« Daech » a été battu à Ersal, il a fait l'unanimité contre lui, mais il garde dans sa stratégie criminelle, dans les repaires disséminés dans le vaste jurd qui le relie à la Syrie, plus d'une arme, plus d'un prétexte pour l'inciter à récidiver, à rouvrir les portes de l'enfer. Passé maître dans l'art du chantage, dans la maîtrise du discours haineux et provocateur, il a face à lui un adversaire qui est lui-même atteint du syndrome de la « vérité absolue », celle que se disputent toutes les parties libanaises, qu'elles soient politiques, sociales ou seulement citoyennes par réseaux sociaux interposés.
Pour être plus clair, une « daechisation » mentale s'est emparée des esprits libanais, a pris en otage les divers leaderships antagonistes et placé tous les débats dans l'optique destructrice du vainqueur et du vaincu, de l'humiliateur et de l'humilié. Si Daech, dans son vaste territoire islamiste, tue, mutile et décapite au nom d'Allah, au Liban, chaque partie, au nom du dieu de la « vérité absolue » qui l'habite, achève d'assassiner ce qui reste des institutions, d'un État dépecé assailli de toutes parts.
Des petits potentats à profusion donc, qui n'ont pas encore pris les armes les uns contre les autres, mais qui creusent méthodiquement les tombes des ultimes espoirs encore entretenus par les derniers des incorruptibles.
Un Hezb qui est « d'inspiration divine », un candidat présidentiel qui se voit en « sauveur de la nation », qui bloque toute solution consensuelle et un Parlement paralysé obnubilé par « l'urgence » de sa propre reconduction : la « daechisation » politique, celle des esprits figés, se traduit par l'installation de véritables camps retranchés engoncés dans leurs certitudes, dans la conviction viscérale de la justesse de leur négativité. Tout le monde a donc raison, tout le monde est détenteur de la vérité absolue et l'on s'étonne encore de voir les exigences sociales se perdre dans les barricades de l'incompréhension, de la bêtise instrumentalisée par ceux-là mêmes qui se posent en garants des droits des plus pauvres, des plus démunis.
Et c'est cette même mentalité « daechiste », celle du chantage et des menaces, qui a prévalu dans la gestion du dossier des enseignants grévistes, l'avenir des étudiants ne pesant pas lourd dans l'épreuve de force entre syndicalistes forcenés et préposés à l'éducation. Par les temps qui courent, par ces temps du dialogue impossible, parler de culture c'est pousser inévitablement les protagonistes à sortir leurs revolvers...
Et comme une crise ne vient jamais seule, un vice entraînant l'autre, c'est même l'armée, celle qui a sauvé l'honneur à Ersal, qui s'est retrouvée, à son corps défendant, entraînée dans un scandale financier, les trois milliards de dollars en assistance militaire promise par l'Arabie saoudite et la France, se perdant dans les méandres d'obscures commissions, une « affaire » dont on ne connaît encore ni les tenants ni les aboutissants.
Arrogance, chantage, corruption et des impostures défendues bec et ongles : la tempête souffle tout autour de nous, le Liban, lui, perd progressivement les dernières feuilles de vigne protégeant sa nudité...
« Daech » a été battu à Ersal, il a fait l'unanimité contre lui, mais il garde dans sa stratégie criminelle, dans les repaires disséminés dans le vaste jurd qui le relie à la Syrie, plus d'une arme, plus d'un prétexte pour l'inciter à récidiver, à rouvrir les portes de l'enfer. Passé maître dans l'art du chantage, dans la maîtrise du discours haineux et provocateur, il a face...
commentaires (7)
Arrogance, chantage, corruption sont psychiquement plus dangereux que cette Daechisation un Mal qu 'on peut au moins éradiquer .
Sabbagha Antoine
15 h 11, le 18 août 2014