Sans surprise, le quorum n'a pas été atteint mercredi au Parlement libanais pour le deuxième tour du scrutin présidentiel, provoquant le report de l'échéance au 7 mai.
Quelque 76 députés ont en effet pris place mercredi dans l'hémicycle, le quorum requis étant de deux-tiers des parlementaires (86 sur 128). Le président du Parlement, Nabih Berry, qui avait reporté l'ouverture de la séance de 12h à 12h30 dans l'espoir que le quorum soit atteint, s'est finalement résigné à reporter le scrutin au 7 mai à 12h.
Cette situation de reports successifs semble devoir se prolonger au moins jusqu'au 15 mai, dix jours avant la fin du mandat du président Michel Sleiman. Durant cette période en effet, les séances électorales ont lieu de plein droit, c'est-à-dire sans convocation du président de la Chambre.
Le 14 Mars s'est présenté dans sa quasi-totalité au Parlement, quatre des 54 députés que compte l'alliance étant en déplacement. Du côté du 8 Mars, seuls les députés du bloc du Développement et de la libération, de M. Berry, ont participé à la séance parlementaire.
Les blocs du Changement et de la réforme, du général Michel Aoun, et de la Fidélité à la résistance (Hezbollah), ont boycotté le scrutin faute d'un consensus sur un candidat. Lundi, le bloc aouniste avait indiqué qu'il ne se présentera pas à la séance électorale qu'il juge "inutile" ou carrément "folklorique".
Le bloc de la Rencontre démocratique, du chef druze Walid Joumblatt, s'est lui présenté au Parlement, pour élire son candidat Henri Hélou.
(Voir : Qu'attendez-vous du prochain président? Les Libanais répondent)
A l'annonce du report, les députés du 14 Mars ont lancé une attaque en règle contre leurs collègues du 8 Mars les accusant de violer la Constitution et leur mandat.
Le leader des Forces libanaises (FL) et candidat à la présidentielle du 14 Mars, Samir Geagea, a fustigé les tentatives de "torpiller l'élection présidentielle". "Il s'agit d'une violation de la Constitution. Le quorum sert à assurer la tenue d'une séance et non à la torpiller", a déclaré M. Geagea.
"Le boycott n'est pas un droit démocratique. Il est anticonstitutionnel. Il ne s'agit pas d'une pratique démocratique car le boycott sert ici certains intérêts. Ils veulent que leur candidat soit élu sinon ils torpillent l'élection", a-t-il ajouté. "Ils torpillent la démocratie et la Constitution. Nous allons poursuivre notre chemin", a encore indiqué le chef des FL.
Le député Nawar el-Sahili, du bloc de la Fidélité à la résistance, a affirmé à la presse qu'il faut "un consensus sur un candidat pour assurer le quorum".
Le député indépendant membre du 14 Mars, Boutros Harb, a émis l'espoir que "toutes les parties aient conscience qu'il est impossible de continuer à provoquer un défaut de quorum".
Pour son collègue du courant du Futur, Ahmed Fatfat, "tous ceux qui provoquent un défaut de quorum participent à torpiller l'élection présidentielle".
Tel n'est pas en tout cas l'avis du bloc du Changement et de la réforme. "Le président devrait être consensuel. Notre décision vise à aboutir à un consensus national sur un nom", a déclaré un de ses députés, Nabil Nicolas.
Selon des experts, l'absence de consensus, aussi bien entre Libanais qu'entre leurs parrains régionaux, laisse présager un vide présidentiel après le 25 mai.
"Je pense que nous n'aurons pas de président d'ici la fin de la période constitutionnelle du 25 mai (...) car le camp du Hezbollah ne peut pas accepter Geagea et le camp du 14 Mars ne peut pas accepter Aoun", a affirmé à l'AFP Hilal Khashan, professeur de sciences politiques à l'Université américaine de Beyrouth (AUB).
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20 h 26, le 30 avril 2014