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Économie - Parlement

Au Liban, la grogne gonfle, gonfle, gonfle...

Grille des salaires, anciens loyers, droits des agents de la Défense civile... L'effervescence sociale est tangible depuis une semaine et devrait prendre encore de l'ampleur au cours des prochains jours, avec la tenue de plusieurs séances plénières au Parlement.

Des agents de la Défense civile libanaise coupant la route près de la Cité sportive à Beyrouth. Photo Facebook

Cette semaine promet d'être socialement mouvementée, au Parlement comme dans la rue. En effet, les mécontents sont nombreux, à commencer par l'ensemble du secteur public qui attend depuis plus de deux ans l'adoption du projet de loi sur la nouvelle grille des salaires. Les discussions concernant les moyens de financement de la grille tournent en rond depuis des mois et les députés doivent jongler entre les pressions des organismes économiques qui mettent en garde contre les « conséquences dramatiques qu'aurait pour effet une hausse des taxes » et celles des syndicats qui menacent d'escalade si la loi n'est pas rapidement votée. Le président du Comité de coordination syndicale (CCS), Hanna Gharib, a fait savoir que « tout nouvel ajournement serait fatal et a fait planer la menace du boycott des examens officiels ».

Les commissions parlementaires mixtes doivent se réunir aujourd'hui pour poursuivre l'examen des moyens de financement de la grille des salaires. Vendredi dernier, sept articles du projet de loi avaient été acceptés, mais les divergences restent fortes sur les articles 1 et 5, concernant respectivement la TVA et les permis de construire. Selon l'Agence nationale d'information (ANI), un consensus pourrait être trouvé autour de la TVA pour exempter les couches les plus défavorisées de la population. Celle-ci ne concernera que les produits de luxe, tels que le caviar, les yachts, les parfums, les voitures de luxe, le timbre fiscal et la taxe sur les biens immobiliers luxueux. Quant aux permis de construire, une vive altercation avait opposé le président de la commission parlementaire des Finances Ibrahim Kanaan et le ministre des Finances Ali Hassan Khalil, visiblement pas d'accord sur les chiffres présentés. Ils ont par la suite tenu à clarifier leurs positions, assurant que « le problème ne concerne pas les chiffres, mais des choix politiques et économiques à prendre ».

(Lire aussi : Le quorum des deux tiers barre la voie à tous les candidats de défi)

Les locataires et les agents de la Défense civile
Depuis mercredi, des agents de la Défense civile manifestent contre la non-approbation par le Parlement du projet de loi en bloquant plusieurs routes à travers le pays. Hier, les protestataires ont fermé la route de Damas, non loin du rond-point de la localité de Aley (sud-est de Beyrouth), ainsi que l'autoroute de Nahr el-Mott (Metn) en direction de Jal el-Dib. D'autres manifestations ont également eu lieu à Nabatiyé (Liban-Sud) et à Minyé (Liban-Nord). Les manifestants ont indiqué que 1 500 d'entre eux sont concernés par cette loi. « Les droits des agents de la Défense civile seront respectés conformément à la loi », a pour sa part affirmé le ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, dans un communiqué publié par l'ANI. Celui-ci a informé le président de la Chambre, Nabih Berry, qu'il était prêt à discuter de la proposition de loi sur l'intégration au cadre des éléments de la Défense civile. Ce projet de loi avait été retiré mercredi dernier de l'ordre du jour de la séance plénière du Parlement. Le député membre du bloc parlementaire du Hezbollah, Nawaf Moussaoui, avait justifié cette décision en affirmant que M. Berry souhaitait accorder au ministre Machnouk un délai d'une semaine pour présenter ses remarques concernant le projet. Nabih Berry a fixé à mercredi et jeudi prochains une nouvelle réunion en séance plénière de la Chambre.

Par ailleurs, les représentants des locataires ne décolèrent pas depuis la semaine dernière. Samedi dernier, des dizaines de personnes ont manifesté place Sassine, dans le quartier d'Achrafieh à Beyrouth, et ont brièvement coupé les routes adjacentes en signe de protestation contre la loi sur la libéralisation des loyers. Celle-ci, adoptée mardi dernier par le Parlement, prévoit une libéralisation des contrats de location en fonction desquels les anciens locataires seront amenés à verser une somme annuelle équivalente à la différence entre l'ancien loyer et la nouvelle valeur locative, elle-même équivalente à 5 % de la valeur du bien immobilier. Cette augmentation se fera graduellement sur neuf ans. Le projet de loi avait provoqué la colère du comité pour le droit des locataires qui avaient lancé en février un cri d'alarme concernant le sort de milliers d'anciens locataires. Mais les propriétaires des appartements en location ne comptent pas se laisser intimider et ont appelé hier le président de la République à « signer rapidement la loi votée au Parlement, pour mettre fin à des années d'injustices ». Ils comptent également manifester demain à 18h place Riad el-Solh pour montrer qu'ils n'accepteront aucun nouveau compromis.


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