Quelques jours à peine après la formation du gouvernement tant attendu, le terrorisme a une nouvelle fois frappé dans la région de Bir Hassan. Mais contrairement aux précédents attentats, cette fois, les réactions politiques étaient plus mesurées que d'habitude, et les « faucons » du courant du Futur, habituellement si prompts à faire assumer au Hezbollah la responsabilité de ces attentats, en raison de sa participation aux combats en Syrie, ont mis un bémol à leurs accusations. Certes, elles ont été formulées, mais bien plus timidement qu'auparavant, alors que la lutte contre le terrorisme et l'importance du dossier sécuritaire se sont imposées comme les thèmes principaux de la déclaration ministérielle. Surtout avec l'assassinat d'un responsable alaouite de Jabal Mohsen et la tension qui en a découlé à Tripoli...
De plus, alors qu'à la suite des précédents attentats, le Liban apparaissait divisé, cette fois, il y avait un minimum d'unité et bien peu de voix discordantes, d'autant que désormais les ministres de l'Intérieur et de la Justice sont des figures importantes du courant du Futur. Ce qui, selon des sources proches du 8 Mars, montre l'importance d'avoir confié les portefeuilles sécuritaires (l'Intérieur, la Justice et les Télécoms qui constituent aujourd'hui un ensemble indissociable dans les affaires sécuritaires) au 14 Mars. Il faut rappeler à cet égard que la naissance du gouvernement du Premier ministre Tammam Salam, samedi, a constitué un choc pour les partisans du 8 Mars, en particulier ceux d'Amal et du Hezbollah, qui ont perçu la désignation du général Achraf Rifi au portefeuille de la Justice et celle de Nouhad Machnouk à celui de l'Intérieur comme des concessions trop importantes. Dimanche, le secrétaire général du Hezbollah a essayé, dans son discours, de calmer les esprits, mais la pilule a été difficilement avalée. Pourtant, le Hezbollah est convaincu d'avoir pris la bonne décision, même si rien, dans le rapport des forces sur le terrain et dans le contexte régional et international, ne l'obligeait à aller aussi loin. Il estime simplement que sa priorité actuelle est que le calme règne au Liban, pour qu'il puisse se consacrer à la guerre en Syrie, notamment dans le Qalamoun, tout en restant en état d'alerte à la frontière sud.
Le Hezbollah considère ainsi que tout ce qui s'est passé au cours des derniers mois visait à l'entraîner dans un conflit interne libanais sur base d'une discorde entre les sunnites et les chiites. C'est dans ce cadre qu'il place les provocations répétées de cheikh Ahmad el-Assir et celles de certains députés du Nord, ainsi que les incidents sécuritaires qui se sont produits, suivis par les bombardements des régions de Baalbeck et de Hermel, et par la multiplication des attentats-suicide, dans la banlieue sud puis à Tripoli, pour plonger le pays dans un bain de sang et dans une nouvelle guerre civile. Par conséquent, la formation d'un gouvernement politique rassembleur est perçue par lui comme une grande victoire, non seulement parce que c'était sa principale revendication depuis la désignation de Tammam Salam pour la formation du gouvernement, mais aussi parce qu'elle fait forcément baisser la tension entre les deux grandes communautés et écarte le spectre de la discorde confessionnelle.
De plus, le Hezbollah pense que la lutte contre ce qu'il appelle « le terrorisme takfiriste » est aujourd'hui la priorité des priorités au Liban. Et pour qu'elle puisse être menée efficacement, sans la pression constante de voix sunnites qui affirment que la communauté est visée et lésée, il faut à tout prix y impliquer le courant du Futur, même s'il faut pour cela lui confier des portefeuilles cruciaux comme celui de l'Intérieur, de la Justice ou des Télécommunications. Enfin, le Hezbollah est convaincu que dans la période actuelle, surtout si le Liban veut obtenir le soutien de la communauté internationale dans sa lutte contre le terrorisme et dans le renforcement de ses forces sécuritaires et militaires, il est préférable que ce ne soit pas un chiite qui soit aux commandes. Il sera par exemple plus facile pour la communauté internationale d'accorder des aides aux forces sécuritaires libanaises dans le cadre de la prochaine réunion du comité de soutien au Liban le mois prochain si les ministres en charge ne sont pas dans le camp du 8 Mars et de ses alliés. C'est donc dans cette optique que le Hezbollah et avec lui ses alliés politiques ont accepté de faire de grandes concessions dans la distribution des portefeuilles, selon le principe de la politique « d'absorption » ou de « containment ». Dans les négociations pour la formation du gouvernement, sa seule ligne rouge était la satisfaction des exigences du CPL. Pour le reste, il était convaincu de la nécessité de confier les portefeuilles sécuritaires au courant du Futur et à ses alliés. L'avenir montrera s'il a eu raison ou non.
commentaires (7)
Une grandeur d'esprit en plus a la faveur du hezb resistant , il n'abandonne pas son allie le phare Aoun ! alors que de l'autre cote pouett pouett !!
FRIK-A-FRAK
18 h 29, le 21 février 2014