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Liban - Réformes

Décentralisation administrative : l'acte fondateur de Sleiman

Le président Michel Sleiman est revenu hier à la charge au sujet de la stratégie nationale de défense lors du lancement du projet de loi sur la décentralisation administrative.

L’ancien ministre Ziyad Baroud, présentant hier son « bébé »– le projet sur la décentralisation administrative – aux personnnalités conviées à Baabda. Photo Ibrahim Tawil

Au palais de Baabda hier, le président Michel Sleiman a officiellement lancé le projet de décentralisation administrative, prévu par le document d'entente nationale, au cours d'une cérémonie solennelle, qui s'est déroulée en présence de l'ancien Premier ministre, Nagib Mikati, du ministre de l'Intérieur, Nouhad
Machnouk, d'un grand nombre de ministres, de députés, de diplomates et d'anciens ministres dont l'ancien ministre de l'Intérieur, Ziyad Baroud, qui avait dirigé les travaux de la commission qui avait été chargée d'élaborer le texte de loi.


Si le chef de l'État s'est étendu dans son discours sur les avantages et les mérites de la décentralisation pour le Liban ainsi que sur son impact sur le développement du pays et la consolidation de l'État, il a aussi saisi l'occasion pour mettre de nouveau en relief les éléments et les décisions dont la concrétisation permettent, selon lui, d'atteindre le même objectif. Le chef de l'État a notamment plaidé en faveur de la mise en place d'une stratégie nationale de défense et s'est engagé à remettre au Conseil des ministres un projet de réformes de nature à « combler les lacunes constitutionnelles qui favorisent une paralysie de l'État ».
« Il faut poursuivre le dialogue national. Nous avons tenu récemment une réunion et nous en tiendrons, ou pas, une autre. Si, entre-temps, un président de la République est élu, nous déciderons si une nouvelle séance est utile. L'important est que le nouveau régime reprenne le flambeau et que la stratégie nationale de défense soit débattue avec le nouveau chef de l'État », a déclaré M. Sleiman.


« Ce dernier ainsi que les membres de la conférence de dialogue national doivent cependant compléter ce qui a été décidé durant les séances de dialogue, soit suivre les travaux du Tribunal spécial pour le Liban (TSL) jusqu'à ce qu'il rende son jugement, délimiter les frontières, ramasser les armes palestiniennes en dehors des camps, appliquer la charte d'honneur proposée par feu Ghassan Tuéni et la déclaration de Baabda et examiner la stratégie nationale de défense avec le nouveau chef de l'État », a-t-il dit, avant de peindre le profil souhaité de son successeur : « Celui-ci doit être fort et non pas faible, un président libanais, arabe, consensuel si possible ou appartenant à une ligne politique libanaise dont l'allégeance va entièrement au Liban. » « Plus importante encore est son envergure qui doit être à la mesure du Liban et de la diaspora », a-t-il martelé avant de revenir à la charge, encore une fois, au sujet de la stratégie de défense. « Il ne sera pas possible de s'attaquer à l'édification de l'État sans aborder la stratégie de défense nationale qui est de nature à protéger le pays et la Résistance », a ainsi affirmé le chef de l'État.

 

« En finir avec le blocage »
Concernant la décentralisation administrative, M. Sleiman a fait remarquer que son importance « correspond à celle des lois électorale et de finances parce qu'elle interagit avec les deux ». « Non seulement, elle assure le développement équilibré des régions, mais elle renforce également l'unité nationale et assure la diversité qui fait la caractéristique du Liban, sans pour autant toucher au fédéralisme. Elle ne devrait pas susciter des craintes (...) d'autant qu'elle accorde de larges prérogatives aux conseils locaux », a-t-il expliqué.


« Un de ses avantages est de permettre à la société civile de prendre en main ses propres affaires et de se libérer ainsi du clientélisme et de l'assujettissement aux autorités politiques. Elle n'est pas affectée par la paralysie et le blocage qui touchent souvent l'État et permet un meilleur exercice démocratique, que nous n'appliquons pas correctement. Il est vrai que nous exerçons notre droit au vote mais pas comme il faut », a-t-il encore regretté avant d'encourager les femmes à participer aux conseils locaux qui vont se former et de souligner la nécessité de ramener l'âge de vote à 18 ans.


Après avoir rappelé le succès de l'application du plan de sécurité à Tripoli, du démantèlement de réseaux terroristes et de la découverte de voitures piégées, le président a plaidé en faveur de la création de polices de caza, qu'une loi sur la décentralisation administrative autorise, et qui permettra, selon lui, un meilleur contrôle et maintien de la sécurité. « Un agent municipal sait mieux que n'importe qui d'autre ce qui se passe dans chaque rue », a-t-il fait valoir, avant de rendre un vibrant hommage à Nagib Mikati pour avoir mis en place la commission ad hoc qui a élaboré le projet de loi. Il a appelé Tammam Salam et Nouhad Machnouk à reprendre le texte à leur compte afin qu'il puisse devenir une réalité, en rappelant que la population peut y mettre ses observations dans un délai de quinze jours et que le Conseil des ministres peut tenir deux ou trois réunions pour l'approuver, avant de démissionner avec l'élection d'un nouveau chef de l'État.


M. Sleiman a ensuite plaidé pour la poursuite de l'application de l'accord de Taëf. Prenant ensuite la parole, le ministre de l'Intérieur a plaidé d'emblée en faveur de « la centralisation de la décision du port d'armes », une idée qui rejoint le point développé par le président au sujet de la stratégie nationale de défense. « La sécurité, la sûreté, la préservation de la paix civile ainsi que la protection de l'unité de la société et de l'entité libanaise ne peuvent être réalisées qu'avec une centralisation des décisions de port d'armes, de guerre et de paix, suivant les cadres constitutionnels appropriés », a-t-il observé. Il a mis en garde contre des tentatives d'« instituer une décentralisation des instruments de violence ». « Ce problème dépasse la question des seules armes pour s'étendre à d'autres sujets dont on ne peut débattre actuellement mais qu'on peut citer, comme notamment la détention d'individus que seul l'État peut se permettre d'effectuer », a-t-il accusé, en allusion aux agissements du Hezbollah qui interpelle souvent des civils dans les régions qu'il contrôle.


Pour ce qui est de la décentralisation administrative, le ministre a rappelé qu'elle est au cœur des réformes politiques prévues par le document d'entente nationale et que l'État « réaffirme, à travers le lancement de ce projet de loi, que ce texte représente une feuille de route pour consacrer la parité, la cohésion nationale et le développement des institutions constitutionnelles ».

 

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Au palais de Baabda hier, le président Michel Sleiman a officiellement lancé le projet de décentralisation administrative, prévu par le document d'entente nationale, au cours d'une cérémonie solennelle, qui s'est déroulée en présence de l'ancien Premier ministre, Nagib Mikati, du ministre de l'Intérieur, NouhadMachnouk, d'un grand nombre de ministres, de députés, de diplomates et...
commentaires (4)

C'est tellement beau ! Yâ harâm !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

15 h 28, le 03 avril 2014

Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • C'est tellement beau ! Yâ harâm !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    15 h 28, le 03 avril 2014

  • La décentralisation existe presque mais il faudra un peu de dévouement pour l'appliquer sérieusement .

    Sabbagha Antoine

    13 h 49, le 03 avril 2014

  • Mais alors Mr le président de la république libanaise , vous pensez vraiment être celui là ? êtes vous sérieux ? que sont devenus les armes que la troupe devait recevoir , peut on avoir des détails , parce que cela nous prouverait votre dévouement pour le Liban !

    FRIK-A-FRAK

    13 h 23, le 03 avril 2014

  • LA DÉCENTRALISATION ! ENFIN... IL EN EST TEMPS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 13, le 03 avril 2014

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