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À La Une - conflit

Bagdad demande à Washington de mener des frappes aériennes contre les jihadistes

Bataille autour de la principale raffinerie d'Irak, à 200 km au nord de la capitale.

Des combattants chiites brandissent leurs armes, le 18 juin 2014 à Bagdad, pour montrer leur allégeance aux forces de sécurité irakiennes en combat contre les jihadistes sunnites. AFP PHOTO/ ALI AL-SAADI

Les jihadistes sunnites ont pris d'assaut mercredi la principale raffinerie d'Irak au 9e jour d'une offensive leur ayant permis de conquérir plusieurs régions mais Bagdad a promis de vaincre les "terroristes", demandant "officiellement" des frappes aériennes américaines contre les insurgés.

Le Premier ministre Nouri al-Maliki, un chiite honni par ces insurgés et plus généralement par la minorité sunnite en Irak, a affirmé que les forces gouvernementales tentaient désormais de stopper l'avancée des jihadistes de Daech ou État islamique en Irak et au Levant (EIIL), après leur déroute aux premiers jours de l'offensive lancée le 9 juin.

Et pour ce faire, le ministre irakien des Affaires étrangères, Hoshyar Zebari, a annoncé que son pays avait demandé aux États-Unis des frappes aériennes contre les jihadistes. "L'Irak a officiellement demandé l'aide de Washington en vertu de l'accord de sécurité (avec les États-Unis) pour mener des frappes aériennes contre les groupes terroristes", a déclaré M. Zebari à Djeddah.

 

 (Lire aussi: L’Irak est-il en train de payer les erreurs de Maliki ?)

 

Le président Barack Obama poursuivait ses consultations et n'exclut aucune option à l'exception des troupes au sol. "Le gouvernement irakien a demandé de l'aide, c'est incontestablement une différence qu'il faut relever", a souligné le porte-parole de l'exécutif américain, Jay Carney.

De son côté, l'Iran, puissance régionale chiite qui appuie le cabinet Maliki a conditionné une éventuelle coopération avec les États-Unis en Irak à la réussite des pourparlers nucléaires.

Le président Hassan Rohani a néanmoins prévenu que l'Iran, à majorité chiite, "fera tout" pour protéger les lieux saints de l'islam chiite en Irak face à la menace des jihadistes.  Il a cité les quatre villes irakiennes qui abritent les mausolées des imams chiites: Kerbala, Najaf, Kazimiyah et Samarra où des centaines de milliers d'Iraniens se rendent chaque année en pèlerinage.

 

(Repère: Le rôle de l'Iran dans la crise irakienne)

 

Dans l'autre camp, l'Arabie saoudite sunnite, qui accuse M. Maliki d'avoir conduit l'Irak au bord du gouffre, a mis en garde contre une "guerre civile" qui déstabiliserait "la région tout entière" et les Émirats arabes unis ont rappelé leur ambassadeur dénonçant la politique "confessionnelle" de Bagdad.

En Grande-Bretagne, pays qui avait participé aux côtés des États-Unis à l'invasion de l'Irak en 2003, le Premier ministre britannique David Cameron a affirmé que les jihadistes "projettent aussi" d'attaquer le Royaume-Uni, et que son pays ne saurait tolérer la création d'un "régime islamique extrémiste" en Irak.

(Lire aussi: Pour Blair, attribuer la crise actuelle en Irak à l'invasion de 2003 est "bizarre")

 

Source de pétrole pour Daech
Sur le terrain, vêtus d'uniformes militaires à bord de nombreux véhicules notamment saisis à l'armée, les jihadistes de Daech ont lancé à l'aube un assaut contre la raffinerie de Baïji, à 200 km au nord de Bagdad, selon le porte-parole des forces armées. Mais les forces gouvernementales leur faisaient face et les combats se poursuivaient dans l'après-midi, selon un responsable.

"Les combattants de Daech ont hissé l'étendard du groupe sur un complexe", selon un employé. La raffinerie a été fermée lundi après l'évacuation des employés étrangers, mais certains Irakiens étaient restés sur place.

"L'attaque contre la principale raffinerie de Baïji peut constituer une source de pétrole pour Daech (...) Mais elle ne fournit pas de pétrole hors d'Irak et l'impact de l'attaque est probablement moindre que ce que l'on craint", estime Rebecca O'Keeffe, analyste de la maison de courtage Interactive Investor.
Hormis les champs du Kurdistan (nord) contrôlés par les autorités locales, la plus grande partie de la production de l'Irak, deuxième exportateur de l'OPEP, se trouve dans le Sud, loin de l'offensive.

 

(Liban: mesures de sécurité renforcées après l’avancée de Daech en Irak)



Depuis le 9 juin, les combattants de Daech, appuyés par des partisans du régime de Saddam Hussein, renversé par l'invasion de 2003, ont pris le contrôle de la deuxième ville d'Irak, Mossoul, d'une grande partie de sa province Ninive (nord), de Tikrit et d'autres secteurs des provinces de Salaheddine (nord), Diyala (est) et Kirkouk (nord). Mercredi, les jihadistes se sont également emparés de trois villages du Nord.

Tentant de reprendre l'initiative, les forces armées ont annoncé leur intention de reconquérir totalement "dans les prochaines heures" la ville-clé chiite de Tal Afar (nord-ouest), contrôlée en partie par les insurgés, avant de se diriger vers Mossoul. Tal Afar se trouve à une centaine de km de la frontière syrienne, alors que Daech aspire à créer un État islamique dans la zone frontalière.
Mardi, l'armée avait repoussé les insurgés à Baqouba (60 km au nord-est de Bagdad).

L'invasion américaine et Maliki
"Nous ferons face au terrorisme et mettrons en échec le complot", a assuré dans un discours télévisé M. Maliki après avoir limogé de hauts commandants accusés d'avoir fui le champ de bataille au début de l'offensive. "Un revers n'est pas une défaite", a-t-il dit en assurant que les forces armées avaient "réussi à stopper l'escalade".

 

(Eclairage : L'armée irakienne minée par une corruption endémique)



Le gouvernement Maliki, au pouvoir depuis 2006, est miné par les divisions et confronté à des violences meurtrières depuis plus d'un an, alimentées par le mécontentement de la minorité sunnite qui s'estime marginalisée et la guerre en Syrie voisine où l'EIIL est aussi actif.

Dans la province de Ninive, une quarantaine de ressortissants indiens travaillant sur des chantiers de construction ont été enlevés dans la région de Mossoul, où 80 ressortissants turcs sont retenus par les jihadistes depuis la semaine dernière.

Pour l'ensemble des experts, les développements actuels trouvent leur origine dans l'invasion américaine de 2003 mais aussi dans la politique confessionnelle de M. Maliki. "Les Américains ont démantelé les institutions mais Maliki entrera dans l'Histoire comme celui qui a perdu des pans de l'Irak", souligne l'analyste Ruba Husari.

 

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