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Économie - Infrastructures

Les ports de Beyrouth et de Tripoli en chiffres en 2023

Il s’agit des deux seuls ports du pays équipés de grues géantes capables d’intervenir sur des porte-conteneurs.

Les ports de Beyrouth et de Tripoli en chiffres en 2023

Une affiche placardée dans l'une des salles du siège du port de Beyrouth. Photo Matthieu Karam

Malgré les crises et l’insécurité régionale, les ports de Beyrouth et de Tripoli (Liban-Nord) continuent de fonctionner de manière plutôt satisfaisante, compte tenu des circonstances.

C’est ce que révèlent les statistiques de 2023 pour chacune des deux infrastructures publiées courant avril par leurs autorités respectives – et compilées par le Lebanon this week de Byblos Bank. L’Orient-Le Jour a également contacté les directions de ces infrastructures, respectivement dirigées par Omar Itani à Beyrouth et Ahmad Tamer à Tripoli, pour obtenir certaines informations complémentaires.

Les performances globales du port de Beyrouth affichent un niveau inférieur à celui affiché avant la crise, notamment parce qu’elles ont été plus profondément affectées par les perturbations du trafic maritime lié à la guerre à Gaza. Elles restent nettement plus élevées que celle de Tripoli, dont les équipements sont plus modestes.

Il s’agit des deux seuls ports du pays équipés de grues géantes capables d’intervenir sur des porte-conteneurs. Celui de Beyrouth en compte 16, contre seulement 3 à Tripoli – la troisième ayant été livrée à la fin 2023. La gestion de ces terminaux spécialisés est assurée par le groupe français CMA CGM, depuis 2022 à Beyrouth et depuis 2021 à part entière à Tripoli. Aucun des deux ports n’est pour l’instant équipé d'un véritable terminal pour passagers.

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Port de Beyrouth

Le port de Beyrouth s’étend sur une zone de 1,2 km² au cœur de la capitale et a été partiellement détruit par l’explosion du 4 août 2020 qui a tué plus de 200 personnes et ravagé des quartiers entiers. Son terminal conteneur a été relativement épargné par la catastrophe – dont les responsables n’ont toujours pas été identifiés – et génère l’essentiel des revenus de l’infrastructure (les estimations qui circulent en coulisses tablent sur un ratio vague de 90 % de conteneurs pour 10 % de vrac, bien avant que la crise n’éclate).

Les données publiées montrent que 5,41 millions de tonnes de marchandises ont transité par le port de Beyrouth en 2023, entre importations, exportations et transit. Ce total est en hausse de 5 % par rapport à 2022 et rapproche l’infrastructure de sa moyenne d’avant 2020 (plus de 6,5 millions en 2019, année à la fin de laquelle la crise que traverse le pays a commencé au Liban selon les données compilées par le site Brite opéré par Blominvest). Les importations ont représenté 81,2 % du volume total de marchandises. Le nombre de navires enregistrés a, lui, augmenté de 15 % par rapport à 2022 avec un total de 1 371 bâtiments.


Au niveau des revenus – qui n’ont pas été publiés -, Omar Itani a indiqué à L’Orient-Le Jour qu’ils gravitaient autour de 150 millions de dollars, ce qui représente une baisse de 28 % par rapport à leur niveau en 2019. Selon lui, le port affichait une dynamique alignée sur ses performances d’avant-crise avant que la guerre de Gaza n’éclate. Une trajectoire qui est liée à l’impact de la guerre de Gaza, et plus particulièrement de la mobilisation des rebelles houthis en mer Rouge, qui ont fortement perturbé le trafic maritime.

Le débat sur la réhabilitation de la plus importante infrastructure portuaire du pays, et qui a été partiellement détruite par l’explosion du 4 août 2020, est remis sur la table après la finalisation d’un plan réalisé par des cabinets français – Egis, Artelia et EDF – et financé par la France.


Port de Tripoli

Les statistiques du deuxième port du pays, qui s’est doté d’une troisième grue géante fin décembre 2023 sont beaucoup plus modestes que celles de Beyrouth. Ce dernier est installé sur une zone portuaire bien plus grande que celle de Beyrouth (3 km²), mais aussi largement sous-exploitée (une importante partie du terrain est en friche). Contrairement à Beyrouth, la majorité du fret est constitué de vrac (une source portuaire évoque une répartition de 80 % à 20 %).

L’infrastructure, qui est installée sur une zone pourtant plus grande que celle de la capitale (3 km² contre 1.2 km²) sans l’exploiter totalement, n’a vu transiter que 3,62 millions de tonnes de marchandises en 2023. Ce total est en hausse de 1,1 % en un an et de 81 % par rapport aux 2 millions de tonnes comptabilisées en 2019 par la direction du port. Les importations n’ont représenté que 47,3 % du total, et affichent une baisse d’environ 340 000 tonnes par rapport à 2023. Une particularité liée au fait que ce port est privilégié par les exportateurs de produits agricoles. Le nombre de navires qui ont jeté l’ancre à Tripoli en 2023 est de 837, un nombre en baisse de 5,4 % par rapport à 2022.

Le port de Tripoli ne publie pas non plus ses revenus. Selon Ahmad Tamer, ceux-ci auraient atteint 29 millions de dollars en 2023, ce qui représente une hausse de 93 % comparé aux 15 millions de dollars enregistrés quatre ans plus tôt. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette hausse, dont le fait que le port est en pleine expansion depuis le déploiement de ses premières grues géantes en 2017 tandis que celui de Beyrouth fonctionnait déjà à plein potentiel avant la crise (ils évoluaient régulièrement au-dessus de 200 millions de dollars).

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Autres ports

Le thème du développement des zones portuaires au Liban a été abordé lors d’un panel vendredi dernier au salon Project Lebanon 2024, consacré au secteur de la construction, auquel ont participé Omar Itani pour le port de Beyrouth, le chef du service économique régional à l’ambassade de France, François Sporrer, et le président du Mouvement international des chefs d’entreprise libanais (MIDEL), Fouad Zmokhol.

Le Liban compte d’autres ports, comme celui de Saïda (Liban-Sud, vrac et pêche), Tyr (Liban-Sud, pêche et plaisance), Jounieh (Kesrouan, ancien terminal passagers), Dbayé (Metn, plaisance), Jiyyé (Chouf, pêche), Okaïbé (Kesrouan, pêche), Jbeil (pêche, plaisance) ainsi que des terminaux pétroliers (comme à Amchit, Jbeil). Mais la plupart d’entre eux ont besoin d’être réhabilités, intégrés dans un schéma plus vaste de réorganisation des infrastructures portuaires et routières du pays. Le renforcement de la sécurité fait aussi partie des chantiers prioritaires identifiés par les participants.

En mars, l'agence française d'expertise technique internationale Expertise France a présenté les résultats d’une « évaluation réalisée à Beyrouth entre juin 2023 et février 2024 par un organisme de sécurité habilité. Cette étude recommande notamment d’actualiser la réglementation libanaise, de « renforcer la sécurité de la navigation avec des éclairages adaptés », ou encore d'accélérer la numérisation des services du port. 

Malgré les crises et l’insécurité régionale, les ports de Beyrouth et de Tripoli (Liban-Nord) continuent de fonctionner de manière plutôt satisfaisante, compte tenu des circonstances.C’est ce que révèlent les statistiques de 2023 pour chacune des deux infrastructures publiées courant avril par leurs autorités respectives – et compilées par le Lebanon this week de Byblos Bank....
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claudio mésoniat

16 h 54, le 29 avril 2024

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Commentaires (1)

  • ?✌️?

    claudio mésoniat

    16 h 54, le 29 avril 2024

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