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Lifestyle - Liban Pop

L’humoriste libanaise Nataly Aukar à Paris : la comédie, un équilibre entre les mots et le tempo

Fin 2018, elle assurait la première partie de Gad Elmaleh à Washington, Toronto et Dubaï. Aujourd’hui en haut de l'affiche, Nataly Aukar fera escale à Paris le 20 mai, avant Beyrouth, pour présenter son nouveau spectacle*.

L’humoriste libanaise Nataly Aukar à Paris :  la comédie, un équilibre entre les mots et le tempo

La « comédienne libanaise vivant à New York », en spectacle à Paris. Photo Nataly Aukar

C’est encore le matin, chez elle à New York, déjà l’après-midi à Paris. Bandeau noir qui dégage de son front ses longs cheveux bruns, grandes lunettes rondes, tee-shirt blanc, c’est ainsi qu’elle apparaît à l’écran. S’excuse pour son léger retard : « Je suis quelqu'un de très désorganisé, sans doute un trait commun à tous les comédiens ! Je me perds dans mon tourbillon », lance-t-elle d’emblée, par delà l’océan Atlantique. La « comédienne libanaise vivant à New York », comme elle se définit, jongle avec plusieurs calendriers et plusieurs fuseaux horaires, finalisant sa tournée en Europe, avec une première halte prévue à Paris le 20 mai, au théâtre Apollon, avant de terminer par Istanbul le 25 juin, après un passage à Ked, à Beyrouth le 22 juin.

Elle y présentera un spectacle inédit, en anglais, avec de nouvelles blagues, mais toujours en se basant sur sa vie personnelle, source inépuisable de son inspiration. « L'année dernière, je parlais de mon rapport au Liban, de mon nouveau copain, et comment cette histoire m'a aidée à mûrir et à comprendre ma relation avec ma mère, et avec la petite Nataly que j'étais, explique la jeune femme née il y a une trentaine d’années à Beyrouth. Cette fois-ci, je vais parler de la manière dont je vois mon avenir, mes peurs, maintenant que je suis fiancée et que je vais me marier, que je vais avoir des enfants qui ne sont pas de ma culture, et qui ne vont pas grandir comme j'ai grandi. » Tout ce qu’elle dira sur son fiancé, c’est qu’il est allemand, originaire d’un petit village, d’où un certain « choc » des cultures.

« J'essaie de rire de tout »

La préservation de sa vie privée et celle de ses proches constitue une ligne rouge qu’elle s’interdit de franchir, elle qui « essaie de rire de tout ». « Je n'ai pas envie de les blesser. Si j'avais toute la liberté, je raconterais tellement plus de choses, mais ils n’ont pas choisi cette vie, contrairement à moi. »

En effet, la jeune Nataly a trouvé sa voie, après un trimestre de médecine et un autre de business, avant d’obtenir un diplôme de médias et communication, même si elle se demande parfois pourquoi elle n’a pas choisi d’être avocate, comme lui conseillait sa mère, elle-même avocate. « Rien qu’hier encore sur scène, je me suis dit que j’aurais dû aller en école de droit, j’aurais fait plus d'argent et j'aurais eu beaucoup plus de stabilité. Au lieu de ça, j’ai choisi cette carrière qui me bouffe l'esprit à longueur de journée ! » plaisante-t-elle.

Un humour né d'un mélange libanais et américain. Photo Nataly Aukar

Vraie

« Tout est vrai dans mes spectacles, révèle l’humoriste, je n’ai pas la capacité d’inventer. » Et de détailler sans fard son processus de création : « Des fois, je ne raconte pas toute la vérité, je ne donne pas tous les détails, mais ce n'est pas pour les cacher, mais parce que je pense que la comédie est un équilibre entre les mots et le tempo. » Pour elle, la clé de la réussite réside dans le travail, encore et toujours. « Les gens ne réalisent pas tous les efforts derrière. Une blague, c'est comme une équation de physique. il y a une façon de dire les mots, dans un certain ordre pour que ce soit drôle. »

Lorsqu'une idée lui passe par la tête, elle l'écrit immédiatement dans une « note » sur son téléphone, qui s’allonge au fil des années. Puis, elle teste ses histoires sur scène, observe les réactions de son public et modifie ses interventions au besoin. C’est sans doute pour cette raison qu’elle ne traduit pas ses spectacles en français ou en arabe. « Si on veut changer de langue, tout l'esprit de la blague change, on ne peut pas juste l’adapter. Cela nécessite beaucoup de pratique pour trouver l’ordre des mots dans les différentes langues. » « À Paris, je ne vais pas utiliser ce spectacle pour faire le test. J’ai trop de respect pour le public qui vient me voir ! » précise-t-elle en toute franchise.

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Briser les clichés sur le Liban

Car la jeune femme a désormais son propre public. En 2018, après trois années à écumer les scènes ouvertes de New York où elle s’est installée après ses études de communication à l’AUB, elle est propulsée par Gad Elmaleh qui lui donne l’opportunité de faire ses premières parties de spectacle à Washington, Toronto et Dubaï. « Ça m’a lancée », reconnaît-elle. « Cette expérience m’a validée dans le cercle des stand-up comedians, m’a permis de faire d’autres ouvertures de spectacles », comme avec Mo Amer et Ramy Youssef, qui sont devenus des amis. « Et puis, doucement, j'ai commencé à bâtir ma propre renommée, à poster mes vidéos sur les réseaux sociaux, à constituer ma base de fans », dit-elle simplement. « Aujourd’hui, je voyage à travers le monde entier pour partager mon moment, mon stand-up à moi, avec mon public. »

Se définissant comme un mélange de culture libanaise et américaine, elle explique : « J’ai l'humour libanais en moi, car je suis née et j’y ai grandi, mais mes influences comiques et artistiques sont américaines, parce que c'est ici que j'ai commencé. D’ailleurs, à mes débuts, il n'y avait pas encore de communauté de stand-up au Liban. » L’humoriste a toujours voulu accéder à un public international, pour briser les clichés associés à son pays natal. « C’était un rêve un peu idiot peut-être, pas très rationnel, mais c’est lui qui m’a donné la soif et la volonté de le faire. Aujourd’hui, si j'arrive à faire comprendre à juste deux personnes dans le public la complexité du Liban et sa richesse, alors je considère que c'est déjà une victoire. »

De l'humour et de la simplicité. Photo Nataly Aukar

Émotions

Ainsi, la jeune femme a tenté dans son spectacle, et comme elle l'a pu, de parler de la double explosion au port de Beyrouth en août 2020, elle qui l’a vécue à distance. « Entre le deuil du pays et de la ville et la peur pour nos parents et nos familles qui étaient à Beyrouth, et puis la culpabilité d'être loin… Ça m'avait beaucoup rappelé 2006, quand je suis partie en pleine guerre, à l’âge de 12 ans. Sans vraiment mettre les mots dessus, j’ai ressenti un immense sentiment de culpabilité d'avoir quitté le Liban à un moment de si grande difficulté. »

Alors, elle essaie de s’exprimer sur scène, de sensibiliser son public américain et européen : « En tant que Libanaise, je voulais juste crier, leur faire comprendre la gravité de la situation et leur expliquer pourquoi ils doivent aider le Liban, y penser. Mais je n’y arrivais pas...  Chaque fois que j'essayais, je devenais tellement émotionnelle que si je ne sentais pas une connexion naturelle avec eux, je m'énervais et je perdais la capacité d'être drôle. Mais je ne pouvais pas faire ça, je suis comédienne en fin de compte. Ils ne sont pas mes psychologues ! »

Avant chacun de ses spectacles, Nataly Aukar ressent évidemment le stress de l’artiste, mêlé à la fatigue et au bonheur : « Ça dépend du jour, de la situation, des blagues… Je me sens beaucoup plus calme avec un spectacle déjà rodé. » Pour sa tournée européenne, le trac sera plus intense. « Surtout à Paris, qui en est la première escale, car je ne suis pas encore complètement familière avec mes propres blagues, et je ne peux pas décevoir le public ! » Quant à ses projets d’avenir, elle assure « respecter le plan que Dieu ou l'univers ou qui que ce soit a pour moi ! »

*Nataly Aukar sera au théâtre Apollon le mardi 20 mai à 21h45 dans une production de Awk.word

18 rue du Faubourg du Temple - 75011 Paris. Téléphone : 01 43 38 23 26

Instagram: natyourcolor

C’est encore le matin, chez elle à New York, déjà l’après-midi à Paris. Bandeau noir qui dégage de son front ses longs cheveux bruns, grandes lunettes rondes, tee-shirt blanc, c’est ainsi qu’elle apparaît à l’écran. S’excuse pour son léger retard : « Je suis quelqu'un de très désorganisé, sans doute un trait commun à tous les comédiens ! Je me perds dans mon tourbillon », lance-t-elle d’emblée, par delà l’océan Atlantique. La « comédienne libanaise vivant à New York », comme elle se définit, jongle avec plusieurs calendriers et plusieurs fuseaux horaires, finalisant sa tournée en Europe, avec une première halte prévue à Paris le 20 mai, au théâtre Apollon, avant de terminer par Istanbul le 25 juin, après un passage à Ked, à Beyrouth le 22 juin.Elle y présentera un spectacle inédit, en...
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Bravo Nat??

Tabet Chafic

17 h 37, le 17 mai 2025

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  • Bravo Nat??

    Tabet Chafic

    17 h 37, le 17 mai 2025

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