour après jour, la présidence de la République devient une simple vue de l'esprit et rien n'indique, à ce stade, que cette évolution est appelée à connaître la moindre fluctuation.
On sait quelles retombées cette vacance présidentielle a sur le fonctionnement des autres institutions du pays, en particulier sur le Parlement et le gouvernement. Ce dernier continue de fonctionner, il est vrai, mais à la manière d'une machine dont chaque composante serait mue par un moteur séparé. Il suffirait qu'une seule pièce défaille pour que le monstre s'immobilise tout entier. En comparaison, on songe avec une nostalgie à l'âge d'or à l'époque où le patriarche Nasrallah Sfeir déplorait que la République soit conduite par un véhicule doté d'une force motrice à l'avant et d'une autre à l'arrière.


C'est dans ce contexte qu'est survenue la question de la convocation du collège électoral pour les élections législatives prévues à l'automne prochain. Pour peu que le délai, qui expire le 20 à minuit, ne soit pas respecté par l'exécutif, la République entrerait de plain-pied dans une zone de non-droit dont les voies de sortie, si elles existent, feront sans doute l'objet d'infinies querelles de juristes.
On n'en est pas encore tout à fait là puisque le gouvernement a théoriquement jusqu'à demain soir pour se décider, et qu'il est censé se réunir aujourd'hui même. Mais il est possible que la querelle entre ses composantes sur la primauté de la présidentielle et sur le bien-fondé ou pas d'une nouvelle prorogation de la législature, jusqu'à l'élection d'un président, fasse tout capoter.

 

(Lire aussi : Adoptera, adoptera pas le décret convoquant le collège électotal ?)


En attendant, les tentatives de faire bouger les choses au plan de la présidentielle ont repris de plus belle, même si l'on ne voit pas pour l'instant où elles peuvent mener. La principale initiative est celle lancée hier par le ministre des Télécoms, Boutros Harb, qui propose tout simplement de retourner à la norme constitutionnelle en matière d'élections par le biais du rétablissement du quorum ordinaire (c'est-à-dire de la majorité absolue) pour les séances électorales de la Chambre.


De son côté, le chef du PSP, Walid Joumblatt, a repris son bâton de pèlerin et s'est rendu hier chez le leader de Zghorta, Sleimane Frangieh, dans le cadre de ses efforts en direction des principales figures politiques du pays. M. Joumblatt avait déjà rencontré ces dernières semaines le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, et le général Michel Aoun. Dans les prochains jours, il est attendu chez l'ancien président Amine Gemayel, qui doit reprendre lui aussi incessamment ses contacts tous azimuts, puis à Meerab, chez le chef des FL, Samir Geagea.
Des détails de son entrevue hier à Bnechaï avec M. Frangieh, le leader druze, pas plus que ses lieutenants, s'est montré peu disert, laissant même entendre que les points de vue demeurent plutôt divergents.


Et pour rester dans le domaine des casse-tête, la saga des enseignants et du bac libanais a connu hier une évolution dans un sens qui mène à tout sauf à clarifier le débat : d'un côté, un ministre de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur qui tient à distribuer aux écoliers des certificats de présentation du bac, sans savoir jusqu'ici comment faire pour légaliser ces certificats (la Chambre étant en congé forcé) ; de l'autre, un syndicat des enseignants qui, cédant à la pression, commence par revenir sur son refus de corriger les épreuves du bac avant de se rétracter à moitié et de s'en remettre à la décision que prendra aujourd'hui le Comité de coordination syndical, visiblement mécontent de la première décision.


Comme quoi, en République libanaise, un train ne déraille jamais seul.

 

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Que la vie politique libanaise ait pris congé, depuis des lustres, des normes constitutionnelles et démocratiques, on ne le savait que trop. Il restait toutefois à assister au délitement formel des institutions du pays, à l'heure où la classe politique, ou du moins une partie d'entre elle, donne l'impression de ne même plus vouloir se préoccuper de sauver les apparences.
Près...

commentaires (3)

BOUTROS HARB PRÉSIDENT QU'ON EN FINISSE. IL EST LE MEILLEUR DE TOUS. VOUS ME DITES C'EST LE MEILLEUR POUR QUI ? JE DIS POUR LE PAYS.

Gebran Eid

07 h 42, le 19 août 2014

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Commentaires (3)

  • BOUTROS HARB PRÉSIDENT QU'ON EN FINISSE. IL EST LE MEILLEUR DE TOUS. VOUS ME DITES C'EST LE MEILLEUR POUR QUI ? JE DIS POUR LE PAYS.

    Gebran Eid

    07 h 42, le 19 août 2014

  • Sans président de la République ,difficile d 'imaginer de voir un nouveau parlement dans un pays surtout ou les politiciens sont soumis aux ordres des pays étrangers et arabes .

    Sabbagha Antoine

    07 h 25, le 19 août 2014

  • C'EST : L'A N A R C H I E !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 19, le 19 août 2014

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