Tripoli, la naufragée, a été sauvée de justesse. Avalisé il y a quelques jours in extremis, le plan sécuritaire mis en exécution par l'armée libanaise semble commencer à donner ses premiers fruits en termes de pacification de la ville, une bonne fois pour toutes.
Du moins, telles sont les prémices qui sont apparues hier dès l'accès de la troupe, pour la première fois depuis des décennies, dans le tristement célèbre quartier de Bab el-Tebanneh.
Les militaires avaient choisi – en signe de bonne foi, mais aussi pour se soustraire franchement à la réputation de partialité que leur avaient collée à la peau certaines personnalités politiques influentes de la ville – de sévir en premier à Jabal Mohsen, un autre quartier tout aussi réputé pour ses histoires macabres, mais aussi pour l'inféodation de ses chefs suprêmes à la Syrie.
Ainsi, le départ « forcé vers une destination inconnue » du chef du Parti arabe démocratique, Rifaat Ali Eid, « avec la coopération d'une personnalité du Nord, proche de sa ligne politique », semble se confirmer jour après jour, comme l'assure une source autorisée. Son éloignement a permis aux habitants alaouites de souffler enfin, non fâchés de se voir délivrés du joug du legs politique que ce personnage leur avait imposé bon gré mal gré.
L'arrestation, hier dans la nuit, du membre influent du bureau politique du PAD, Ali Fedda, précédé la veille par l'arrestation de plusieurs personnes recherchées ont scellé une fois pour toutes la délivrance de la majorité des habitants du « Jabal » d'un alignement politique à la Syrie dont ils n'avaient que faire.
De l'autre côté de la « ligne de démarcation », que les résidents des deux côtés ont forcée hier lors d'une initiative d'embrassade intercommunautaire semi-spontanée, car encadrée par l'armée, la situation est tout aussi porteuse d'espoir, les habitants claironnant d'une seule voix leur ras-le-bol des politiques. « On n'aura la paix que lorsqu'ils cesseront leur ingérence dans les affaires du peuple », disaient-ils.
De leur côté, la majorité des caïds armés (Rou'assa al-Mahawer) du quartier sunnite de Bab el-Tebbaneh ont officiellement avalisé le plan sécuritaire et l'entrée de l'armée, soutenue par l'ensemble des chefs religieux islamistes, à l'exception de cheikh Daï Chahhal, qui s'est obstiné à faire cavalier seul en s'opposant toujours (verbalement et en vain) à l'entrée de la troupe. Une source informée du quartier de Bab el-Tebbaneh rapporte d'ailleurs que le prédicateur islamiste a tenté mardi soir, « dans un dernier soubresaut désespéré », de se rallier quelques frondeurs parmi les caïds de la mort, sans succès. « Vous nous aviez incité à la lutte contre l'armée libanaise à Denniyé en janvier 2000, où l'on s'était laissés prendre dans le piège comme des rats, pour ensuite nous lâcher lâchement », devaient lui crier à la figure l'un des caïds. « Des propos d'une rare dureté qui semblent avoir poussé cheikh Daï à retourner bredouille chez lui », devait commenter la source.
(Lire aussi : De la difficulté d’élaborer un plan sécuritaire tripolitain dans la Békaa)
Très peu d'irréductibles...
Si l'ensemble des chefs de barricade ont fini par se faire une raison, souscrivant malgré eux à la raison d'État, seuls « trois autres chefs de milices de quartier – les plus dangereux », assure une source sécuritaire, refusent encore de se rendre à l'évidence du « retour à la normale » et s'obstinent à vouloir se battre contre la troupe.
« Ces trois caïds, qui régissaient un groupuscule d'une trentaine de personnes chacun en sévissant à l'aide de la violence et du pouvoir de l'argent, n'ont toutefois pas réussi à convaincre l'ensemble de leurs escadrons de la mort », précise la source tripolitaine. « Seules une quinzaine de personnes ont décidé de les suivre dans leur démarche suicidaire », ajoute-t-elle.
Quant au fameux « Ziad Allouki » qui fut tant sollicité les derniers temps par les chaînes télévisées, sa position reste à ce jour « mitigée ». « Ce n'est qu'un jeu politique. Il finira très probablement par suivre la majorité », assure la source.
Armée d'un soutien populaire sans pareil dans ce périmètre de la mort – la marche pacifique à double sens des habitants des deux quartiers hier rivaux, devait en être une preuve éclatante –, la troupe est aux aguets. Elle reste à l'affût de tout danger que pourrait constituer une attaque surprise lancée par ces éléments récalcitrants, « qui pourraient sortir de leur trou à n'importe quel moment comme un diable de sa boîte », assure la source de Bab el-Tebbaneh.
Hier l'armée a d'ailleurs poursuivi les rafles de part et d'autre de la rue de Syrie qui sépare les deux « voisins ennemis », arrêtant 33 personnes, « dont 14 de nationalité syrienne », devait préciser un communiqué de la troupe.
Au total : 108 arrestations en deux jours et des perquisitions à la recherche de personnes faisant l'objet de plusieurs mandats d'arrêt.
Le sort des armes...
Tôt le matin, et pour paver la voie à l'entrée – jadis controversée –, des militaires dans les quartiers sunnites, le député ultraconservateur de Tripoli, Mohammad Kabbara, s'est rendu à Bab el-Tebbaneh avec une pléthore de religieux sunnites (les cheikhs Salem Rifaï, Omar Rifaï, Amer Hassan, Houssam Sabbagh et Khaled Sayyed), pour s'adresser aux habitants et aux jeunes du quartier. Le député a rassuré les gens qui se sont attroupés affirmant que l'armée ne prendra pas d'assaut les maisons.
Plus loin, dans les ruelles lugubres de ce quartier meurtri par des décennies de violences, une autre réunion devait se tenir entre les anciens combattants des années 80 : ceux qui avaient pris part à la fameuse bataille de 1986 contre les Syriens, qui tenaient jadis les habitants de ce quartier sous leur botte. Selon l'un des combattants – lesquels ont d'ailleurs unanimement exprimé leur soutien à la troupe – c'est effectivement « le début de la fin ».
« L'État va appliquer la fameuse proposition qui circulait il y a un an et demi, à savoir que très prochainement, il enverra des marchands d'armes pour venir acheter tout l'armement et les munitions restés enfouis sous terre dans le quartier, comme il l'avait fait en 1982. C'est assurément la meilleure façon de démilitariser ce quartier une fois pour toutes », conclut l'ancien milicien.
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La critique de la pensée sectaire d’ici, à laquelle Gébrâne Khalîl aurait pu donner la formule la + logique, absolue et riche est à la fois l'analyse critique de la tolérance et de la réalité qui s'y trouve liée, et la négation catégorique de toute la manière passée du sectarisme d’ici dont l'expression capitale élevée au rang d'une science est précisément cette pensée de ce Kottor-conTrée. Si lui a pu donner naissance à cette pensée Niaise, cette pensée abstraite de la tolérance dont la Réalité reste un au-delà ; cet au-delà ne fût-il situé qu’au-delà la méditerranée ; réciproquement, la représentation d’ici de la tolérance, celle qui fait abstraction de l'Homme réel, n'était elle de même possible que parce que et autant que cette tolérance fait elle-même abstraction du réel, ou ne satisfait l'homme que de façon imaginaire. Ces gens d’ici ont "pensé" ce que les autres peuples de cet au-delà ont fabriqué. Ce Kottor n’a été que leur conscience théorique. La présomption de leur "pensée" a toujours marché de pair avec le caractère trop sectaire de leur réalité. Si donc le statu quo de cet ordre sectaire exprime le parachèvement de l'Ex-système ante dépassé ; ce qui constitue une écharde dans la tolérance ; le statisme de la "pensée" sectaire d'ici exprime l'inachèvement de la tolérance ici même, ce qui constitue de même sa nature réelle morbide à cette sectaire pensée d’ici.
12 h 34, le 03 avril 2014