Le président des Forces libanaises (FL), Samir Geagea, a présenté hier une initiative pour débloquer l'échéance présidentielle.
« Il y a deux possibilités pour mettre fin à la vacance », a affirmé M. Geagea dans un entretien à l'agence al-Markaziya. « La première, c'est que Bkerké appelle l'ensemble des députés chrétiens, et pas seulement maronites, à se réunir au patriarcat, en présence des chefs de communautés chrétiennes, afin de mettre tout le monde devant ses responsabilités », a-t-il indiqué. « Le patriarche s'adresserait alors à ceux qui bloquent l'élection pour leur mettre la pression », et « une telle initiative ferait tomber les masques », a ajouté M. Geagea.
« La deuxième possibilité, c'est qu'une pression populaire soit exercée par les électeurs sur le chef du CPL, Michel Aoun, au Kesrouan, et aux Metn-Nord et Sud afin qu'il se rende à la séance électorale », a proposé M. Geagea. « Ils doivent demander à Aoun de cesser de bloquer l'élection, de contribuer à la relance de la vie parlementaire et d'appliquer la Constitution », a-t-il noté.
« Il n'y a pas de troisième issue. C'est ce que j'ai dit à Bkerké hier », a indiqué Samir Geagea, en allusion à sa dernière rencontre avec le patriarche maronite.
« Je sais que Aoun a des calculs électoraux au niveau des législatives et qu'il a besoin des gens. Le fait pour lui et son bloc de ne pas répondre positivement à un appel de Bkerké lui ferait tout perdre. (...) L'affaire sera longue si les électeurs de Aoun ne bougent pas ou si les députés chrétiens ne se réunissent pas à
Bkerké », a-t-il ajouté.
« Le patriarche est très dérangé par la situation au point de ne pas en dormir la nuit. Et ce que nous pouvons faire est très limité face à l'obstination à laquelle nous faisons face. Le patriarche n'a pas trouvé la brèche dans la muraille épaisse pour l'instant. Moi je n'ai que ces deux propositions, qui sont à même de créer une dynamique sociétale pour faire pression sur Aoun et le pousser à se rendre à la Chambre, dans le respect du jeu démocratique », a souligné le leader FL.
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M. Geagea a également proposé l'idée d'un sit-in des blocs parlementaires du 14 Mars devant le Parlement pour inciter les récalcitrants à venir et le président de la Chambre à les pousser à se présenter aux séances.
« Depuis l'expiration des délais constitutionnels, nous tentons, à travers nos réunions, y compris la dernière en date à Bkerké, de trouver une solution à la crise. C'est pourquoi j'ai lancé mon initiative, qui comporte plusieurs propositions, mais je n'ai pas obtenu de réponse. Les relations saoudo-iraniennes sont au plus mal, celles de l'Occident avec l'Iran sont à leur début et portent exclusivement sur le nucléaire. Sur l'Irak, il n'y a aucune vision commune. Les Iraniens, contrairement aux Américains, ne veulent pas d'un cabinet d'union nationale. Nous devons agir nous-mêmes, et c'est d'ailleurs le cours naturel des choses », a-t-il indiqué.
« Le Hezbollah profite de l'entêtement de Aoun... »
Et de poursuivre : « Attendre l'extérieur ne servira à rien, dans la mesure où les pays arabes et occidentaux sont pris par des dossiers régionaux plus importants que le Liban. La France a beaucoup essayé de jouer un rôle au niveau de la présidentielle, le rôle que l'Occident lui avait demandé de jouer, mais elle n'a pu rien faire. Et que peuvent-ils faire? Déclarer la guerre à Aoun? Ce n'est pas leur style. Ils ont tenté de poser des principes généraux et d'appeler à la participation aux séances et au respect de la Constitution, et sont entrés en contact avec toutes les parties. Mais le camp adverse ne souhaite pas participer aux séances. (...) La France peut difficilement influer sur Aoun et le Hezbollah. ».
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Pour Samir Geagea, derrière le blocage, le Hezbollah cherche en fait à « s'assurer un président qui lui soit acquis, plus que de parvenir à une nouvelle Constituante ». « Le Hezb profite de l'entêtement de Aoun pour élire un président qui puisse répondre à ses aspirations. En échange de l'éviction de Aoun, il réclame un prix exorbitant : l'arrivée du président qu'il souhaite réellement. En ce sens, le Hezbollah profite du blocage effectué par Aoun », a souligné M. Geagea.
Pour le chef des FL, l'attitude du chef du CPL, combinée à celle du Hezbollah, « porte gravement atteinte au pays et à la présidence en particulier ». « C'est avec beaucoup de légèreté que l'on traite ce poste. Je ne suis pas optimiste. Selon mes informations, le général tient à ses positions. Il considère que tant que tout le monde est avec lui, il ne se rendra pas aux séances », a affirmé M. Geagea.
Selon lui, il n'y a « pas de lien entre la détérioration sécuritaire et la vacance présidentielle ». « Le Hezbollah pourrait vouloir un président qui soit un militaire, mais cela n'a rien à voir avec la tension actuelle. Ces troubles ont commencé avec l'entrée du Hezbollah en Syrie et nous ne savons pas maintenant s'il songe à se rendre en Irak », a-t-il noté.
Samir Geagea a en outre indiqué que ses relations avec le courant du Futur « sont au meilleur, notamment après ma rencontre à Paris avec Saad Hariri ». « Nous savons quelles sont les limites du dialogue entre le CPL et le Futur », a-t-il ajouté.
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L’intervention du Hezb dans la guerre civile en Syrie revient comme un boomerang au Liban. A la Multiplication des attentats anti-Hezb s’ajoute dorénavant le spectre d’un fondamentalisme obscurantiste qui cherche à s’exporter au moyen orient partout ou les relais lui seront propices. Interventionnisme iranien en Syrie et En Iraq, raids Syriens en Iraq, mobilisation en Jordanie incidents sur la frontière israélienne, effondrement des structures étatiques en Syrie en Iraq et en Lybie. Dans un tel Panorama Le Liban a besoin de Geagea : un président Fort et sincère. Ceux qui souhaitent profiter d’un vide juridique pour prendre en otage l’élection présidentielle ont abandonné toute fidélité et loyauté envers leur Nation. Depuis bien longtemps ils ont remodelé leur composante identitaire et leur singularité et s’identifient à la culture théocratique Perse ; aux antipodes de la modernité émancipée des libanais. Mais Ceux-là ne surprennent plus. En occident c’est Les Chrétiens libanais qui se sont alliés aux Hezb qui sont incompréhensibles. Souhaitent-il vivre comme en Iran Model et idéal du Hezb ; avec autant de privations et d’interdits que leur frères chrétiens d’Iran relégués au statut de Paria. Désirent-ils suivre le Hezb dans toutes ses guerres étrangères ou contraires aux intérêts du pays. Toute alliance a des limites .... dans un monde rationnel.
ANDRE HALLAK
23 h 19, le 26 juin 2014