Rechercher
Rechercher

À La Une - Criminalité

Des Monet et un Picasso ont-ils fini brûlés dans un village roumain?

Le village de Carcaliu sous le choc.

Dans le village de Carcaliu, en Roumanie, la maison d'Olga Dogaru, la mère de l'homme suspecté d'avoir volé des tableaux de maître aux Pays-Bas. C'est dans cette maison qu'Olga Dogaru aurait brûlé les toiles, dont des Monet et un Picasso, pour effacer les preuves du crime. AFP/DANIEL MIHAILESCU

Des chefs-d'oeuvre de Monet, Picasso et Gauguin dérobés aux Pays-Bas en 2012 ont-ils fini brûlés au 1.351 rue Malasneanca, dans un pittoresque village de Roumanie entouré de champs de tournesols gorgés de soleil?

 

Cette question taraude le monde de l'art, les enquêteurs et, au pied des monts Macin, le village de Carcaliu (est) d'où sont originaires Radu Dogaru, principal accusé pour le vol, et sa mère Olga, qui a affirmé avoir brûlé les tableaux -d'une valeur estimée à 18 millions d'euros- dans le poêle de sa salle de bain, dans l'espoir de "détruire les preuves".

 

Olga s'est depuis rétractée mais une analyse effectuée par le Musée national d'Histoire de la Roumanie a révélé que les cendres saisies chez elle contiennent des restes de trois à quatre peintures à l'huile. Des clous utilisés pour fixer des toiles sur les cadres en bois "datent d'avant la fin du XIXe siècle", a indiqué jeudi le directeur du musée, Ernest Oberländer-Tarnoveanu. Il n'a toutefois pas confirmé qu'il s'agit des toiles subtilisées au musée Kunsthal de Rotterdam.

 

A partir de mardi, les Dogaru et quatre autres Roumains seront jugés à Bucarest pour un des plus spectaculaires vols d'art du siècle.

 

Une image des toiles volées au musée Kunsthal de Rotterdam : Parmi les oeuvres volées figurent une "Tête d'Arlequin" de Pablo Picasso, le "Waterloo Bridge" et le "Charing Cross Bridge" de Londres de Claude Monet et "Femme devant une fenêtre ouverte, dite la fiancée" de Paul Gauguin. AFP/DANIEL MIHAILESCU

 

A Carcaliu, village pimpant des bords du Danube aux rues bordées de fleurs, de tilleuls et d'arbres fruitiers, maisons aux couleurs pastels et jardins ombragés de vignes vierges, l'affaire a "créé un choc pour une communauté pas habituée aux perquisitions de policiers masqués", confie Ekaterina, une "babouchka" retraitée de 66 ans.

"J'aurais aimé que rien de tout cela ne se soit passé. J'aurais aimé qu'on parle de notre village pour ses coutumes, sa culture et pas à cause de ces tableaux volés", soupire la maire Anica Toma, dans une interview à l'AFP.

"La réalité c'est que les gens du village travaillent dur et ne créent pas de problème", poursuit-elle en espérant que les agissements de quelques personnes ne jetteront pas l'opprobre sur une communauté entière.

 

La majorité des 3.000 habitants enregistrés sont lipovènes, minorité russophone dont les ancêtres s'installèrent en Roumanie il y a 300 ans fuyant les persécutions du tsar en Russie. Seuls 1.250 d'entre eux, la plupart retraités, vivent en permanence dans le village, les autres travaillant principalement en Italie, notamment dans la construction et les soins aux personnes âgées. Outre le "lipovène", du Russe ancien, il n'est pas rare d'entendre parler italien à Carcaliu.

Les Lipovènes sont connus pour avoir travaillé par milliers sur des chantiers publics sous le communisme.

 

"Malheureusement, cette affaire a sali l'image de notre village alors que nous sommes des travailleurs", regrette une grand-mère qui dévoile juste son nom de famille, Pamfil.

 

Le village de Carcaliu village. AFP/DANIEL MIHAILESCU 

 

 

Radu Dogaru, principal accusé du vol et âgé d'une vingtaine d'années, a une mère lipovène et un père roumain. Il se rendait souvent aux Pays-Bas avec sa compagne, originaire du village, qui s'y prostituait. Connu de la justice pour des affaires d'homicide et de trafic de personnes, il est décrit comme "violent" et "dirigeant d'une bande criminelle" par certains villageois.

 

"Quand il arrivait ici, on était sûr que les choses allaient mal se passer. Cette bande volait, menaçait", confie un habitant préférant garder l'anonymat par peur de représailles.

 

Olga, la mère de Radu vivait jusqu'à son arrestation dans une coquette maison blanche. C'est ici qu'elle aurait brûlé les tableaux après les avoir déterrés du cimetière où elle les avait cachés après l'arrestation de son fils.

Aujourd'hui, la maison est occupée par une de ses amies qui refuse l'entrée aux journalistes et dit "ne rien savoir" sur les tableaux.

 

Dogaru aurait aussi stocké les tableaux chez sa tante Marfa, très appréciée dans le village, sans lui dire. "Je suis encore sous le choc", dit-elle à l'AFP.

 

Parmi les tableaux volés figurent une "Tête d'Arlequin" de Pablo Picasso, le "Waterloo Bridge" et le "Charing Cross Bridge" de Londres de Claude Monet et "Femme devant une fenêtre ouverte, dite la fiancée" de Paul Gauguin.

 

"S'ils ont été brûlés, ce serait très triste car ils sont un patrimoine pour les générations futures", dit Iacob Iacob, travaillant en Italie mais revenu pour les vacances.

Le prêtre de l'église lipovène Vasile Ivli, a, lui, appelé ses paroissiens à dire tout ce qu'ils savent sur le sort de ces tableaux.

 

Pour mémoire

Un Picasso pour 100 euros, en un clic

 

Copiste célèbre et voyeur

 

 

Des chefs-d'oeuvre de Monet, Picasso et Gauguin dérobés aux Pays-Bas en 2012 ont-ils fini brûlés au 1.351 rue Malasneanca, dans un pittoresque village de Roumanie entouré de champs de tournesols gorgés de soleil?
 
Cette question taraude le monde de l'art, les enquêteurs et, au pied des monts Macin, le village de Carcaliu (est) d'où sont originaires Radu Dogaru, principal...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut