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À La Une - Culture

Un Gauguin et un Bonnard volés ornaient la cuisine d'un ouvrier italien depuis 40 ans

Le général des carabiniers indique qu'"il s'agit de tableaux d'une importance historique et artistique exceptionnelle".

Le ministre italien de la Culture, Dario Franceschini, et le général des carabiniers Mariano Mossa mercredi, devant les deux toiles retrouvées. AFP PHOTO / ANDREAS SOLARO

Elles ornaient depuis 40 ans la cuisine d'un ouvrier de la Fiat: deux toiles de Gauguin et Bonnard, estimées à des millions d'euros et dérobées en 1970 à une riche famille londonienne, ont été retrouvées après une enquête rocambolesque des carabiniers italiens et dévoilées mercredi. "Il s'agit de tableaux d'une importance historique et artistique exceptionnelle", selon le général des carabiniers (gendarmes) Mariano Mossa, qui a évoqué pour le Gauguin une estimation de plusieurs dizaines de millions d'euros.

 

Dédiée à la comtesse de N(imal), "Fruits sur une table ou nature au petit chien" a été peinte par Paul Gauguin (1848-1903) en 1889. Ses dimensions originales (49x54 cm), ont été réduites par les voleurs à 46,5x53. Quant à l'autre toile, dévoilée elle aussi lors d'une conférence de presse mercredi du ministre de la Culture Dario Franceschini et le général Mossa, il s'agit de "La femme aux deux fauteuils" (44x54 cm) de Pierre Bonnard (1867-1947), non datée.

 

Ces tableaux avaient été volés en 1970 au domicile d'une riche famille de Londres, les Mark-Kennedy, dont les héritiers peuvent désormais à tout moment "revendiquer la propriété", a expliqué le commandant Mossa.

"C'est une histoire vraiment fascinante, incroyable, le symbole de tout le travail extraordinaire, quoique peu visible, accompli depuis des années" par les carabiniers chargés du patrimoine culturel, s'est félicité M. Franceschini. Digne d'un film, l'histoire de ces toiles est effectivement "rocambolesque", a-t-il ajouté.

 

"Oubliées dans un train Paris-Turin", elles sont retrouvées par le personnel des chemins de fer italiens, qui ne se rend pas compte de leur valeur, a raconté le général Mossa. Consignés un certain temps aux objets trouvés, les deux tableaux sont mis aux enchères à Turin en 1975 et achetés, pour la somme ridicule de 45.000 lires de l'époque (23 euros), par "un ouvrier de la Fiat, passionné d'art". "L'homme les a ensuite accrochés sur les murs de sa cuisine d'abord à Turin, puis en Sicile après avoir pris sa retraite, où ils sont restés pendant 40 ans jusqu'à ce qu'on les récupère", a-t-il ajouté.

 

Comment les carabiniers sont-ils arrivés jusqu'à cette cuisine sicilienne ? Là encore, l'histoire est "extraordinaire". Elle commence par des photos, entrées en possession des carabiniers, qui repèrent de suite que les toiles qu'elles représentent peuvent être de la main des deux maitres impressionnistes français. Or les carabiniers italiens gèrent la plus grande banque de données au monde d’œuvres d'art volées (quelque 5,7 millions d'objets), et leur expertise dans ce domaine est reconnue dans le monde entier depuis 45 ans.

Après un premier contrôle, il s'avère que les tableaux ne sont pas recensés parmi les œuvres volées. Mais l'enquête, diligentée par le procureur-adjoint du parquet de Rome Giancarlo Capaldo, ne s'arrête pas là.

En cherchant dans les catalogues des musées, des maisons d'enchères, sur internet, les carabiniers tombent sur "une circonstance originale": le tableau de Gauguin, recensé dans un catalogue en 1964, ne l'est plus dans celui de 2001...

 

Retrouvant ensuite deux articles parus en juin 1970 dans le New York Times et dans un quotidien de Singapour sur le vol de ces deux toiles à Londres, les enquêteurs font le rapprochement. Restait alors à identifier le propriétaire actuel des tableaux - l'ouvrier sicilien - et à le "convaincre, via des avocats, de remettre ces objets aux enquêteurs", a souligné le général Mossa. L'enquête n'est pas terminée, a-t-il ajouté, car il s'agit désormais de reconstituer "les étapes du parcours des œuvres", du vol jusqu'à leur découverte dans le train.

"Le chiffre d'affaires généré par le commerce illégal d’œuvres d'art arrive en quatrième position au niveau mondial après celui des armes, de la drogue et des produits financiers", avait rappelé en janvier dernier le général Mossa.

 

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