Il y a déjà bien longtemps qu'Il ne reconnaissait plus les siens, mais aujourd'hui Il serait tout à fait en droit de les renier : c'est désormais par le sabre et l'épée qu'ils entendent répandre Sa « bonne parole », c'est par les razzias et les massacres qu'ils veulent aider les « hérétiques » à retrouver le droit chemin, le dieu vengeur et vindicatif qu'ils ont façonné à leur propre image.
Oubliées les promesses d'une « oumma » nouvelle dont le cœur battrait au diapason du XXIe siècle, dynamitées les promesses d'un Printemps salvateur qui réconcilierait l'islam avec la démocratie tout en abattant les murs des dictatures et des théocraties. Face à l'avancée des nouveaux barbares c'est le sauve-qui-peut et ceux qui, jusqu'à présent, brandissaient l'étendard du changement ont soudainement découvert les bienfaits du profil bas, un cocon sécurisant au milieu de la tempête dévastatrice.
« Wait and see » est devenu leur credo : entre-temps, la machine à assassiner fraye son chemin au milieu d'un silence complice rompu par les seules clameurs des combattants du jihad renaissant... Les « mal dans leur peau », les frustrés, les excités de la gâchette, et même les « nouveaux indignés », ceux qui ne voient dans l'Occident post-chrétien que la négation des valeurs islamistes auxquelles ils croient, ont trouvé leur terre de prédilection : un califat renaissant aux frontières chaque jour un peu plus confirmées, un califat aux couleurs d'Abou Bakr el-Baghdadi dans le Moyen-Orient de tous les fantasmes fondamentalistes.
Voici donc venu le temps de l'intolérance, des oukases et autres firmans, le temps des exclusives et de l'obscurantisme, des abjurations forcées et de la dhimmitude. Et pourtant dans le haut clergé musulman, un peu partout dans le monde, c'est le silence radio : ni dénonciation radicale ni fatwa de condamnation. C'est comme si face à l'ampleur des dérives c'est désormais « chacun pour soi » et tant pis pour les autres.
Et c'est ainsi que d'Asie en Afrique, du Moyen-Orient au Golfe, le même scénario déroule ses pathétiques et hallucinantes intrigues : des dictatures qui s'enracinent, des pays qui se désintègrent et un islamisme qui se nourrit de l'arrogance et de la tyrannie des régimes. Des effets boomerang qui enfoncent chaque jour un peu plus les populations dans le dénuement et le fanatisme. Entre-temps, les théocraties se portent à merveille et font des émules. Dernier converti, le richissime sultanat de Bruneï qui vient d'instaurer la charia. Gare donc aux amours clandestines et aux petits chapardeurs des jours de misère.
Et pour ne pas être en reste, voilà que la Malaisie franchit le Rubicon de l'absurdité : par décision de justice, les chrétiens se voient désormais dénier le droit d'écrire et de prononcer le mot Allah, traduction arabe du nom du Créateur... Quand on en arrive là, quand Dieu lui-même devient sujet de surenchères et d'ostracisme c'est qu'il n'y a plus rien à espérer ni des hommes ni des dieux vengeurs qui les inspirent.
Ces mêmes dieux qui attisent les haines entre sunnites et chiites, pulvérisent la Syrie, l'Irak, le Yémen et la Libye, menacent la Jordanie et l'Arabie saoudite de leurs foudres et qui viennent, aujourd'hui, de rouvrir les portes de l'enfer entre Israël et Gaza, ambitionnant d'entraîner le Liban dans la mêlée générale...
Allah, réveille-toi, ils sont devenus fous !
Allah, réveille-toi, ils sont devenus fous
OLJ / Par Nagib AOUN, le 14 juillet 2014 à 00h00
DE LA FOLIE À GOGO !
19 h 37, le 14 juillet 2014