Rechercher
Rechercher

À La Une - Négociations

Syrie : fin du premier round de négociations à Genève, pas de percée

Le régime est "contraint à négocier", se félicite l'opposition.

Près de 1.900 personnes sont mortes en Syrie durant le premier round pourparlers de paix entre le régime et l'opposition qui ont commencé le 22 janvier et se sont terminés vendredi à Genève. AFP PHOTO/AMC/FADI AL-HALABI

La conférence de Genève 2 sur la Syrie est un "début très modeste, mais c'est un début", a souligné vendredi à la fin de la première session de négociations qui a duré dix jours entre l'opposition et le régime le médiateur des Nations unies, Lakhdar Brahimi.  "C'est un début sur lequel on peut construire", a-t-il déclaré, affirmant qu'il avait noté "quelques points de convergence" entre les deux parties.

Les négociations syriennes reprendront "en principe" le 10 février, a indiqué le médiateur. La délégation du régime a précisé qu'elle devait d'abord consulter Damas pour confirmer cette date.

M. Brahimi a présenté dans un document écrit sa lecture de la conférence commencée le 22 janvier à Montreux, affirmant vouloir se focaliser "sur les éléments positifs". "Les deux parties ont dialogué à travers moi, ce fut un démarrage très difficile mais les deux parties ont pris l'habitude de s'asseoir dans la même pièce", a noté le diplomate. "Il ne fait pas de doute que les positions importantes sont très éloignées, nous avons cherché des points communs sur lesquels les deux parties pouvaient s'entendre", a-t-il ajouté.

 

Alors que les deux délégations syriennes négociaient, près de 1.900 personnes sont mortes en Syrie, a affirmé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). "Entre le 22 janvier et le 30 janvier à minuit, il y a eu 1.870 tués, dont 498 civils", a indiqué à l'AFP le directeur de l'Observatoire Rami Abdel Rahmane.

 

"Contraint à négocier"
"Je suis au regret de vous dire que nous n'avons pas atteint de résultats tangibles durant cette semaine de dialogue", a de son côté déclaré à la presse Walid Mouallem, le ministre syrien des Affaires étrangères. Il a mis en cause le "manque de responsabilité et de sérieux" des dirigeants de l'opposition et "leur volonté de faire imploser la conférence, comme si nous venions là pour une heure et tout leur céder", dénonçant "les illusions dans lesquelles ils vivent".

Il s'en est pris à plusieurs reprises à la délégation de l'opposition: "nous devons connaître l'identité de l'autre partie, sont-ils ou non syriens?". "Malheureusement nous avons constaté le grand écart entre eux et ce qui se passe sur le terrain en Syrie (...) bien sûr quand vous séjournez dans des hôtels cinq étoiles à l'étranger, vous avez une certain détachement, qu'ils aillent dans la vieille ville de Homs et nous verrons ce qui leur arrivera", a déclaré le chef de la diplomatie syrienne.

De son côté, le chef de l'opposition syrienne, Ahmad Jarba, a accusé le régime syrien de ne pas tenir un "engagement sérieux" dans les négociations, prévenant que la rébellion se poursuivra contre le pouvoir à Damas tant que ce dernier continuera d'"agresser" la population syrienne.

Le porte-parole de la délégation de l'opposition à Genève, Louai Safi, s'est, lui, réjoui que le régime syrien soit aujourd'hui "contraint à négocier". Aujourd'hui, le régime est contraint à négocier avec une délégation représentant les attentes du peuple syrien", a-t-il déclaré à la presse à la fin de la première session de négociations. "Le fait que le régime a été forcé de venir à Genève est le résultat des combats du peuple syrien", a-t-il affirmé.

"Si Dieu le veut, nous allons travailler pour une Syrie libre pour tous les Syriens (...) pour avoir un dirigeant qui devra rendre des comptes à son peuple", a encore affirmé le porte-parole de la délégation de l'opposition.
Pour lui les seuls progrès à l'issue de ces négociations ont été que "le régime négocie dans le cadre de Genève, ce qu'ils ont essayé de l'éviter".

 

(Pour mémoire : « Si les Occidentaux veulent vraiment la tête de Bachar, ce n'est pas par la négociation qu'ils l'obtiendront »)

 

L'opposition entend que la négociation se déroule selon les décisions prises en juin 2012 par les grandes puissances et énoncées dans le communiqué de Genève 1. Ce dernier prévoit principalement la mise en place d'une autorité gouvernementale de transition dotée des pleins pouvoirs.

"Nous pensons que la seule façon de mettre fin à la violence et au travail de tout groupe qui applique un programme terroriste est de commencer la transition", a estimé M. Safi qui a répété la volonté de l'opposition que "la nouvelle Syrie soit pour tous, pour tous les groupes ethniques". 

 

Entre les deux rounds des pourparlers, initiés sous la pression des Américains, alliés de l'opposition, et des Russes, Ahmad Jarba se rendra à Moscou le 4 février pour sa première visite officielle à cet allié du régime syrien, a annoncé l'opposition, précisant que c'était en réponse à une invitation russe. L'opposition a également indiqué qu'il se rendra samedi à Munich à la Conférence sur la sécurité qui réunit le gratin de la défense et de la diplomatie internationales.

 

"Le bilan est chétif à en faire peur"
En matinée, quelques 250 Syriens partisans du régime ont manifesté devant l'ONU à Genève, brandissant des drapeaux syriens et des photos de Bachar el-Assad mais aussi du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, en criant en anglais "nous aimons Bachar, nous voulons Bachar".

 

"Le bilan est chétif à en faire peur", écrivait ce matin le journal suisse Le Temps dans un éditorial alors que les belligérants sont en guerre depuis près de trois ans. "Cette proximité de circonstance et les multiples séances de discussions n'ont remédié en rien au fossé béant qui sépare autant qu'au premier jour les deux délégations", souligne le journal. Il déplore qu'aucune des "mesures de confiance" que demandait Lakhdar Brahimi dans le domaine humanitaire n'ait abouti, pas même celle qui semblait la plus simple, un ravitaillement des assiégés de la vieille ville de Homs ou, comme l'a proposé le régime, une évacuation des femmes et des enfants.

"Genève 2 a ressemblé à un exercice obligé, où chacun ne reste à table que parce qu'il sait que le premier à la quitter endossera l'échec de la conférence", estime Le Temps, qui affirme cependant que "l'opposition a relativement bien joué sa carte. Elle a gagné en légitimité (...) et en crédibilité en projetant l'image d'une unité qui lui avait jusque là fait défaut".

"Sans un clair consensus international pour faire pression sur le régime d'Assad, y compris les Russes, et si nécessaire la mise en place d'une coalition pour appliquer cette pression, nous n'allons pas voir beaucoup de changement de la part du régime", estime pour sa part Salman Shaikh, directeur du Brookings Institute de Doha, interrogé par l'AFP. L'expert ne s'attend ainsi à aucun grand progrès que la prochaine "session dure une semaine ou un an".

 

Lire aussi
Le gouvernement syrien "efface de la carte des quartiers entiers", accuse HRW

Des prisons syriennes aux négociations de Genève, le destin de Noura, 26 ans

Lakhdar Brahimi, l'homme d'une mission quasi impossible

La conférence de Genève 2 sur la Syrie est un "début très modeste, mais c'est un début", a souligné vendredi à la fin de la première session de négociations qui a duré dix jours entre l'opposition et le régime le médiateur des Nations unies, Lakhdar Brahimi.  "C'est un début sur lequel on peut construire", a-t-il déclaré, affirmant qu'il avait noté "quelques points de...

commentaires (1)

Une dictature tue et "négocie" !! Une tragi-mascarade !!

Halim Abou Chacra

18 h 19, le 31 janvier 2014

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • Une dictature tue et "négocie" !! Une tragi-mascarade !!

    Halim Abou Chacra

    18 h 19, le 31 janvier 2014

Retour en haut