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À La Une - irak

Les Kurdes irakiens s'emparent de champs de pétrole

Au moins 255 prisonniers sunnites exécutés par les forces de sécurité irakiennes et des milices chiites alliées.

Des chiites irakiens qui se sont portés volontaires pour combattre les jihadistes de l'Etat islamique auprès de l'armée. REUTERS/Ahmed Saad

Les forces de la région autonome du Kurdistan irakien se sont emparées vendredi de deux importants champs de pétrole près de Kirkouk (nord), éloignant encore un peu plus la perspective d'un gouvernement d'union face aux insurgés sunnites.

A deux jours d'une réunion cruciale du Parlement, le Premier ministre Nouri al-Maliki, vainqueur des législatives d'avril mais décrié pour son autoritarisme et sa politique confessionnelle, est confronté à la fois à l'offensive des insurgés sunnites et aux tensions grandissantes avec le Kurdistan autonome.

Les autorités Kurdes ont en effet affirmé que leurs forces s'étaient emparées des champs pétroliers de Bai Hassan et de la zone de Makhmour, près de Kirkouk, une ville multi-ethnique disputée dont elles avaient déjà pris le contrôle en juin à la faveur de la crise.

La production de ces champs, estimée par le ministère du Pétrole à Bagdad à 400.000 barils par jour, "va servir d'abord à faire face à la pénurie de produits raffinés sur le marché intérieur", selon un communiqué des autorités qui ont précisé que le personnel était invité à coopérer ou à partir.

Cette initiative vivement condamnée par Bagdad marque une nouvelle escalade dans les tensions.
Jeudi, les autorités kurdes, qui ont déjà annoncé leur volonté de tenir rapidement un référendum d'indépendance, ont demandé à M. Maliki de quitter le pouvoir, le qualifiant d'"hystérique" après ses déclarations accusant la province autonome d'être le quartier général des insurgés.
Les ministres kurdes ont en outre annoncé qu'ils boycottaient les réunions du Conseil des ministres.

 

(Lire aussi : L'indépendance du Kurdistan irakien, un parcours semé d'embûches)



Ces tensions compromettent les tentatives de formation d'un gouvernement d'unité nationale qui permettrait à la classe politique de présenter un front uni face à l'offensive fulgurante lancée le 9 juin par des insurgés sunnites menés par les jihadistes de l'Etat islamique (EI, ou Daech).

 

255 prisonniers sunnites exécutés
Le Parlement doit se réunir dimanche pour tenter d'ouvrir la voie à la formation d'un gouvernement suite aux législatives du 30 avril, après une première session désastreuse le 1er juillet et le report d'une séance prévue mardi.


Le grand ayatollah Ali Al-Sistani, plus haute autorité religieuse chiite du pays, a de nouveau appelé vendredi les politiques irakiens à cesser de se quereller et se hâter de choisir un nouveau gouvernement.
L'ambassade des Etats-Unis à Bagdad a également publié un communiqué très critique à l'égard des élus: "De nouveaux retards (dans la formation du gouvernement) ou une escalade orchestrée par n'importe quel camp, quel qu'en soit le prétexte, ne saurait se justifier et ne ferait que desservir les Irakiens".

 

(Lire aussi : En Irak, Maliki affaibli mais bien accroché)



Mais M. Maliki refuse de se retirer pour laisser la place à une personnalité moins décriée. Vendredi, il a chargé un chiite de remplacer le ministre des Affaires étrangères Hoshyar Zebari, l'un des membres kurdes du gouvernement ayant décidé d'en boycotter les réunions.
Et pour certains, M. Maliki pourrait bien saborder la session parlementaire de dimanche pour gagner du temps. "Il essaie de faire durer le jeu car c'est sa seule chance", a déclaré à l'AFP un diplomate occidental.
Pourtant, les reproches contre M. Maliki portent aussi sur l'incapacité des forces armées à enrayer l'avancée des jihadistes et à reprendre le contrôle des zones perdues.

Les insurgés sunnites, qui contrôlent de vaste pans de territoire dans l'ouest, le nord et l'est du pays, ont lancé jeudi après-midi une offensive près de Ramadi, chef-lieu de la province d'Al-Anbar (ouest), où ils étaient déjà présents dans certains quartiers depuis janvier. Mais après des déclarations alarmistes, des officiers de police et de l'armée ont rapporté que les combats avaient baissé d'intensité vendredi. Les insurgés ont progressé à l'ouest de la ville, mais n'y ont pas encore pénétré.

 

(Lire aussi : Le prêche du « calife » à Mossoul montre sa force et « le niveau de confiance au sein de son organisation »)

 

Alors que les jihadistes ultra-radicaux de l'EI se sont distingués par leur brutalité, l'ONG Human Rights Watch a affirmé vendredi que les forces irakiennes et des milices alliées avaient pour leur part exécuté "au moins 255 prisonniers sunnites" en juin, en particulier à Mossoul, à Tal Afar et à Baqouba.

Et les violences qui endeuillent le pays chaque jour depuis l'année dernière se poursuivent. Vendredi, deux attentats ont fait 13 morts à Kirkouk, dont quatre femmes et deux enfants.

 

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