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Liban - Liban

Manal Assi : un crime conjugal de trop ?

Faudrait-il qu'une femme soit battue à mort chaque jour pour que Nabih Berry convoque une séance parlementaire exceptionnelle afin que le projet de loi sur la violence domestique soit enfin adopté ?

Manal Assi est décédée dans la nuit de mardi à mercredi, victime de violence conjugale.

Les causes sont multiples mais le résultat est le même : un nom de plus vient s'ajouter à la longue liste des femmes victimes de la violence conjugale. Tout cela dans un silence assourdissant des responsables politiques, tous bords confondus.


Manal Assi, 33 ans, est la dernière victime en date de cette violence. Dans la nuit de mardi à mercredi, elle est décédée près de douze heures après avoir été brutalement battue par son mari, Mohammad al-Nhaily. Pourtant, Manal et Mohammad s'étaient mariés par amour, il y a un peu plus de seize ans, comme le raconte une proche de la victime, sous le couvert de l'anonymat. « Manal était une femme calme et sereine, confie-t-elle à L'Orient-Le Jour. Son mari l'a toujours battue... dès les premiers mois de leur vie en commun. Mais la situation n'avait jamais atteint ce stade ! Il y a deux ans, il a épousé une deuxième femme de qui il a eu un fils, aujourd'hui âgé de sept mois. Il est tellement vil qu'il a emmené sa deuxième épouse vivre dans le même immeuble. » Le couple habitait à Tarik el-Jdidé.


Manal Assi, mère de deux filles, avait souvent réclamé le divorce, surtout après les deuxièmes noces de Mohammad. Mais ce dernier, hostile à l'idée, lui rétorquait : « Tu ne sortiras de ma maison que morte », souligne la parente de la victime. Et c'est à moitié morte qu'elle était sortie mardi de la maison conjugale. Le couple s'était violemment disputé, parce que Manal s'opposait au troisième mariage de Mohammad !
« Mardi, vers midi, Mohammad a appelé sa belle-mère et lui a dit de venir récupérer "le corps" de sa fille, explique-t-elle. Affolée, cette dernière a demandé à deux de ses filles de se précipiter chez Manal. Lorsque Mohammad leur a ouvert la porte, elles ont trouvé leur sœur à moitié évanouie, gisant par terre et baignant dans son sang. » Comme la cruauté de Mohammad n'a pas de limites, « il a saisi son épouse par les cheveux et l'a posée sur le canapé et lui a dit de se lever pour qu'il la "batte de nouveau", poursuit-elle. Il l'a de nouveau frappée avant de chasser une des deux sœurs et d'enfermer l'autre, ainsi que la maman qui était accourue sur les lieux, après lui avoir confisqué son téléphone portable. Il s'est posté devant l'immeuble, interdisant à quiconque de lui porter secours ».


En effet, alertée par l'incident, une ambulance de la Défense civile s'est rendue à deux reprises sur les lieux, mais « Mohammad a congédié les agents affirmant qu'il s'agissait d'une petite dispute », note la parente. Lorsqu'il était remonté, le frère de Manal était en sa compagnie. Il l'a supplié de lui permettre de transporter sa sœur à l'hôpital, mais il l'a empêché de le faire, « allant même jusqu'à le menacer avec une arme ».

 

Un crime délibéré
Au bout de deux heures, Mohammad a finalement accepté de transporter sa femme à l'hôpital des Makassed. Mais il était déjà trop tard. « Tout au long du chemin, il a sommé la mère et la sœur de Manal de dire que cette dernière était tombée et s'était heurtée à l'évier », souligne la parente de Manal. D'après certaines sources, cette version n'a pas convaincu le médecin légiste qui a alerté le poste de gendarmerie de Tarik el-Jdidé. Selon le médecin, Manal a été battue avec un objet dur. « Mohammad lui a donné des coups avec une cocotte-minute, insiste encore la parente qui s'était précipitée à son chevet. Elle avait des brûlures sur le cou, parce qu'il avait versé le contenu de la marmite sur elle. »


Manal a été enterrée mercredi. Ses deux filles sont avec ses parents. Quant à son mari Mohammad, il s'est rendu hier soir sur conseil de son avocat, selon une source sécuritaire, sachant qu'il avait pris la fuite juste après l'avoir déposée à l'hôpital.


« Nous saisissons les députés de ces crimes, d'autant qu'ils avaient refusé de consacrer un chapitre pour la protection de la femme dans la loi sur la violence conjugale, s'insurge Leila Awada, avocate et membre de l'ONG KAFA. Ces crimes deviennent de plus en plus fréquents. Nous avons un cas tous les mois ! J'aurais souhaité qu'un député les dénonce et qu'un responsable se montre solidaire de la famille de la victime. Il est clair que Mohammad a voulu tuer sa femme, sinon pourquoi a-t-il attendu deux heures pour la transporter à l'hôpital ? »
Et Leila Awada d'affirmer : « Seules des lois dissuasives permettent de lutter contre la violence conjugale. Que personne ne vienne dire que le travail doit être fait seulement sur le changement des mentalités, parce qu'on ne veut pas détruire les foyers. Peut-on les détruire plus que cela ? Lorsque l'État assume ses responsabilités et intervient sérieusement pour lutter contre les crimes domestiques, le changement commencera. »


Dénonçant le crime, l'Association Dites non à la violence a appelé à une campagne de sensibilisation pour inciter les femmes victimes de violences domestiques à contacter les autorités compétentes. Affaire à suivre.

 

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Les causes sont multiples mais le résultat est le même : un nom de plus vient s'ajouter à la longue liste des femmes victimes de la violence conjugale. Tout cela dans un silence assourdissant des responsables politiques, tous bords confondus.
Manal Assi, 33 ans, est la dernière victime en date de cette violence. Dans la nuit de mardi à mercredi, elle est décédée près de douze heures...

commentaires (10)

les droits de la femme, c'est de la chimère éternelle dans ce quasi pays, on se vente d'être le carrefour entre l'Orient et l'Occident, blablablablabla. pour

Bahijeh Akoury

17 h 00, le 07 février 2014

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Commentaires (10)

  • les droits de la femme, c'est de la chimère éternelle dans ce quasi pays, on se vente d'être le carrefour entre l'Orient et l'Occident, blablablablabla. pour

    Bahijeh Akoury

    17 h 00, le 07 février 2014

  • Mais que font nos dirigeants a part se disputer depuis des mois pour des portefeuilles ministeriels? On est entoure de monstres de partout... Ca suffit! Prenez vos responsabilites en main et arretez vos chamailleries de maternelle! C'est ecoeurant! On ne peut plus vivre dans ce pays! Et vous vous demandez encore pourquoi les parents poussent leurs enfants a emigrer?!

    Michele Aoun

    14 h 07, le 07 février 2014

  • Dans un pays ou la religion donne tout le droit à l'homme et la femme n’est qu’objet il faudra s’attendre encore au pire dans un Liban devenu purement tribal .

    Sabbagha Antoine

    11 h 51, le 07 février 2014

  • IL FAUT LE LIVRER AUX FEMMES !!! OEIL POUR OEIL ET DENT POUR DENT...

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 04, le 07 février 2014

  • Y a pas de fric a se faire pour les deputes et autres "notables" dans ces affaires. Donc, macho oblige, on passe a cote, on regarde ailleurs, on feint d'ignorer et le Liban reste le bled ou il fait bon vivre.........la décrépitude.

    Tabet Karim

    09 h 09, le 07 février 2014

  • Le titre est un peu étrange: toute violence conjugale est "de trop"! Espérons toutefois que ces deux affaires récentes vont - enfin - faire bouger un peu nos députés et ministres et que l'auteur d'un crime aussi abject sera jeté en prison à vie.

    Yves Prevost

    08 h 28, le 07 février 2014

  • Tout va mal dans ce pays, gouvernement pas gouvernement, parlement pas parlement, président pas président Mais là si cette histoire,ce CRIME tombe dans l'oubli, si le "mari serial killer" n'est pas emprisonné à vie alors là nous aurons les plus bas-fonds orduriers que l'on puisse imaginer

    RIGA Pavla

    07 h 39, le 07 février 2014

  • Wou äamâh bäalbôh malla wahéch !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    05 h 03, le 07 février 2014

  • Dans ce bled il y en a dont on ignore la fonction, et de leurs compétences doutons. Toujours est-il que ces Enturbanno-ensoutanés ont commenté d’une façon lapidaire l'intention des Libanaises Saines de dépénaliser la Liberté de la Femme : "On doit jeter ce genre féminin à la mer avec une pierre." ! Ces "cu rés" mixés ayant la nostalgie d'un temps où des Sous-hommes s'étant le pouvoir sur cette gent accaparé avec l'approbation de ces mêmes bariolés surannés, on jetait les opposantes à la mer ou on les brûlait ! Avec les bénédictions nécessaires de certains de ces énergumènes. En sus, l’affaire eu une suite. Car, ces bonnes "bonnes femmes" ayant prié ces imams, ces cheïkhs, ces mollâhs et ces prélats d'aller faire leurs suggestions ou (se faire) voir ailleurs, ceux-ci ne l'ont pas entendu de cette esgourde. Leur porte-parole que l'on a su en larmes pour leur défaite prochaine annoncée que l'on sait, déclara si componctieusement : "Si on ne laisse pas un homme marié exercer son droit d’homme, on se trouve face à un cas de violation de la liberté du mariage." ! On aimerait recommander que, pour avoir proféré une telle ineptie, l'on jette aussi à la mer cet officiel sectaire ; énergumène gris de ces milieux fanatisés ; en prenant garde de pas oublier avec sa pierre "sacrée". On est certain, vu qu’ils vont s’évaporer, que leurs successeurs raisonnablement meilleurs vont bien s'en charger.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    05 h 02, le 07 février 2014

  • Mais non, elle a sûrement glissé sur l'escalier, c'est ce que vont dire nos Sherlock Holmes. Et nos éminents magistrats vont rapidement libérer le veuf éploré qui a tout fait pour sauver sa femme. Probablement qu'un député ou ministre quelconque (ne le sont-ils pas tous?) interviendra en sa faveur, si ce n'est un pieux homme de religion. N'est-ce pas dégoutant? J'hésite si ce monstre mérite la peine capitale ou bien de pourrir en prison où il sera battu comme il a battu cette malheureuse.

    Michel Fayad

    03 h 31, le 07 février 2014

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