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Moyen Orient et Monde - Révolte

Pour le régime syrien, Brahimi a « outrepassé sa mission »

Pour le médiateur international, l'organisation par le régime d'une présidentielle torpillerait les négociations de paix ; une nouvelle loi empêche de fait les figures de l'opposition en exil de se présenter ; l'armée est entrée dans la ville rebelle de Yabroud.

C’était le 15 mars 2011. Depuis, trois années sont passées, avec leurs 146 000 morts, leurs neuf millions de personnes contraintes à la fuite, et leur million d’enfants privés d’aide humanitaire. À Trafalgar Square à Londres, comme un peu partout dans le monde, la campagne #WithSyria appelle à marquer cet anniversaire sanglant. Carl Court/AFP

Le médiateur international Lakhdar Brahimi a jugé que l'organisation par le régime d'une présidentielle dans le pays ravagé par les combats torpillerait les négociations de paix, s'attirant hier les critiques du pouvoir. « S'il y a une élection, je soupçonne que toute l'opposition ne sera probablement pas intéressée pour discuter avec le gouvernement », a prévenu M. Brahimi après deux séries de pourparlers infructueux à Genève en janvier et février. Ce à quoi le ministre syrien de l'Information Omrane al-Zohbi a rétorqué : « Brahimi doit respecter son rôle en tant que médiateur, il doit être honnête et impartial. Ses propos ont outrepassé sa mission. »

De son côté, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a souhaité hier que Moscou et Téhéran fassent pression sur Damas pour une reprise des négociations de paix, suspendues depuis la mi-février en raison d'un désaccord entre le gouvernement syrien et l'opposition sur l'ordre du jour des travaux.

Les déclarations de M. Brahimi interviennent dans le cadre d'un vote par le Parlement syrien d'une loi qui exclut de facto une participation de l'opposition en exil à la prochaine présidentielle et ouvre la voie à une réélection du président Bachar el-Assad. Cette loi électorale permet théoriquement, pour la première fois depuis des décennies, à plusieurs candidats de se présenter, en vertu de la Constitution de 2012. Mais si ce texte constitutionnel établit le « pluralisme politique » en abolissant la suprématie du parti Baas au pouvoir depuis un demi-siècle, il empêche de fait les figures de l'opposition en exil de se présenter. Chaque candidat doit en effet « avoir vécu en Syrie pendant une période de 10 ans de manière continue au moment de présenter sa candidature et ne doit pas avoir une nationalité autre que syrienne », stipule le texte. Or la Coalition de l'opposition, considérée comme l'interlocuteur privilégié par l'Occident et dont le départ de M. Assad est la principale revendication, est installée à Istanbul.

Confronté à une rébellion qui veut sa chute, M. Assad n'a pas encore officiellement annoncé son intention de briguer un troisième mandat mais il a affirmé en janvier qu'il y avait de « fortes chances » qu'il le fasse. Aucune date n'a été annoncée pour le scrutin, mais les électeurs doivent être convoqués entre 60 et 90 jours avant la fin du mandat de M. Assad le 17 juillet.

L'élection se tiendra dans un pays saigné à blanc par la guerre et rongé par une crise humanitaire inouïe. Aucun des protagonistes ne semble avoir les moyens de l'emporter même si les troupes loyalistes gagnent du terrain.

En attendant des renforts...
En effet, l'armée syrienne est entrée hier soir dans la ville rebelle de Yabroud, selon des sources militaires. Auparavant, l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) avait indiqué que le Hezbollah, qui mène principalement cette bataille pour déloger les insurgés de cette ville proche de la frontière libanaise, et l'armée syrienne « ont chassé les rebelles de la colline de Aqaba », à l'entrée est de Yabroud. « De violents combats se déroulent également à la périphérie nord, entre la localité de Sahel et Yabroud », a ajouté Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH. « Ils veulent encercler totalement les rebelles à Yabroud pour les déloger », précise M. Abdel Rahmane.

« Les unités de l'armée syrienne ont avancé dans les environs de Yabroud et contrôlent l'entrée est, ainsi que la périphérie nord-est » de la ville, a indiqué pour sa part la télévision d'État, évoquant un « effondrement dans les rangs des groupes terroristes (rebelles dans le langage du régime) ».

Le Front al-Nosra, branche d'el-Qaëda en Syrie et qui mène les combats à Yabroud, a reconnu que « l'une des positions à Aqaba est tombée, (...) poussant les frères combattants à se replier vers des bases arrière ». Le groupe jihadiste a toutefois indiqué que « des renforts sont arrivés », niant tout retrait de Yabroud.

Sur un autre front dans cette guerre très complexe opposant loyalistes aux rebelles mais aussi rebelles aux jihadistes de Daech (l'État islamique en Irak et au Levant, EIIL), ce groupe a retiré hier totalement ses combattants des provinces d'Idleb et de Lattaquié. Face aux combats avec les autres factions rebelles, « Daech n'est plus en mesure de défendre ses combattants » dans ces régions, a indiqué l'OSDH, affirmant que le retrait avait débuté il y a une semaine. Daech se retranche désormais dans ce qui est désormais son « mini-État », la province de Raqa, à l'est d'Alep.

Auschwitz
Pour le troisième anniversaire de la guerre syrienne, le bilan est déjà très lourd : en trois ans, plus de 146 000 personnes sont mortes selon une ONG et plus de neuf millions de personnes ont été contraintes à la fuite, soit la plus importante population de déplacés au monde selon l'ONU. De plus, au moins un million d'enfants sont privés d'aide humanitaire selon l'Unicef.
« Il est inacceptable qu'une catastrophe humanitaire de cette ampleur puisse avoir lieu sous nos yeux sans la moindre indication d'un quelconque progrès pour arrêter ce bain de sang », a dit le patron du Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés, Antonio Guterres.
L'ex-procureur de l'ONU, David Crane, a, lui, évoqué, dans un rapport coécrit avec deux autres ex-procureurs internationaux, le camp de concentration d'Auschwitz en parlant de la Syrie où au moins « 11 000 personnes ont été torturées, affamées jusqu'à la mort, puis exécutées dans des centres et des lieux de détention du régime ».

 

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Le médiateur international Lakhdar Brahimi a jugé que l'organisation par le régime d'une présidentielle dans le pays ravagé par les combats torpillerait les négociations de paix, s'attirant hier les critiques du pouvoir. « S'il y a une élection, je soupçonne que toute l'opposition ne sera probablement pas intéressée pour discuter avec le gouvernement », a prévenu M. Brahimi après...

commentaires (3)

LA MISSION DE LAKHDAR IBRAHIMI AURAIT DÛ ÊTRE LA RÉÉLECTION DU CHIMIQUE !

LA LIBRE EXPRESSION

10 h 12, le 15 mars 2014

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Commentaires (3)

  • LA MISSION DE LAKHDAR IBRAHIMI AURAIT DÛ ÊTRE LA RÉÉLECTION DU CHIMIQUE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 12, le 15 mars 2014

  • "11 000 personnes ont été torturées, affamées jusqu'à la mort, puis exécutées dans des centres et des lieux de détention du régime." ! Et il se trouve encore des Salopards qui le soutiennent toujours !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    06 h 13, le 15 mars 2014

  • Allô, M Brahimi. Sachez que Bachar le chimique sera réréréréélu à 99.99999999999999999999999999 % des voix du peuple syrien que sa dictature a assassiné. Point final !

    Halim Abou Chacra

    05 h 00, le 15 mars 2014

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