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Lifestyle - Vient de paraître

Naïm, le magicien de la coiffure féminine

Paris a eu son Alexandre, Beyrouth son Naïm. Célèbre coiffeur qui a sublimé les Libanaises et les étrangères, son parcours et ses plus beaux souvenirs ont été réunis par Carole Corm dans un livre intitulé « Naïm, a Brush with History », qui vient de paraître aux éditions DaryaPress*.

La sublime May Arida.

On l'a surnommé « le magicien de la coiffure féminine », ou encore le « figaro national ». Il définit son style en trois mots, « moderne, décontracté, avec humour ». Naïm s'est fait un prénom dans les années 60, que les Libanais n'ont pas oublié plus de 50 ans plus tard. Il reste ainsi, dans un coin de leur mémoire sélective, associé aux images et aux souvenirs du Liban d'avant-guerre, lorsque l'élégance était une attitude naturelle. Claudia Cardinale, Jean Seberg, Geraldine Chaplin, Mona el-Solh, Liliane Fattal Arida, Hala Farès, May Moussa, Sabah, Georgina Rizk, Faten Hamama, des princesses saoudiennes ou encore Myrna Bustani ont fait partie de ses clientes privilégiées. La magnifique May Arida deviendra, naturellement, son amie et une sublime égérie.


Du Bristol au Saint-Georges, et du Faubourg Saint-Honoré, avec Alexandre de Paris, au « Beauty Shop » à la rue Spears, et « Naïm Diffusion », au Royal Garden de la rue Hamra, un « salon mixte où l'on coiffe, coupe et brosse à la minute hommes et dames sans discrimination », Naïm va se dessiner une carrière ponctuée de magnifiques chignons, de coiffures classiques et des coupes modernes et audacieuses. Parti aux premiers soubresauts sécuritaires, il poursuivra sa carrière en Europe puis dans les pays arabes, avant de s'installer à Londres en 1992, à Beauchamp Place, près du grand magasin Harrods.


Dans ce bel ouvrage de 208 pages, rédigé en anglais, ponctué de photos d'archives du coiffeur et de ses dessins, c'est un peu son histoire personnelle que l'on découvre en même temps que l'on (re)découvre une nostalgie pas vraiment dépassée. La journaliste Carole Corm, correspondante depuis 7 ans pour le magazine Monocle, fondatrice de la maison d'éditions DaryaPress et auteure de deux guides, Damascus avec Maya Mamarbashi et Beirut, confie : « L'idée me trottait dans la tête depuis quelques années. Ma grand-mère May Arida évoquait toujours son ami et coiffeur Naïm et sa vie, pleine de hauts et de bas, qui ressemble à un film égyptien. Cette vie qui est une fenêtre sur une époque où le Liban était à son apogée, plus libéré, plus yéyé et moins sectaire, et un indice des tendances du pays, ses modes, ses orientations politiques et sociales. J'ai pensé que tout cela ferait un beau livre. Puis je me suis retrouvée à Londres pour y passer une longue période, c'était une occasion rêvée. »

 

Confidences
En feuilletant l'ouvrage, le lecteur saura tout, ou presque, sur Naïm, le coiffeur et l'homme. Sa réussite, certes, mais aussi son enfance particulièrement difficile, ses tentatives de suicide, sa relation avec une star égyptienne, les inoubliables moments vécus auprès d'une clientèle stylée, son enlèvement durant un concert de Sabah en 1974 et le hold-up de son salon, la même année, en présence de ses habituées, dont Sabah. L'incident de trop qui le poussera, définitivement, à s'exiler. Son pire souvenir : « Me retrouver en partance pour Chypre, sur un bateau où nous étions entassés comme du bétail, sans aucun objet personnel. Je n'avais pas pu arriver chez moi à Badaro pour récupérer mes affaires, mon appartement avait été touché par une bombe et le gardien tué. »


Les 17 chapitres du livre, rythmés par deux parties essentielles, sont à la fois nostalgiques, gais, durs, optimistes, simples et sincères, à l'image de Naïm. « Je n'aime pas les souvenirs, dit-il. Quand une journée est terminée, je passe à autre chose. Mais Carole a su me convaincre de l'importance de partager avec la nouvelle génération la créativité et le glamour des années 1960. » « La coiffure, poursuit-il, a été pour moi une manière de me libérer de ma famille et gagner mon indépendance. J'ai commencé au bas de l'échelle, comme apprenti dans un salon de Bab Idriss, et j'ai vite senti que j'étais fait pour ce métier. Dès qu'une cliente débarquait au salon, je voyais déjà comment la rendre plus belle. J'ai continué au Bristol, qui était alors l'hôtel en vogue, avec son patinoire en sous-sol, puis il y a eu le Saint-Georges. »


La préparation du livre prendra plusieurs mois. « Un long processus, amusant et très touchant, souligne l'auteure. Je le visitais deux à trois fois par semaine, il me racontait ses histoires et j'écrivais... Lorsqu'il a ouvert ses deux anciennes malles Louis Vuitton qui regorgeaient de photos d'époque, d'articles de presse, de lettres, tous les détails essentiels de sa vie, c'était particulièrement émouvant. Nous avons complété les photos et les témoignages en récupérant ce qui manquait auprès de ses clientes. » La première partie s'étend de 1950 à son exil, la seconde décrit les tribulations de Naïm en Europe, en Arabie saoudite puis à Londres, où il réside et travaille encore – la princesse Michael de Kent fait partie des clientes de son salon. En 1994, après un retour furtif au pays, le premier depuis 1975, pour coiffer Fayrouz avant son inoubliable concert à la place des Martyrs, il repart, profondément marqué par les ravages de la guerre.


Aujourd'hui, à 73 ans, le figaro de ces dames, maître de la haute coiffure, n'est pas prêt de prendre sa retraite. « Je coiffe des jeunes, parfois la 4e génération d'une même famille, et je n'arrive pas à m'arrêter ! Je crois que je suis parvenu à une certaine sérénité. J'ai réussi ma carrière seul, malgré une guerre qui m'a forcé à aller voir ailleurs, mais qui m'a également permis d'explorer de nouveaux horizons. La vie est trop courte pour les regrets. »
Indélébile, dans les pages de l'histoire du beau Liban, il conclut enfin : « Je me sens comme les colonnes de Baalbeck !... »

 

* « Naïm, a Brush with History » (éditions DaryaPress) est en vente dans toutes les librairies au Liban et au Moyen-Orient. Il est également disponible au salon Naïm haute coiffure à Londres, sur le site www.daryapress.com et sur amazon.com

On l'a surnommé « le magicien de la coiffure féminine », ou encore le « figaro national ». Il définit son style en trois mots, « moderne, décontracté, avec humour ». Naïm s'est fait un prénom dans les années 60, que les Libanais n'ont pas oublié plus de 50 ans plus tard. Il reste ainsi, dans un coin de leur mémoire sélective, associé aux images et aux souvenirs du Liban...

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