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Liban - L’éclairage

Des tractations en série, mais peu d’espoir pour un dénouement

Walid Joumblatt a du souffle. C'est sûr. Patiemment, il poursuit sa tournée auprès des leaders politiques dans l'espoir de parvenir avec eux à un terrain d'entente autour de la présidentielle. Hier, il a été reçu à Bnechaï par le chef des Marada, Sleimane Frangié. Il s'était auparavant rendu après du chef du CPL, Michel Aoun, et entend visiter cette semaine le leader des Kataëb, Amine Gemayel, puis le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, avant de se concerter avec des dirigeants chrétiens indépendants et d'évaluer les résultats de sa tournée avec le patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï, qui continue d'appeler les députés à assumer leurs responsabilités et à accomplir leur devoir « national et moral » en élisant un chef de l'État. Le patriarche a été jusqu'à considérer comme « une trahison » l'obstination de certains à boycotter les réunions parlementaires électorales.
Mais c'est sans grande conviction que le leader druze effectue sa tournée, parce qu'il sait qu'elle restera sans résultats puisque le blocage vient de certains leaders politiques, qui, de par le durcissement de leurs positions, empêchent une libanisation du dossier de la présidentielle et ouvrent grand la porte devant les ingérences étrangères dans une affaire supposée être purement intérieure, au moment où les forces régionales et internationales se préoccupent peu du dossier libanais, la priorité, pour elles, étant pour la situation dramatique en Irak, en Syrie et en Libye.
D'aucuns ont trouvé curieux que Walid Joumblatt choisisse d'entamer sa tournée maronite par une visite à un chiite, le secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah. Principal allié du général Michel Aoun, il faut dire que sayyed Nasrallah est considéré comme incontournable dans les tractations devant faciliter une entente sur un candidat consensuel. Lui seul peut amener ce dernier à renoncer à sa candidature – non annoncée – à la tête de l'État.
Sauf que le chef du Hezbollah ne veut pas assumer ce rôle, pour deux raisons principales, analyse-t-on dans certains milieux politiques : d'abord parce qu'il ne serait pas favorable à l'organisation de la présidentielle en cette période où les turbulences régionales risquent d'entraîner des changements politiques radicaux dans quelques États, ensuite parce qu'il ne veut pas paraître comme ayant lâché son allié. Résultat : Walid Joumblatt est rentré bredouille de sa visite à Rabieh avec l'impression que le général Aoun pense que ses chances d'accéder à la magistrature suprême ont grimpé avec les derniers développements dans le pays et la région et qu'il reste attaché à son « droit » d'arriver à Baabda en tant que leader chrétien, tout comme les leaders sunnite et chiite accèdent à la présidence du Conseil et de la Chambre. Et c'est pour prouver sa popularité au sein de la rue chrétienne qu'il s'était dit favorable à l'élection du président au suffrage universel.
Mais on n'en est pas encore là et Michel Aoun ne peut pas être tenu pour seul responsable du blocage actuel, parce que autour de lui, personne ne veut assumer la responsabilité de lui dire qu'il ne réussira pas à obtenir la majorité nécessaire à son accession à Baabda. Ses alliés chiites en premier. Dans son entourage, le président de la Chambre refuse qu'on lui fasse assumer la responsabilité de la non-élection d'un chef de l'État et répète inlassablement que les leaders mahométans approuveront toute personnalité sur laquelle les dirigeants chrétiens s'entendront.
Les leaders chiites sont cependant conscients que le blocage se situe à Rabieh, et dans un souci de débloquer la situation, certains ont demandé au chef du courant du Futur, Saad Hariri, qui entretient depuis dix mois une relation politique normale avec le chef du CPL, d'expliquer à ce dernier qu'il ne fait pas l'unanimité pour accéder à Baabda. Il est évident que M. Hariri a refusé de jouer ce rôle. Dans les milieux du courant du Futur, on a expliqué ce refus par le fait que leur chef ne veut pas torpiller sa relation avec le général Aoun et juge qu'il appartient à ses alliés du 8 Mars de trancher et d'annoncer le nom de leur candidat favori, qu'il s'agisse de Michel Aoun ou d'un autre.
Dans certains milieux, on justifie aussi l'attitude réfractaire 8-marsiste, notamment du Hezbollah, par le fait que ce parti n'a toujours pas décidé s'il veut ou non soutenir l'organisation de la présidentielle à l'heure actuelle. Un député des Forces libanaises considère dans ce contexte que si le parti chiite était effectivement favorable à cette échéance, il aurait réagi différemment.
Dans ces mêmes milieux, on explique l'attitude du Hezbollah par le fait que l'Iran, consécutivement aux développements en Irak, veut garder en main l'atout libanais, qui pourrait renforcer sa position dans les négociations sur l'avenir de ce pays après qu'il eut lâché le gouvernement de Nouri al-Maliki, et lui permettre éventuellement une prise de langue avec l'Arabie saoudite. Selon certaines informations, le changement intervenu en Irak est appelé à se répercuter sur d'autres États de la région, notamment la Syrie et le Liban. En d'autres termes, Téhéran pourrait lâcher du lest dans ces deux pays.
Quoi qu'il en soit, au niveau local, les tentatives de débloquer la présidentielle ne peuvent pas être interrompues, quels que soient leurs résultats. Devant ses visiteurs, le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, qui est comme on le sait le candidat du 14 Mars, a révélé qu'il a essayé à plusieurs reprises de prendre contact avec le général Aoun pour essayer d'organiser une réunion avec lui afin qu'ils puissent parvenir à un compromis au sujet de la présidentielle et soutenir un candidat qui serait accepté de tous, mais cette réunion n'a pas pu se tenir.
Parallèlement, il paraît qu'on parle de plus en plus dans certains milieux politiques d'un accord global qui commence par une entente sur la prorogation de la législature, à condition que la Chambre démissionne dès qu'un nouveau président, accepté de tous, est élu et qui englobe également une entente sur la composition et la répartition des portefeuilles et des forces politiques au sein du nouveau gouvernement qui devrait être formé par la suite, ainsi que sur une nouvelle loi électorale proche du projet de loi du Rassemblement orthodoxe, c'est-à dire fondée sur la proportionnelle, quel que soit le nombre des circonscriptions électorales.

Walid Joumblatt a du souffle. C'est sûr. Patiemment, il poursuit sa tournée auprès des leaders politiques dans l'espoir de parvenir avec eux à un terrain d'entente autour de la présidentielle. Hier, il a été reçu à Bnechaï par le chef des Marada, Sleimane Frangié. Il s'était auparavant rendu après du chef du CPL, Michel Aoun, et entend visiter cette semaine le leader des...

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