Un « véritable scandale administratif et financier »

Après la manifestation qui a eu lieu samedi à Mar Mikhaël, un second rassemblement du même type s'est tenu hier, dimanche, dans le secteur de La Sagesse pour dénoncer le passage de l'autoroute appelée Fouad Boutros (axe La Sagesse-Turk) dans ce quartier traditionnel de la capitale.
Dans un mot prononcé sur place, Raja Noujeim, membre de l'Association pour la protection du patrimoine libanais (APLH), a dénoncé les nombreuses irrégularités qui entachent le dossier relatif à la construction de cette route, aux niveaux de la conception, de la gestion financière comme des expropriations. Il a parlé d'un réel « scandale administratif et financier » et a rappelé que de nombreux procès ont été intentés contre le Conseil du développement et de la reconstruction (CDR) et la municipalité de Beyrouth par des parties lésées. Il assure que bien que le CDR et la municipalité déclarent que « le projet est gelé en attendant l'étude d'impact environnemental », les habitants et les ONG « ont constaté que les procédures d'expropriation sont en cours ».
« D'une part, le CDR et la municipalité de Beyrouth n'ont pas respecté le code de l'environnement dont un des décrets d'application stipule la nécessité d'effectuer une étude d'impact environnemental avant de commencer les procédures, dit-il. D'autre part, ils ont fixé le coût de cette autoroute à 50 millions de dollars, or, selon nos calculs, avec les expropriations et les travaux, elle n'en coûtera pas moins de 150 millions. C'est un coût record pour un tronçon d'autoroute d'un kilomètre ! »
« Le Conseil d'État a adressé une demande au ministère de l'Environnement pour qu'il donne son avis sur ce projet d'autoroute depuis le 9 janvier, or la lettre de notification n'est toujours pas parvenue au ministère, ajoute-t-il. Nous demandons au ministre de la Justice de considérer les informations divulguées au cours de ces manifestations comme une information judiciaire et de transférer ce dossier intégralement à l'Inspection centrale. »
Par ailleurs, M. Noujaim a reflété l'opinion selon laquelle cet axe routier « dont la conception est entachée d'erreurs à la base » ne résoudra en rien le problème du trafic dans ce secteur. Bien au contraire, selon lui, il créera au niveau des institutions maronites de La Sagesse et des institutions orthodoxes, notamment l'hôpital Saint-Georges, un problème inextricable de trafic en raison du rond-point qui sera créé à cet endroit et les sens interdits qui handicaperont le trafic autour de ces institutions très fréquentées. Sans compter le problème des parkings qui seront très éloignés des endroits où l'on en aura besoin.
Enfin, le nouveau nom de la campagne contre ce projet sera, selon les militants : « Non à l'autoroute, oui au parc Fouad Boutros », en référence à un projet alternatif visant à préserver les vieilles maisons et les espaces verts dans ce quartier.