Le débat parlementaire autour de la déclaration ministérielle du cabinet de Tammam Salam a été suspendu hier en fin de soirée par le chef du législatif, Nabih Berry, qui a fixé à ce matin, 10 heures 30, la reprise du débat. Au terme des interventions des députés, le Premier ministre Tammam Salam prendra la parole pour répondre aux parlementaires.
La séance d'hier soir a été marquée principalement par une intervention intempestive du député Ali Ammar, membre du bloc du Hezbollah, qui a pris la parole, alors qu'il n'était pas inscrit sur la liste des intervenants, pour protester contre les critiques visant le Hezbollah. Dans une tentative claire de se livrer à une manœuvre d'intimidation, M. Ammar a notamment déclaré sur un ton sarcastique : « Depuis le début de la séance, nous avons patienté, conformément au principe de l'intérêt national (allusion au slogan choisi par M. Salam pour qualifier son gouvernement). Mais il est clair que notre mutisme a donné du tonus à certains qui l'ont interprété comme un signe de faiblesse. J'aurais souhaité que le président de la Chambre intervienne, sur base du règlement intérieur, pour mettre un terme à ces attaques. Mais si cela continue de la sorte, je voudrais dire en toute franchise à mes collègues que vous n'êtes pas nos ennemis et que nous avons un seul ennemi qui est Israël, lequel est ignoré au cours de cette séance. »
S'adressant directement aux députés présents, Ali Ammar a poursuivi : « Par souci de sauvegarder "l'intérêt" de ce gouvernement, dites ce que vous voulez au plan politique, mais vous devez prendre conscience du fait qu'il nous est apparu dans certaines de vos interventions que nous ne sommes pas libanais et que nous sommes en dehors du tissu social du pays. Je vous jure que notre mutisme est dû à notre souci de l'intérêt national. Mais sachez que nous ne sommes pas faibles, nous jouons dans la cour des grands, nous sommes grands et nous avons provoqué la chute des grands. »
Cette séance nocturne avait repris à 18 heures par une intervention du député Robert Ghanem qui a souligné que le cabinet Salam est le fruit de compromis réciproques, et sa raison d'être est d'éviter le vide constitutionnel et d'assurer l'élection présidentielle dans les délais prévus par la Constitution. « Ce gouvernement n'est pas une fin en soi, a souligné Robert Ghanem, mais il constitue un moyen de changer la réalité dans laquelle se débat le peuple libanais. »
De son côté, le député Henry Hélou a émis l'espoir que « les composantes de ce gouvernement parviendront à cohabiter et à œuvrer de manière cohérente et productive ». « L'école politique dont je suis issu, a souligné Henry Hélou, l'école de Pierre Hélou et Michel Chiha, est une école qui a foi dans le dialogue et l'ouverture », a-t-il dit, précisant que sur cette base, il accorde la confiance au gouvernement.
Pour sa part, le député Elie Keyrouz, membre du bloc des Forces libanaises, a souligné que l'opposition des FL à ce gouvernement « ne revêt pas un caractère politique traditionnel, mais plutôt existentiel, et elle n'est pas fondée sur un calcul de pertes et profits, mais sur des considérations en rapport avec la pérennité de l'entité libanaise ». « Le fondement essentiel de l'entité libanaise, a souligné Élie Keyrouz, est le consensus politique entre les communautés, et non pas le diktat politique imposé aux communautés en prenant des décisions unilatérales, car une telle attitude remet en question les conditions qui ont assuré la naissance de l'entité libanaise. La protection du Liban a besoin d'une entente libanaise libre. » Et M. Keyrouz de conclure que « le Hezbollah devrait définir de nouvelles bases dans sa relation avec le Liban et les Libanais ».
Député de Zahlé et membre du bloc parlementaire des Forces libanaises, M. Tony Aboukhater a évoqué d'emblée les retombées de la guerre syrienne sur le Liban. « Pourquoi les takfiristes ne sont pas apparus sur la scène libanaise dès le début de la crise syrienne et pourquoi est-ce que c'est maintenant que nous les voyons sur la scène locale ? » s'est demandé Tony Aboukhater qui a réclamé dans ce contexte que l'armée adopte une attitude « ferme en se déployant à la frontière » (avec la Syrie).
Le député Ziyad Kadri, membre du bloc du Futur, a répondu aux propos de Ali Ammar, soulignant que les interventions des députés du bloc du Futur se fondent sur « l'intérêt national, loin de toute surenchère ». « Ersal n'est pas une terre occupée par l'ennemi israélien, a souligné dans ce cadre Ziyad Kadri. Les habitants de Ersal ne sont pas takfiristes, ils ne sont pas terroristes et ils ne sont pas sionistes. Ersal est une localité libanaise, ses habitants sont libanais. C'est une localité arabe résistante, et ses habitants sont des Arabes résistants (...). Nous condamnons le terroriste et les attentats, et nous condamnons aussi les bombardements qui visent les localités libanaises. Nous disons la vérité telle qu'elle se présente. La participation du Hezbollah aux combats en Syrie cause la mort au Liban. De ce fait, nous n'accepterons pas que Ersal serve de bouc émissaire. »
Enfin, le député Estéphan Doueihi a commencé son intervention en faisant le signe de la croix et en évoquant la Sainte Trinité. Il a critiqué ensuite les dernières prises de position du président de la République, soulignant qu'il était personnellement opposé à toute prorogation du mandat du président Michel Sleiman, « si tel est l'objectif des dernières prises de position du président ». En conclusion, M. Doueihi a souligné que « l'armée reste le principal pilier de tout conflit avec les ennemis du Liban ».
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commentaires (6)
Non , lui , il n'intimide pas , il conseille c'est tout , bouuuuhhh , faut pas peur les agneaux !!
FRIK-A-FRAK
18 h 49, le 20 mars 2014