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Elle gronde, écoutez-la !

Revenons sur la terre ferme loin des élucubrations politiques des uns et des coups fourrés des autres, loin des ambitions présidentielles affichées ou des intentions inavouées. Samir Geagea ou Michel Aoun, Boutros Harb ou Robert Ghanem, Sleimane Frangié ou Ziyad Baroud : la liste des prétendants est longue, mais plus longue est encore celle des outsiders du bataillon, ceux qui rêvent de gloire éphémère dans un pays ouvert à tous les vents.

Pourquoi revenir sur la terre ferme ? Pour la simple raison que la campagne présidentielle a été ouverte sur fond d'analyses étroitement liées aux événements en cours dans la région, aux équilibres de forces qui déchirent les pays du Proche-Orient. Or, c'est sur les dossiers purement domestiques que les candidats risquent de se casser les dents, c'est sur les questions de survie quotidienne, celles auxquelles est confronté le Liban d'en bas, que les tests vont être les plus décisifs, les plus déterminants.

Qu'importe que le régime de Bachar el-Assad tombe aujourd'hui ou demain, qu'importe que les Américains et les Iraniens se rabibochent aujourd'hui ou se querellent demain, qu'importe que le Hezbollah se libère de son autisme ou s'y enfonce davantage : au Liban, les priorités sont désormais ailleurs, elles touchent à l'essence même de l'existence, à une dignité humaine chaque jour un peu plus bafouée, un peu plus diminuée. Ne l'oublions pas : plus d'un tiers de la population se trouverait désormais sous le seuil de la pauvreté, et les grèves et manifestations des classes ouvrières ne sont que la conséquence naturelle de l'aveuglement étatique et des louvoiements politiciens.

L'urgence est là, elle explose dans l'indigence qui disloque les familles, jette des enfants de onze ans dans le monde du travail ; elle se reflète dans les yeux de mères désemparées qui n'ont que trois dollars de la journée pour nourrir leurs enfants ; elle implose dans la misère extrême qui gangrène des pans entiers de la population au Liban-Nord, dans la Békaa et dans certaines banlieues de Beyrouth. La réalité est là, hors d'atteinte des manœuvres politiques et des considérations électoralistes. Une réalité rendue encore plus menaçante par l'afflux de centaines de milliers de réfugiés syriens transposant au Liban et leur détresse et leurs griefs, et implantant dans un sol fertile les germes d'une insécurité renouvelée.

Et en arrière-plan, pour ne rien arranger : une loi sur les loyers qui risque de jeter à la rue des dizaines de milliers de foyers et une nouvelle grille des salaires dans le secteur public que l'État n'est pas en mesure d'honorer à moins de s'engager dans une spirale inflationniste qui n'épargnera personne, ni les pauvres, ni les nantis, ni les ouvriers, ni le patronat créateur d'emplois...

Alors, que la présidence échoit à Samir Geagea ou à Michel Aoun, à Boutros Harb ou à Robert Ghanem, à X ou à Y, les Libanais d'en bas, les éternels laissés-pour-compte, s'en fichent carrément. Leur exigence c'est juste de vivre dans la dignité à l'ombre d'un État de droit. Surréaliste leur exigence ? Dans le contexte politique d'aujourd'hui, à l'aune de la corruption ambiante, il y a lieu de le croire...

Revenons sur la terre ferme loin des élucubrations politiques des uns et des coups fourrés des autres, loin des ambitions présidentielles affichées ou des intentions inavouées. Samir Geagea ou Michel Aoun, Boutros Harb ou Robert Ghanem, Sleimane Frangié ou Ziyad Baroud : la liste des prétendants est longue, mais plus longue est encore celle des outsiders du bataillon, ceux qui rêvent de...

commentaires (3)

Face à la corruption ambiante et galopante , il y a lieu de le croire qu'un président fort pourra tout changer loin de ce vent trop pessimiste .

Sabbagha Antoine

12 h 09, le 07 avril 2014

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Commentaires (3)

  • Face à la corruption ambiante et galopante , il y a lieu de le croire qu'un président fort pourra tout changer loin de ce vent trop pessimiste .

    Sabbagha Antoine

    12 h 09, le 07 avril 2014

  • COMME SI LA PRÉSIDENCE SE DÉCIDAIT OU S'ÉLISAIT AU SUFFRAGE UNIVERSEL OU PAR REFERENDUM POPULAIRE ! ICI, TOUTES LES PRESSIONS ET TOUS LES COUPS BAS SONT À L'OEUVRE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 58, le 07 avril 2014

  • Cette lutte printanière sera plus facile en Sœur Syrie, puisqu’elle sera clairement prise en compte par une société déjà mobilisée. Et dont certaines composantes ; une partie de l’armée, les classes moyennes, l’intelligentsia ; ont fait savoir clairement qu’elles sont résolues. A charge pour elles d’intégrer l’Islam de la manière la plus pertinente, i.e. non contraignante pour les non-croyants et les non-musulmans ! De lui faire renoncer ainsi à son fondamentalisme. C’est jouable, même si c’est loin d’être joué. La Turquie indique, bien évidemment plutôt que cet Iran fakihdiot Per(s)cé, que même si la porte est étroite, on peut s’y glisser. Le cas du Liban est plus délicat évidemment. D’ores et déjà moult crispations ou inquiétants signaux se multiplient, qui ne disent rien de bon. D’autant que le Malsain en 8, perpétuellement supplicié par ses tyranneaux locaux en duo ; l’un fakîhiste, l’autre orangé- aigri ; et ignoré par ses autres zaïïms indigènes, ne paraît avoir trouvé que dans le sectarisme la compassion nécessaire à sa survie ! En tout état de cause, il conviendrait que les 14 Sains Libanais se bougent un peu. Qu’ils ré-imaginent une politique volontariste, suffisamment sensible pour booster cette peuplade et ce pays qui devraient devenir enfin véritablement libres et démocratiques. Oui, on sait, le Sain Libanais ces temps derniers, vaut mieux ne pas trop en parler. Et ailleurs regarder !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    07 h 09, le 07 avril 2014

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