À un mois de la présidentielle, un accord inédit a été conclu hier entre le régime syrien et les rebelles pour leur retrait de Homs. « La discussion porte maintenant sur son application », a affirmé le négociateur rebelle Aboul Hareth, joint via Internet.
L'accord concerne aussi les civils et les blessés qui s'y trouvent, soit au total 2 250 personnes, et prévoit la libération de 70 prisonniers libanais et iraniens détenus par des islamistes à Alep de même que l'entrée d'une aide humanitaire dans deux villages chiites favorables au régime dans la province d'Alep. Un autre militant, qui a refusé d'être identifié, a confirmé la conclusion d'un accord « sur le modus operandi du retrait ». Mais, a-t-il ajouté, « il y a beaucoup de peur des deux côtés » concernant sa mise en application.
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Le gouverneur de la province Talal al-Barazi a minimisé l'impact de cet accord, dont la conclusion a réuni pour la première fois les rebelles, les différentes branches des services de sécurité et même l'ambassade d'Iran. « Il n'y a pas d'accord, il s'agit d'arrangements (...) qui conduiront si tout se passe bien à la remise (aux autorités) de la ville, débarrassée d'armes et des hommes armés », a-t-il dit. Saluant la « résistance légendaire durant plus de deux ans » des rebelles de Homs, l'opposition s'est pour sa part félicitée de l'accord et a appelé l'ONU à « s'assurer que le régime (le) respecte (...) et garantisse la sécurité des civils ».
Valises et bus à vitres teintées
Selon une version du texte obtenue par l'AFP auprès d'une source de l'opposition, les insurgés pourront quitter le centre de Homs avec leur famille, en conservant leur arme individuelle. Ils pourront aussi emporter leurs affaires personnelles dans des valises et seront transportés vers le nord de la province dans des bus aux vitres teintées, escortés par des policiers. « Les blessés, s'ils sont d'accord, seront transportés dans des ambulances du Croissant-Rouge syrien. Les combattants devront remettre avant de partir la carte des mines qu'ils ont posées », ajoute l'accord.
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Cet accord est intervenu peu après que la Cour constitutionnelle a annoncé les noms des deux challengers de Bachar el-Assad à la présidentielle du 3 juin, dont le résultat ne fait aucun doute. Il s'agit de Maher al-Hajjar, un député indépendant qui fut longtemps membre du Parti communiste, et de Hassan Abdellah al-Nouri, un homme d'affaires de Damas qui a été membre d'une formation de l'opposition de l'intérieur tolérée par le pouvoir. Alors que la guerre a fait en trois ans plus de 150 000 morts, ce scrutin se tiendra dans les zones contrôlées par le régime.
« Soutien massif »
Sur le terrain, l'armée a conquis plus de la moitié de Mleiha hier, une avancée importante pour elle dans sa tentative de reprendre le contrôle de la Ghouta orientale, une région à l'est de la capitale où les rebelles sont bien implantés.
Dans le sud, le Front al-Nosra, la branche syrienne d'el-Qaëda, a enlevé Ahmad al-Neamah, un commandant militaire rebelle modéré, qui s'est était pris aux jihadistes dans une vidéo, et cinq autres officiers dans la province de Deraa, a affirmé l'OSDH. Par ailleurs, al-Nosra a posé des conditions pour l'arrêt des combats contre ses rivaux jihadistes de l'État islamique d'Irak et du Levant (Daech, EIIL), malgré l'appel du chef d'el-Qaëda Ayman al-Zawahiri. Indiquant « suivre (son) ordre » de cesser les attaques, il a néanmoins précisé qu'il continuerait à répondre « quand ils attaquent les musulmans et tout ce qui est sacré pour eux ». Dans l'est de la Syrie, les combats entre al-Nosra et Daech ont provoqué l'exode de plus de 60 000 habitants, vidant la ville d'Abriha de ses habitants, de même que les villes d'al-Boussarairah et d'al-Zir, indique l'OSDH. Ces combats ont également fait 62 morts en quatre jours.
Pour ce qui est de l'acheminement de l'aide humanitaire, elle doit se faire « sans compromettre la souveraineté nationale », a déclaré le président Assad, cité par les médias officiels syriens. Imputant à des « terroristes » les souffrances des populations civiles, le président syrien a déclaré que l'acheminement de l'aide était une priorité pour l'État syrien et a exhorté les organisations humanitaires à accroître leur coopération dans ce domaine.
Et concernant les réfugiés, l'ONU a critiqué hier la communauté internationale qui n'apporte pas une aide suffisante aux millions de réfugiés syriens dans la région et dans les pays d'accueil, soulignant la nécessité d'un « soutien massif ».
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commentaires (3)
OU3A YIKIMSHOU SHI BARGHOUTA !
LA LIBRE EXPRESSION
22 h 55, le 05 mai 2014