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Liban - La situation

Le spectre du vide coalise les efforts pour sauver la présidentielle

Les députés, devant le parlement au centre-ville de Beyrouth le 30 avril 2014, pour le 2e tour de la présidentielle, qui n'a abouti à rien, faute de quorum. Photo Michel Sayegh.

Sans surprise, le quorum des deux tiers des députés n'a pas été assuré pour la tenue de la deuxième séance électorale, dans ce qui constitue, pour différents pôles et experts, une atteinte à la bonne marche du processus démocratique et un blocage constitutionnel et politique.


Des sources concordantes indiquent que le bloc du Changement et de la Réforme – grand absent du processus électoral qu'il s'était pourtant engagé à Bkerké à honorer, avec les trois autres principaux pôles chrétiens – aurait envisagé de faire acte de présence dans la forme seulement, pour satisfaire le patriarche maronite, déjà embarrassé par le retrait aouniste de la première séance électorale. Mais le risque était trop grand. Et le Courant patriotique libre veut encore pousser l'ouverture avec l'ancien Premier ministre Saad Hariri jusqu'au dossier de la présidentielle.

 

(Eclairage : Pour le 8 Mars, le vide est le chemin le plus sûr vers la Constituante...)


« Il faisait beau à Paris » était ainsi l'expression récurrente hier dans les milieux aounistes sur la réunion qui avait eu lieu la veille entre le leader du Futur, Saad Hariri, et les ministres Gebran Bassil et Élias Bou Saab. Rien de ce qui a été rapporté de cette réunion n'inciterait donc au pessimisme, ni du côté du CPL ni même chez les députés du Futur, qui restent très critiques quant à une éventuelle candidature « consensuelle » du général Aoun.
Le CPL souhaitait une réponse affirmative et claire de Saad Hariri en faveur de la candidature du chef du CPL, tandis que les milieux du Futur à Beyrouth – et avec eux des milieux diplomatiques européens, croit-on savoir – s'attendaient à un niet à Michel Aoun de la part de Saad Hariri, qui mettrait un terme définitif à la campagne médiatique menée par les milieux aounistes au sujet d'un possible retournement d'alliances.
En s'abstenant de se prononcer sur son appui au CPL, le leader du Futur a fait part de son souhait de « maintenir les efforts d'ouverture, qui n'auront été que bénéfiques pour les deux parties ».

 

(Eclairage : L'inacceptable : ce à quoi les législateurs de Taëf n'avaient pas pensé)


Mais Saad Hariri aurait bien signifié à ses interlocuteurs que l'ouverture à laquelle il tient n'inclut pas forcément la présidentielle, à moins d'une entente entre les parties chrétiennes du 14 Mars sur la candidature de Michel Aoun, ce que le ministre Nouhad Machnouk a d'ailleurs réaffirmé hier soir à la Future TV. Le leader du Futur n'a d'ailleurs pas manqué de contacter hier par téléphone le chef des Kataëb, l'ancien président de la République Amine Gemayel, pour le tenir au courant des résultats de son entretien avec MM. Bassil et Bou Saab.


Les députés du Futur soutiendraient donc, dans l'absolu, le principe de l'ouverture, confiants qu'elle n'aboutira pas à un appui concret à Michel Aoun. « Nous accueillons la candidature consensuelle de Michel Aoun, s'il s'engage à respecter les fondements du 14 Mars », a d'ailleurs clairement affirmé hier le député Ahmad Fatfat. C'est dans cet esprit que le candidat actuel du 14 Mars, le leader des Forces libanaises Samir Geagea, s'était dit prêt à renoncer à sa candidature en faveur du chef du CPL.

 

(Voir : Qu'attendez-vous du prochain président? Les Libanais répondent)


D'une manière générale, les milieux du 14 Mars, indépendants et partisans, invoquent plusieurs arguments qui écartent « le risque » d'un appui de Saad Hariri à Michel Aoun. Pour ces milieux, si cet appui était accordé, le leader sunnite risquerait de subir plusieurs défections parmi ses députés, peu enclins à accorder leur vote au chef du CPL, dont ils veillent à rappeler jusqu'à l'heure les multiples accusations matraquées par lui contre leur camp. En outre, sa décision hypothétique de s'allier avec Michel Aoun provoquerait un ébranlement sérieux des structures du 14 Mars, qui constitue le moule des valeurs qu'il défend depuis 2005. Plus grave encore, le leader sunnite perdrait toute chance d'une nouvelle alliance avec un autre leader chrétien et se retrouverait coincé avec un allié aux comportements de surcroît « incertains et imprévisibles », selon ces mêmes milieux. En résumé, une alliance Hariri-Aoun conduirait inévitablement à « l'effritement » irréversible du 14 Mars, en accordant en même temps une entière couverture politique au Hezbollah. Il existe surtout un argument concret qui conforte ce raisonnement des députés du 14 Mars : à la lumière de précisions qui auraient été fournies directement par l'ambassade des États-Unis à certains acteurs du 14 Mars, et qui devraient être suivies d'une réunion avec l'ambassadeur, les États-Unis auraient révisé leur enthousiasme vis-à-vis de la candidature de Michel Aoun.

 

(Lire aussi : Geagea dénonce un 7 Mai politique)


Mais le scepticisme affiché à ce niveau par certains observateurs avisés proches du 14 Mars, dont certains proches de Saad Hariri, n'est pas à négliger. Ces observateurs laissent entendre que Washington reste intimement convaincu de la logique qui l'avait conduit à soutenir la candidature de Michel Aoun et à inciter Saad Hariri à tenter l'ouverture en direction du chef du CPL. Cette même logique a accompagné la politique d'ouverture des États-Unis sur l'Iran – aujourd'hui scellée par la finalisation des accords sur le nucléaire. Transposée au schéma libanais, la logique américaine favoriserait un équilibre basé sur une alliance tripartite entre le Hezbollah, le Futur et le CPL. Cette alliance serait pour les Américains le moyen de contenir le Hezbollah, à défaut de vouloir l'affronter, dans la même optique adoptée par Washington en Afghanistan avec les talibans. Une alliance qu'ils seraient prêts à défendre, quitte à en écarter les autres parties libanaises, notamment Walid Joumblatt. Or ce pari américain, qui pourrait théoriquement séduire Saad Hariri, serait ultimement voué à l'échec, puisqu'il saboterait l'équilibre qui avait été assuré par le positionnement de Michel Aoun avec le Hezbollah. Autrement dit, ce n'est pas une réintégration pacifique du Hezbollah que l'arrivée à la présidence du chef du CPL serait à même de garantir, mais un isolement du parti chiite qui conduirait inévitablement, à son tour, à un isolement du courant du Futur, dépouillé de ses alliances initiales, mettent en garde certains milieux du 14 Mars. Pour l'instant, le Hezbollah laisse faire Michel Aoun et aurait confié le dossier de la présidentielle au président de la Chambre.

 

(Lire aussi : Hariri reçoit Raï : Non absolu au vide)


Alors que les députés du parti chiite continuaient hier de dénoncer la candidature de Samir Geagea, pour justifier le blocage de la séance électorale, le député Élie Keyrouz appelait à la formation d'une instance nationale pour la vérité et la réconciliation, qui tournerait définitivement la page de la guerre.
Une nouvelle étape semble s'annoncer, avec comme nouveaux acteurs des candidats de consensus, qui ne seraient pas des figures de proue d'un camp ni de l'autre. Il y aurait une volonté régionale et internationale d'honorer l'échéance, par crainte d'une instabilité qui deviendrait ingérable en cas de vacance présidentielle. Or ce scénario se précise, à en croire les déclarations hier du vice-secrétaire général du Hezbollah, Naïm Kassem, ou de l'ancien vice-président de la Chambre, Élie Ferzli. Et c'est dans ce contexte, celui d'éviter le pire, que le ministre Waël Abou Faour se serait rendu en Arabie saoudite.

 

(Lire aussi : Fatfat : Si Aoun veut être consensuel, qu’il accepte d’abord les principes de base du 14 Mars)


Les noms de quatre candidats consensuels commencent à circuler pour empêcher ce worst case scenario de se dérouler : celui du gouverneur de la BDL, Riad Salamé, du député Robert Ghanem et des anciens ministres Jean Obeid et Ziyad Baroud. Si des députés du Futur confiaient à L'OLJ que l'appui de leur bloc à Riad Salamé est fort probable, le patriarche maronite, qui s'est entretenu hier à Paris avec Saad Hariri, soutiendrait celle de Ziyad Baroud. Mais, pour l'instant, les observateurs s'accordent sur le fait que, dans le contexte socio-économique dangereux et menaçant que traverse actuellement le pays, c'est en faveur de Riad Salamé, un candidat délivré jusqu'à présent des veto et contre-veto, que le vent pourrait tourner – et avant le 25 mai, même.

 

Repère
Qui, quand, comment... Le manuel de l'élection présidentielle libanaise

 

 

Sans surprise, le quorum des deux tiers des députés n'a pas été assuré pour la tenue de la deuxième séance électorale, dans ce qui constitue, pour différents pôles et experts, une atteinte à la bonne marche du processus démocratique et un blocage constitutionnel et politique.
Des sources concordantes indiquent que le bloc du Changement et de la Réforme – grand absent du...

commentaires (5)

Certes après la candidature de Geagea ce héros national fabriqué au Lubnan il y a un vide qui s'est créé ! Car tous les autres candidats découvrent la réalité et se sentent tout tout petits petits...ils n'ont rien à proposer à ce pays: tous sans exception ils veulent tirer profit de ce qui reste de cette république ... Les autres candidats cachent leur misère dans des formules sémantiques déjà expérimentées et malheureusement périmées ... Le peuple libanais entier devrait remercier Geagea d'avoir su se protéger des tentatives d'assassinats....pourvu que la providence continuera de le protéger !! Car le Liban a besoin d'hommes comme lui... Et heureusement il y en a beaucoup d'autres ...mais qui ne sont pas encore maîtres de leur destin ...

CBG

00 h 36, le 03 mai 2014

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Commentaires (5)

  • Certes après la candidature de Geagea ce héros national fabriqué au Lubnan il y a un vide qui s'est créé ! Car tous les autres candidats découvrent la réalité et se sentent tout tout petits petits...ils n'ont rien à proposer à ce pays: tous sans exception ils veulent tirer profit de ce qui reste de cette république ... Les autres candidats cachent leur misère dans des formules sémantiques déjà expérimentées et malheureusement périmées ... Le peuple libanais entier devrait remercier Geagea d'avoir su se protéger des tentatives d'assassinats....pourvu que la providence continuera de le protéger !! Car le Liban a besoin d'hommes comme lui... Et heureusement il y en a beaucoup d'autres ...mais qui ne sont pas encore maîtres de leur destin ...

    CBG

    00 h 36, le 03 mai 2014

  • LES SPECTRES DU VIDE SONT VIDES ET SE VIDENT... DANS LE VIDE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 08, le 02 mai 2014

  • Vraiment trabiscote comme scenarios ! on a l'impression que le 14 evanescent est plus dans l'embarras que le 8 Mars , parce que saad montre des reticences a se prononcer clairement , ce qui ne devait et ne devrait pas etre le cas . Mais les omoplates sont exposees et les couteaux aiguises . Le hezb resistant doit bien se marrer en tout cas .

    FRIK-A-FRAK

    17 h 37, le 01 mai 2014

  • Faut pas se faire peur inutilement....tout le monde sait ...que dans notre pays ...le vide et le trop plein ...se négocient avant et après....!

    M.V.

    12 h 09, le 01 mai 2014

  • Nulle présidentielle libanaise, avant une décantation de la situation syrienne.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    09 h 20, le 01 mai 2014

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